Il est installé à Port-de-Bouc jusqu'au 12 janvier. La réplique du Trinidad, une caravelle de 30 mètres de long qui a parcouru le tour du monde avec Fernand de Magellan, ouvre ses portes au public.
Le Nao Trinidad, réplique du mythique navire de l'explorateur Fernand de Magellan, fait escale à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône). Arrivé jeudi 26 décembre des États-Unis, il fait une escale dans la ville portuaire, l'occasion pour petits et grands de découvrir son histoire.
"Tous les dessins animés que je regarde, avec des pirates par exemple, ils sont sur des bateaux comme", explique un petit garçon en visite du navire avec sa mère."J'apprends beaucoup de choses", renchérit-il. Comme quoi ? Voici ce que vous devez savoir sur le Nao Trinidad.
Il a parcouru le tour du monde avec Magellan
Le trois-mâts originel a conduit le navigateur Fernand de Magellan dans son premier tour du monde de 1519 à 1522. Cinq navires partirent de Séville le 10 août 1519 pour rejoindre les Indes Orientales. En direction de l’ouest, les embarcations traversèrent l’Atlantique, longèrent les côtes de l’Amérique du Sud et traversent le Pacifique.
Seuls deux navires, dont le Trinidad, arrivèrent, après plus de deux ans de navigation, aux îles aux épices (les îles Mariannes, les Philippines et les Moluques). Ce fut le plus grand exploit maritime de l’histoire.
“C’est assez impressionnant, on n'a plus l’habitude de voir ce genre de bateau. On se demande comment il flotte. Les bateaux en bois, ça fait longtemps que c’est fini”, explique un père à son fils venus du Vaucluse visiter le bateau. “Ça fait penser aux vieux gréements, qui sont toujours en activité, et c’est beau à voir”, renchérit-il.
À son bord, "le 'gambucero' chantait quand l’air était salubre"
Sur le navire, la promiscuité était totale. "Les gens étaient en bas. Ils dormaient en bas. Ils se reposaient en bas. Ils travaillaient en bas. Ils cuisinaient en bas”, explique José Chehab, marin volontaire.
Seul le capitaine avait accès à une cabine tandis que la quarantaine de matelots se partageait le pont. À cette époque, les vies humaines importaient peu comparées aux marchandises stockées dans la cale du bateau. “Il n’y avait qu’une personne autorisée à rentrer dedans. Elle s’appelait le 'gambucero' [de l'espagnol 'gambuza', qui fait référence à un espace de stockage utilisé pour les provisions, ndlr]”, souligne le marin volontaire avant d’ajouter :
“Le 'gambucero' travaillait avec un oiseau, un peu comme dans les mines. L’oiseau, quand il chantait, ça voulait dire que l’air était salubre. Quand il arrêtait, ça voulait dire qu’il était mal en point et que l’air en bas n’était plus bon”.
Des conditions de traversée "terribles"
Le Trinidad représentait au 16ᵉ siècle le nec plus ultra de la modernité. “Il paraît petit, mais à l’époque, il était très grand. Il était considéré comme le meilleur de la flotte espagnole”, explique Mathias Lemmi, marin volontaire. Sa taille, 30 mètres de long, 24 mètres de haut pour 150 tonnes, lui permettait de stocker un très grand nombre de marchandises.
Mais sa navigation, en plein océan Atlantique, restait un défi. “La traversée était terrible. L’Atlantique, et surtout la Patagonie en Argentine, le canal de Magellan, c’était très dangereux”, ajoute le marin. Un bateau de cette taille, ce n’est pas évident à conduire, surtout dans les passages étroits. Et quand le vent faisait rage, l’embarcation devait compter sur le poids des marchandises pour arriver à se stabiliser.
Les conditions étaient également difficiles pour les matelots. Tous collés les uns aux autres pendant de longs mois, ils attrapaient facilement des maladies. Le scorbut notamment. Cette maladie qui provoque une carence mortelle en vitamines C a en partie causé la perte du navire.
Car si le Trinidad est bien arrivé en Inde Orientale, il n’est pas revenu en Espagne. Sur le point de couler, avec un équipage décimé par une épidémie de scorbut, il fut capturé par les forces portugaises, avant d’être pris dans une tempête et réduit en miettes vers 1523.
Depuis 2018, une réplique presque à l'identique
“On se demande ce qui était original”, s’interrogent deux hommes au cours de la visite du bateau, qui n’est en réalité qu’une réplique. La caravelle possède trois mats et un beaupré, tout comme le navire original.
La construction du navire a été réalisée en respectant les formes et les détails avec une rigueur historique. Le bois d'iroko fut principalement utilisé pour la construction. Il s'agit d’un bois tropical très résistant aux aléas climatiques.
Les travaux ont duré environ 14 mois pour une mise à l'eau du bateau a eu lieu le 11 mars 2018. “Ce qu’il a de particulier, c’est qu’il navigue comme naviguaient les bateaux à voile dans le temps”, explique José Chehab, avant de préciser :
“Il a des moteurs d’appoint, que l’on utilise quand on arrive dans le port et pour partir, mais aussi quand il a un trajet, qu’il n’y a pas de vent, et que l’on a des échéances. La plupart du temps, dès qu’il y a un petit vent, on hisse les voiles.”
Le Nao Trinidad reste à quai à Port-de-Bouc jusqu'au 12 janvier 2025.