Témoignages. "L'objectif c'était d'arriver en vie" : les derniers de Marseille-Cassis racontent leur course suivis par la voiture-balai

Publié le Mis à jour le Écrit par Pauline Sauthier

Essoufflés, souvent, mais satisfaits, les derniers arrivés ne sont pas venus pour battre des records. Ils sont là pour franchir la ligne.

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"3h02 !". En passant la ligne d'arrivée, Malika et Priscilia se serrent dans les bras. On pourrait les croire amies de longue date, elles se sont en fait rencontrées sur la course. Ensemble, elles ont couru les 20km de Marseille-Cassis et se sont soutenues le long du trajet. Elles ont partagé un même but : terminer le parcours, sans se préoccuper du temps.

>> Marseille-Cassis 2023 : regardez-vous franchir la ligne d'arrivée

Un pari entre Sébastien et son fils

"L'objectif numéro 1, c'était la Gineste, l'objectif numéro 2, c'était d'arriver en vie", s'amuse Priscillia, qui se félicite d'avoir atteint son but sans entraînement. "Je me suis dit que j'étais une sportive de haut niveau", ironise-t-elle en se tenant les jambes. "Ça tire", dit la jeune femme sans cesser de sourire. "Je suis vidée. J'ai soif." La course, pour cette Marseillaise, c'était avant tout un moment convivial : "on a marché on a couru… On est moins en difficulté que ceux qui sont là pour le temps !"

Derrière elle, Sébastien, 47 ans, arrive nettement plus essoufflé. C'est un pari avec son fils Baptiste, 20 ans, qui l'a poussé à quitter Toulon ce dimanche matin pour franchir la Gineste. "Il fume et moi non", détaille Sébastien le souffle court, pour tenter de justifier le défi lancé à Baptiste. L'idée, c'était aussi de "lui donner le goût du sport, de faire des choses ensemble." Mais le jeune homme a fini la course avec 5km d'avance… "Malheureusement, il va continuer à fumer", se résigne le père.

Les derniers arrivés foulent le tapis rouge de la fin de la course en rangs dispersés. Certains lancent des "bravo" en passant devant leurs compagnons d'infortune. Ils ont réussi, malgré tout. Un homme doit tout de même être évacué sur un brancard par les pompiers du Sdis.

"Je suis trop fière de moi !"

Jasmin ne l'a pas vu. Elle arrive, grand sourire, sur la ligne. "Je ne suis pas une grande sportive", précise-t-elle pour justifier son temps. Elle n'a pas compté. Plus de trois heures, en tout cas. Venue de Belgique avec sa mère et son compagnon, son frère, sa sœur et un ami, elle court Marseille-Cassis pour la troisième année de suite. "On en prend plein les yeux, on veut revenir, c'est comme une drogue", dit Asma, sa mère. Jasmin est plus tempérée : "La première fois, je n'ai pas terminé le parcours. J'ai été déviée parce que je n'étais pas assez rapide. J'ai dû franchir la ligne d'arrivée à l'envers, parce que je voulais avoir ma médaille. La deuxième fois, j'appréhendais après cette mauvaise expérience, il faisait chaud. Là, j'étais plus relax. J'ai couru lentement, je ne me suis pas arrêtée. Je me suis fait des copains de galère… Je suis trop fière de moi !"

Les derniers de cordée, se sont aussi les associations, qui viennent pour sensibiliser à leur cause ou lever des fonds. C'est le cas de la Foulée de l'emploi, un groupe en maillots bleus, avec des enfants et des ballons de baudruche. "Nous sommes une entreprise et une association, ITcom et Massajobs, qui agissent pour l'accompagnement des jeunes des quartiers vers l'emploi", précise Nicolas, l'un des participants. En tout, ils sont 18, salariés, associatifs et jeunes de quartiers, à courir ensemble, sans se séparer. "Les gens nous interpellent en courant, en voyant nos tee-shirts, on leur explique ce qu'est la Foulée de l'emploi, ça crée des conversations improbables pendant la course", raconte Nicolas. Grâce à Marseille-Cassis, ils n'ont pas fini premiers mais ils ont devancé la voiture-balai et ils ont récolté, pour leur cause, au moins 11000€.

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