Agressions au GHB : "Je ne sors plus en soirée par peur de me faire violer"

Les témoignages de personnes droguées au GHB ou piquées à la seringue en soirée se multiplient. A Marseille, l'association Clean My Calanques lance une vaste enquête pour comprendre l'ampleur du phénomène. Résultat : près de 1.000 personnes ont témoigné en 48h.

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"Impossible de marcher, de me souvenir de la soirée". Cela fait quelques mois que les témoignages de ce type se multiplient sur les réseaux sociaux.

Des personnes droguées à leur insu, en soirée, et parfois agressées. Si le phénomène est déjà connu, son ampleur prend des proportions inquiétantes ces derniers temps.

C'est le constat qu'a pu faire l'équipe de l'association marseillaise Clean My Calanques, présente sur de nombreux festivals et soirées. 

"On voulait organiser un festival de musique cet été. Seulement, ces derniers mois des dizaines de connaissances et d'ami·e·s ont été drogué·e·s à leur insu en soirée: blackout de plusieurs heures, comportements étranges et perte de contrôle du corps après seulement quelques verres - loin d'être normal", peut-on lire sur une récente publication Facebook. 

Le hashtag #Balancetonbar a été lancé sur les réseaux en octobre dernier et commence à prendre de l'ampleur partout en France.

Des témoignages sont recensés sur le compte Instagram "Balance ton bar Marseille", depuis la mi-novembre.

C'est le point de départ d'une réflexion qui a abouti à une enquête sous forme de questionnaire, permettant à toutes et tous de témoigner sur ce phénomène.

L'enquête, ciblée sur la région Paca durant l'année 2021, devrait donner de premiers résultats avant la fin décembre.

La Ville de Marseille s'est montrée intéressée par le projet et suit les avancées de cette enquête. L'idée : faire prendre conscience de l'ampleur du problème aujourd'hui et trouver des solutions pour y remédier. 

970 témoignages en 48 heures

Depuis l'appel à témoignages passé samedi 27 novembre, près de 1.000 personnes, en majorité de la région Paca, ont envoyé leurs réponses et des premières tendances se dessinent.

Une grosse majorité de femmes, même si le questionnaire est destiné à tous. Des hommes, notamment dans le milieu gay, seraient aussi victimes de ces drogues. 

Parmi les personnes qui ont participé jusqu'à ce jour, environ 70% des personnes ne se sentent pas en sécurité en soirée dans un lieu public (bar, boîte, festival etc.). 

Certains n'ont aucun souvenir de la soirée passée, d'autres ont eu un comportement étrange ou la nausée. Environ 13% des personnes pensent avoir consommé du GHB à leur insu, environ 12% n'en sont pas sûres.

Le GHB appelé également "la drogue du violeur", incolore et inodore, est versée dans les verres, sans que personne ne s'en rende compte.

Il provoque une altération de la conscience, des problèmes de mémoire et d’attention qui peuvent conduire le sujet à ne plus savoir ce qu’il s’est passé lors de la consommation, surtout si la dose de GHB est importante.

Parmi les personnes qui pensent avoir été droguées au GHB, environ 10%  disent avoir été agressées, ou n'en sont pas sûres.

Résultat, certains limitent leurs sorties : "Je ne sors plus en soirée étudiante par peur de me faire violer", "Je sors moins à cause de cette situation", peut-on trouver dans les premières réponses de l'enquête. 

Le fléau des seringues

Outre le GHB, un autre phénomène inquiète. Ce sont des seringues, injectées sans que la victime ne s'en rende compte. Ces seringues contiennent des médicaments qui font le même effet que le GHB. De nombreuses fausses ordonnances circuleraient dans les mains de personnes mal intentionnées.

"C'est un fléau", confirme un membre de Clean My Calanques. Dans son entourage, une dizaine d'amis s'est fait droguer depuis cet été. 

"Le GHB, tu peux faire attention à ton verre. La seringue, tu ne peux rien faire". Cela pose également des questions sanitaires. 

Autre chiffre clé : environ 75% des répondants estiment avoir changé leurs habitudes de consommation en soirée par peur d'être drogués. Cela peut être en couvrant son verre, en limitant la consommation sur place ou en sortant moins.

Capotes de verre et sensibilisation

L'écrasante majorité des sondés estiment que les établissements concernés ont un rôle à jouer dans la sensibilisation de leur public pour prévenir ce genre de comportements.

Cela peut être par de la communication ciblée, des stands de prévention, des zones "safe" ou encore la distribution de "capotes de verre".

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Drink Watch (@drinkwatch)

Au Delta Festival, 1.000 capotes de verre de la marque Drink Watch avaient été distribuées. Des capuchons made in France 100% silicone servant de protections anti-intrusion à fixer à son verre.

A Toulon, deux étudiants ont lancé "My Safe Cup", dans le même esprit. 

Pour Clean My Calanques, les protections de verres ne sont pas une solution à long terme. "C'est mettre un pansement sur le problème". "Il faut une sensibilisation des personnels de sécurité, des barmans. Qu'il y ait plus de bienveillance". 

"Il faut dresser les mecs à ne pas violer", résume une victime. Eduquer, la racine du problème ?

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