A partir de ce lundi 6 mars, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône juge sept hommes et une femme, accusés d’avoir participé à l’assassinat de Karim Tir, le 12 juin 2014, à Asnières-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine.
Le procès des meurtriers présumés de Karim Tir, l'ancien producteur du rappeur Jul, s'ouvre ce lundi 6 mars devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. Sept hommes et une femme sont jugés, dont trois pour homicides volontaires avec préméditation commis en bande organisé.
Originaire des quartiers Nord de Marseille, condamné pour trafic de drogue, Karim Tir a été abattu à 31 ans, de plusieurs balles par un commando à moto le 12 juin 2014 alors qu’il était en voiture, à Paris, où il avait refait sa vie comme producteur de musique. France 3 Provence-Alpes vous détaille 4 choses à savoir sur cette affaire, avant l'ouverture du procès.
- Le premier producteur de Jul
Proche du milieu du narcobandidtisme marseillais, il était devenu producteur de musique dans sa nouvelle vie. C'est lui qui a découvert Jul, le prodige du rap français. D'après le chanteur-compositeur , Karim Tir était "le meilleur manager de France."
Alors que son témoignage était programmé vendredi, le rappeur a fait savoir dès lundi, via un courrier de son avocat, qu'il serait en fait "empêché" durant toute la durée du procès.
Condamné pour trafic de drogue, Karim Tir était sorti de prison en 2012 après avoir purgé une peine de cinq ans de prison. Mais lorsqu'il est abattu deux ans plus tard, il avait tout arrêté et refait sa vie à Paris, selon les enquêteurs. Il n'y avait aucune raison de s'en prendre à lui, selon Me Menya Arab-Tigrine, l'avocate des parties civiles. Karim Tir "avait décidé de couper complètement avec la région marseillaise", a-t-elle expliqué à France 2. "On a beaucoup creusé autour de son entourage pour comprendre quelle était sa vie avant d'être assassiné, c'est-à-dire sa vie parisienne, et il n'y a pas de traces, pas une seule seconde de quelque chose qui serait en lien avec le trafic de drogue."
- Abattu à Paris
Dans la nuit du 11 au 12 juin 2014, Karim Tir rentre d'un restaurant en voiture, quand il est pris pour cible sur un boulevard de la région parisienne par deux hommes à moto. La scène a été filmée par une caméra de surveillance. On y voit le commando l'abattre avant de prendre la fuite. Les tueurs ont utilisé des balles de 9 mm.
Atteint de plusieurs balles au thorax, le producteur décède sur le coup, au volant de sa Clio.
- Des accusés au profil inquiétant
Les assassins ont suivi leur cible pendant des mois jusqu'à son exécution. Ils ont utilisé des balises posées sur les voitures de Karim Tir et de ses proches. Certains se sont rapprochés de Jul, utilisé sans le savoir comme "une sorte de balise des déplacements de Karim Tir", selon l’instruction.
En avril 2016, par une source anonyme, les enquêteurs remontent jusqu'aux assassins présumés, des membres du crime organisé marseillais, corse et parisien. Ils sont localisés dans un immeuble du Val-d'Oise. Les policiers saisissent sur place des armes dont deux pistolets 9 mm, des brouilleurs et téléphones modifiés et cryptées, des GPS, et cinq véhicules volés, des deux roues de grosses cylindrées, des voitures sportives et un utilitaire.
- Un mobile encore flou
Jalousie suscitée par sa réussite dans la musique ? Vengeance lien avec le trafic de drogue ? Au début des années 2010, deux familles de trafiquants rivales, les Tir et les Redmania, se livrent une guerre de territoire sans merci, dans la cité Font-Vert, dans le 14e arrondissement de Marseille. En quelques années, cette vendetta fait une vingtaine de morts. Me Adrien Gabeaud, avocat de l'un des accusés décrit à nos confrères de France 2, un "engrenage infernal", chaque tentative d'assassinat, assassinat ou séquestration, appelant "un match retour, appelant un troisième épisode, puis un quatrième passage à l'acte, puis une cinquième vengeance, on est dans une logique de surenchère permanente."
En neuf ans, cinq membres du clan sont morts dans cette guerre ouverte : en 2011, l'oncle de Karim, Saïd Tir, considéré comme le patron du trafic de cannabis, et Akim Grabsi, 42 ans, le beau-frère de ce dernier sont abattus à Marseille, alors qu’Eddy Tir, le petit-fils de Saïd, échappe à une rafale de Kalachnikov fatale à l’homme qui l’accompagne. En mars 2014, trois mois avant la mort de son frère, Hichem Tir, échappe lui aussi à une tentative d’assassinat à Beauvais (Oise). Après le décès de Karim, c'est au tour de Farid Tir, un cousin, 40 ans, tué dans un hôtel marseillais en 2019.
Le procès aux assises, qui se tient jusqu'au 24 mars, permettra peut-être de savoir si Karim Tir a payé pour cette guerre des gangs. Les accusés nient les faits qui leur sont reprochés. L'un d'eux ne donnera pas sa version des faits devant les jurés aixois, il a été assassiné trois semaines après Karim Tir.