A Marseille, la campagne municipale est entachée par des suspicions de fraude aux procurations venant de la liste LR. Notre journaliste politique Thierry Bezer dénonce des pratiques endémiques devenues intolérables.
La règle : voilà un mot que beaucoup, à l'approche des élections, semblent avoir oublié. À droite, comme à gauche.
Philippe Pujol dans La chute du monstre y consacre des pages entières. Il cite le témoignage d'Hakim, dealer de voix dans les quartiers nord de la cité phocéenne : "Avant je faisais ça pour la gauche, maintenant la droite paie mieux."
Depuis des années les témoignages de candidats, d'assesseurs et d'électeurs s'accumulent, faisant de la fraude électorale l'une des bonnes histoires marseillaises, de celles qu'on se raconte à l'apéro. Le type de récits qui oscillent entre le drôle et le pathétique.
"Ici, on est à Marseille." Et alors ?
Marseille la magnifique doit-elle encore subir longtemps les assauts de tricheurs sans scrupules qui dépouillent les citoyens de leur choix ?
Marseille la rebelle va-t-elle encore se laisser tordre le cou par une partie de la classe politique qui érige la démocratie en totem et qui s'évertue à la contourner depuis des siècles ?
Il y a ici, chez nous, quelque chose d'endémique qui est absolument insupportable. Non, ce n'est pas partout pareil. Non, ce n'est pas du Marseille bashing.
Pendant que la police perquisitionne et enquête -c'est une bonne chose-, les Marseillais attendent des propositions concrètes sur le logement, l'école, la transition écologique. Un débat d'idées.
La politique est certes un sport de combat mais tous les coups ne sont pas permis, il y a des règles.
"La fatalité c'est l'excuse des âmes sans volonté", disait Romain Rolland. Un boulevard à Marseille porte son nom. Peut-être pourrions-nous rajouter cette belle citation à la devise de cette ville que nous aimons tant : "La ville de Marseille resplendit par ses hauts faits." Soyons-en digne.
Quel impact sur les 15 jours de campagne restants ?
Ça ne va pas apaiser une campagne déjà sous tension. Il y a eu beaucoup de violences dans les actes, dans les mots. Ça a été une campagne très particulière, donc on peut être sûr que ça ne va pas se calmer.
Des candidats ont déjà saisi la justice, d'autres devraient le faire en début de semaine prochaine.
Si des infractions sont constatées, ça peut clairement déboucher sur des annulations d'élection -on pense à deux ou trois secteurs à Marseille-, vraisemblablement après le deuxième tour.