Agressions sexuelles à l'IHU de Marseille : trois ans de prison avec sursis requis contre un directeur de recherches

Trois ans de prison avec sursis probatoire ont été requis, jeudi 5 mai à Marseille, contre un ancien directeur de recherches au CNRS. Il est notamment jugé pour des faits d'agressions sexuelles au sein de l'Institut Hospitalo-Universitaire du Professeur Raoult.

Révoqué par le CNRS en 2017, Eric Ghigo, 49 ans, a reconnu devant le tribunal correctionnel de Marseille être coutumier des blagues graveleuses, comme quand il lançait à la volée : "Il est 16 heures, c'est l'heure de la pipe. C'est qui qui s'y colle ?"

De même, il a reconnu pouvoir s'emporter : "Je suis pète-sec, il faut travailler, j'ai toujours visé l'excellence", a-t-il expliqué, se défendant cependant du moindre geste ambigu.

Face à lui, une jeune Tunisienne venue en 2015 faire son stage de fin d'études au sein de son unité de recherches a raconté, en pleurs, les remarques blessantes, les critiques féroces sur son travail, puis les tentatives de l'embrasser, ces mains glissées sous sa jupe, ou ces moments où il se frottait contre elle.

"Il est devenu agréable quand il a commencé à me toucher, à me caresser, il n'y avait plus de reproches sur le travail", a témoigné la jeune femme, restée silencieuse durant plusieurs mois : "Qui allait croire la jeune stagiaire étrangère contre son directeur de stage ?"

Humiliations et propos obscènes

Une autre plaignante, Tunisienne elle aussi, arrivée dans le laboratoire en 2008 pour son doctorat, a fait le récit d'années d'humiliations mêlant les propos obscènes comme "je n'ai jamais couché avec une femme enceinte", ou les textos l'invitant à "passer sous le bureau".

Le président du tribunal a également lu les témoignages à charge de quatre autres jeunes femmes passées dans le laboratoire.

Informé de ces faits en juin 2015, le professeur Didier Raoult avait déplacé Eric Ghigo deux étages plus bas, dans un bureau en open space. Plusieurs témoins, anciennes stagiaires et cadres actuels de l'IHU, ont par contre démenti ce management agressif.

"Les blagues d'Eric n'ont jamais embêté personne, on en parlait entre nous, on les trouvait nulles, pas drôles du tout, mais il n'était pas un patron tyran", a expliqué une jeune femme de 29 ans dont Eric Ghigo a été le directeur de thèse.

Dans le cadre du sursis probatoire, le procureur Etienne Perrin a notamment réclamé une interdiction d'exercer pendant deux ans des fonctions d'encadrement, "particulièrement d'étudiants".

Réclamant la relaxe de son client, Me Brice Grazzini a évoqué un possible complot et des accusations dictées par la jalousie d'une des plaignantes et du patron du laboratoire. Le jugement sera rendu le 4 juillet.

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