Benfica-OM : quand "la main de Vata" inspirait à Michel Rocard l’idée d’un "écran de contrôle" de l’arbitrage

Il y a 34 ans, un but marqué de la main lors d'un Benfica-OM rentrait dans la légende du football français. Les supporters marseillais n'ont pas oublié cette erreur d'arbitrage. Celle-là même qui avait vu un premier ministre lancer une idée inédite : la création d'un arbitrage vidéo. Ou une VAR avant la VAR.

La cicatrice titille encore les supporters de l’OM. Nous sommes en 1990, le 18 avril. Et l’ancien stade de la Luz devient en une fraction de seconde le théâtre d’un des pires cauchemars des supporters olympiens. Alors que Lisbonne s’apprête jeudi 11 avril à recevoir une nouvelle fois un Benfica-OM, en Ligue Europa cette fois, aucun olympien n’a oublié cette histoire. Peu se souviennent peut-être de l’idée qui avait germée dans l’esprit de Michel Rocard, alors Premier ministre de François Mitterrand. Celle de la création d'un arbitrage vidéo.

"Rectifier instantanément une erreur manifeste"

Cette année-là, les Papin, Waddle et Deschamps ont remporté le match aller 2 à 1, l’OM est à 90 minutes de disputer sa première finale de Ligue des champions. À Marseille, les bars sont pris d’assaut. Entre espoir et angoisse, la meilleure équipe de l’histoire de l’OM tient sa finale jusqu’à cette maudite 83e minute. L’inconnu Vata devient célèbre en marquant de la main, d’une manchette, pour être précis. Les Di Méco, Castaneda, Tigana, hurlent au vol. Pas d’arbitrage vidéo à l’époque. L’OM est éliminé au nombre de buts marqués à l’extérieur. "Quand on manque une finale sur une grosse erreur d’arbitrage, réagira le coach marseillais Gérard Gili à l’issue de la rencontre, c’est doublement décevant."

Le scandale produit un tel écho que quelques jours plus tard, le but maudit est évoqué à l’Assemblée nationale. "Je ne peux manquer de m’interroger sur les conditions de cette élimination", commente Michel Rocard dans une lettre ouverte à Bernard Tapie. Au passage, il lance une idée alors inédite, celle de l'assistance vidéo à l'arbitrage ou Video Assistant Referees, plus connue sous le nom de VAR. Plus précisément, écrit-il, "des juges-arbitres, qui, suivant le match sur le bord du terrain, et avec un écran de contrôle, auraient le pouvoir de rectifier instantanément une erreur manifeste".

Dans le même courrier, il avouera son impuissance à faire éclore une telle révolution tout en assurant vouloir jouer de son influence. Une sortie "ridicule" et "démagogique" qualifiera Philipe Seguin, accusant le premier ministre de vouloir faire "grimper sa cote de popularité". 

La VAR inaugurée en 2016

Ving-six ans plus tard, en 2016, l’instauration de la VAR pour la première fois dans une compétition professionnelle lors de demi-finale de la Coupe du monde des clubs de la FIFA, ne fera pas vraiment l’unanimité. La France attendra l’année suivante pour la tester lors d’un match amical de l’Equipe de France et la saison 2018-2019 pour la déployer dans son championnat. Depuis, les critiques fusent toujours. 

"Il est clair qu'il y a actuellement un problème dans l'application du protocole VAR avec des polémiques à répétition, lançait en février dernier Éric Borghini, le président de la commission fédérale des arbitres dans l’Equipe. (...)  Il faut clarifier les choses car personne ne comprend plus rien, ni les joueurs, ni les entraîneurs, ni les clubs. Les arbitres sont probablement perdus. Il va falloir décider rapidement. Il faut que ce soit de l'assistance vidéo à l'arbitrage et pas de l'arbitrage vidéo."

Écran de contrôle ou pas, les scandales perdurent. Ce soir de 1990, l’arbitre dit n'avoir simplement "pas vu" la main inscrire le but malheureux. "On n'était que trois sur le terrain, s’est justifié le belge Marcel Van Langenhove auprès de RMC Sport. Il y avait l’arbitre central, il y avait deux juges de touche, même pas un quatrième homme, et certainement pas le VAR. Donc c’est déjà une grande différence avec l’arbitrage actuel."

Ce jeudi 11 avril à Lisbonne, c’est Michael Oliver qui officiera. Il aura le loisir de vérifier les actions litigieuses devant son écran. Et d’éviter de dessiner une nouvelle cicatrice dans la mémoire des Marseillais. 

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