Sur la période contrôlée entre 2015 et 2022, la chambre régionale des comptes relève de multiples irrégularités dans la gestion qui ont conduit à la mise en liquidation de l'Athlético Marseille, ancien GS Consolat en 2022.
Plus de 500 joueurs licenciés à son heure de gloire, 60 ans d'existence, le FC Marseille-Consolat est historiquement le deuxième de football à Marseille après l'OM. Dans un rapport rendu public ce lundi 18 décembre, la chambre régionale des comptes épingle la gestion catastrophique de l’association sportive Marseille Consolat Nord, qui porte l'Athlético Marseille. Dans la tourmente depuis des années, le club repris en 2018 par Cyril Hanouna n'a pas su redresser la barre. L'association, endettée à hauteur de 800 000 euros, a finalement été placée en liquidation judiciaire le 1ᵉʳ juillet 2022. Au cours des cinq dernières années, le club a perdu 200 licenciés, passant dans l'intervalle du 6ᵉ rang au 71ᵉ des clubs du district Provence. Rétrogradé en National 3 (5ᵉ division), l'Athlético est aujourd'hui le 151ᵉ club régional.
France 3 Provence-Alpes vous résume ce qu'il faut retenir du rapport de la chambre régionale des comptes sur la période 2015-2022.
De nombreux "avantages en nature"
La cour régionale des comptes (CRC) note une "gestion défaillante" "entachée de multiples irrégularités, d’un niveau de gravité variable", commises dans le but d'"abuser les autorités administratives et sportives".
L'association a ainsi accordé des avantages en nature, comme ces 33 500 euros dépensés pour des locations de véhicules, "sans décision de l'assemblée générale" et "sans que leur utilisation puisse être tracée". Même constat concernant 24 contraventions réglées sur les fonds de l'association pour un montant de près de 3000 euros.
Les magistrats de la CRC s'interrogent aussi sur des factures réglées pour des structures portant un nom proche de celui de Marseille Consolat et ils ne semblent pas convaincus par l'excuse d'"erreurs ou refacturations" avancée par les responsables de l'association.
Autre anomalie comptable, ils pointent aussi un virement de 5000 euros sur le compte bancaire personnel du président en 2017 ou encore près de 12 000 euros de frais de transport ou de voyage payés pour des personnes extérieures au club.
Un contrat de consultant de 500 000 euros
"L’association a souffert du caractère hasardeux des projets engagés par les dirigeants" estime la chambre dans son rapport de 60 pages. Elle retrace notamment un épisode survenu en 2017 à la tête du club, là encore "entaché d'irrégularités".
Un nouvel investisseur, l'ex-agent Karim Aklil, a proposé une reprise du club conjointement avec un autre investisseur, avec l'objectif de créer un deuxième club professionnel à Marseille. Ce projet prévoyait un contrat de consultant rémunéré 500 000 euros nets pour le président Jean-Luc Mingallon en 25 mensualités de 25 000 euros à partir du 1ᵉʳ juillet 2017.
Un autre contrat prévoyait le versement d'une somme de 1 500 000 par saison sportive par le même investisseur pendant cinq ans, mais "la société n'a jamais eu d'existence juridique et le contrat n'a pas été suivi d'effets", note la chambre régionale. Et au bout du compte, aucune somme versée.
Karim Aklil, nommé président de l'Athélico "de façon irrégulière" en 2019 comme le rappelle le rapport de la CRC, a été condamné le 16 mai 2023 pour sa gestion du club. Il a écopé de 10 mois de prison avec sursis et interdiction de présider une association sportive pendant cinq ans, pour "usage et complicité de faux", pour avoir produit une fausse lettre de subvention du président de région Renaud Muselier. Dans ce même dossier, les instances du football français l'avaient déjà condamné en 2020 à une interdiction d'être licencié à la FFF durant 10 ans. Ce faux courrier assurant le président Aklil d'un soutien de la région à hauteur de 230 000 euros devait permettre le maintien du club qui évoluait alors en National 2.
Des paiements "opaques" intraçables
La chambre décrit également dans le détail une "pratique opaque" destinée à 1300 supporters, appelés "socios", pour leur permettre de prendre des parts dans le club en devenant actionnaire. Un actionnariat "incompatible" avec le statut juridique de l'association, relèvent les magistrats de la CRC. Selon la chambre, 165 contrats de partenariats ont été établis sur trois saisons pour un versement de 1000 euros par saison. Les contreparties commerciales incluaient : un affichage sur l'écran géant du stade et sur les supports autour du stade, deux abonnements pour tous les matchs, un maillot officiel, deux places pour assister à l'émission de Cyril Hanouna "Touche pas à mon poste".
Le programme a permis à l'association d'encaisser 165 000 euros pour la saison 2018-2019. Des paiements faits en liquide et "intraçables", souligne la chambre régionale, qui ont servi à verser 82 875 euros de salaires et défraiements "en liquide" entre décembre 2019 et février 2019. "Ce qui est interdit", rappelle la CRC.