Nicole Ferroni reçoit les Marseillais au comptoir. Avec poésie, littérature, et surtout beaucoup d’humour, l’artiste offre sa tournée dans les bars de la région. Pour la dernière journée rendez-vous est pris au comptoir des Danaïdes, dans le centre-ville de Marseille.
C’est sa tournée, à la santé de Marseille ! Depuis le 25 avril, l’humoriste Nicole Ferroni invite le public dans les bars de la ville et des alentours, à savourer un café, un verre, mais surtout des vers. Les siens, et ceux des poètes qui ont inspiré Marseille, et vice versa.
"Laissez-moi vous dire, laissez-moi vous confier, ce qui fait qu’en ce jour nous sommes ici coincés, entre une tartine au beurre, et des chaudes boissons, entre un percolateur et un fût de pression", commence-t-elle.
Car oui, ce matin, on l'entend bien le café qui coule derrière le comptoir des Danaïdes, les petites cuillères qui dodelinent sur le rebord de la tasse, le tout au milieu des rires du public qui savoure le verbe de l’artiste, autant que la mousse du petit Noisette.
Nicole Ferroni l'Aubagnaise a le bagou marseillais un tantinet exagéré, et ça nous plaît.
Pour cette tournée 2023, "j’ai un squelette commun, un set pour raconter les différentes facettes de Marseille. Mais le spectacle évolue en fonction du lieu. Hier à la Friche j’ai fait un passage sur la grève des cigarières, à l’Estaque, sur Zidane", explique-t-elle.
Aux Danaïdes, c’est donc Tolstoï qui a été choisi. En 1862, il explique que "les Français sont tels qu’ils croient l’être : libres penseurs et civilisés. Où ont-ils appris tout cela ? J’ai trouvé cette réponse à Marseille, dans les cafés", raconte l’écrivain dans Sur l’instruction publique.
"Parce qu’on y fait des lectures, et de la poésie, la population se cultive spontanément. Ici c’est un grand café avec beaucoup de passage. Et je trouve ça rigolo que 150 ans après, on me propose de faire ce que Tolstoï avait vu ici", sourit Nicole Ferroni.
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"J’ai démarré l’écriture par de la poésie. Mes premiers écrits c’était sur une scène Slam au (feu) Paradox Café de la rue d’Aubagne. Et le slam, c’est de la poésie", confie-t-elle, tout admettant "ne pas avoir un sens poétique, comme les auteurs dont je lis les textes."
Cette proposition a été impulsée en 2022 par l’équipe du théâtre du Gymnase : "Quand ils m’ont proposé ce projet, j’avais déjà en tête de monter des textes en vers. C’était un bel alignement", raconte l’artiste.
Pendant une heure, Nicole Ferroni déclare sa flamme à Marseille, à la Bonne-Mère, ou encore à ses cagoles, ces féministes "qui se montrent" et qui "sont belles" jusqu'au bout des ongles. Grâce à son énergie communicative, c’est peu de le dire, les accoudés du comptoir se prennent donc un bon petit shot de caféïne en pleine tête. Et on réfléchit aussi sur le sort de cette ville.
"A Marseille, il y a des ballons ronds, et il y a des balles pointues (…), il y a des ballons qu’on tire, et des balles qui tuent."
Nicole Ferroni
A la manière d'un cercle révolutionnaire, Nicole Ferroni donne à boire et à penser. Et si on lui demande si elle se sent mieux au troquet, qu'aux côtés de Léa Salamé, elle avoue que la chronique politique lui manque. Même si s’éloigner de "la communication politique des invités des Matinales", l’a "rapprochée de la politique". "J’ai moins de colère", confie-t-elle.
Après une heure de rimes, de rires et d’emphase, il faut bien finir son verre et se quitter. A une table, une Parisienne de passage est conquise : "Elle passe d’un registre à l’autre d’une manière assez surprenante, et juste. Elle a une facilité à tout faire, à la fois dans l’écriture et l’interprétation. C’est balaise".
"Elle nous accompagne jusqu’à l’heure de l’apéro", s’enthousiasme également un quinquagénaire.
L’apéro d’ailleurs, ce sera ce soir pour la dernière tournée de Nicole Ferroni. L’humoriste donne rendez-vous à l’autre bout de Marseille cette fois, sur l’île du Frioul. N’hésitez pas à embarquer. Et à votre santé.
