En mai, 250 000 conducteurs de Citröen C3 et DS3 ont reçu un courrier leur indiquant de cesser immédiatement l'utilisation de leur véhicule. Depuis, la mobilisation citoyenne à l'encontre du groupe automobile a grandi. Avec l'aide d'un avocat, une action collective a été lancée le 6 juin. France 3 Provence-Alpes fait le point.
"C'est incroyable de se dire qu’on ne peut plus conduire sa voiture." Plus d'un mois après le rappel lancé par le groupe Stellantis, qui détient les marques Citroën et DS Automobiles, une majorité des propriétaires des véhicules C3 et DS3 aux airbags défectueux sont toujours dans l'impasse. Ce jeudi 6 juin, une action collective a été lancée à l'encontre de l'industriel automobile. Aujourd'hui, ils attendent des réparations en urgence.
"C'est la seule voiture que l'on a"
Mi-mai, 250 000 propriétaires de ces véhicules concernés reçoivent un étrange courrier. La marque aux chevrons leur impose "de cesser immédiatement l'utilisation de leur véhicule". "Cette action de rappel est nécessaire, car certains produits chimiques présents dans les gonfleurs de ces airbags Takata peuvent se détériorer au fil du temps, en particulier lorsqu’ils sont exposés à des conditions climatiques chaudes et humides", détaille le groupe. Ce sont principalement les propriétaires qui se trouvent dans le sud de la France, vivant dans des zones "chaudes et humides" qui sont touchés par le rappel.
Un choc pour Anaïs Grenato, qui n'a plus utilisé son véhicule depuis le 15 mai, le jour où elle a ouvert ce fameux courrier. "C'est notre seule voiture, ça fait peur. J'ai dû m'organiser différemment. J'ai un bébé de 7 mois. Il faut l'emmener chez le pédiatre et allez au boulot." C'est seulement au bout d'un mois que la conductrice a pu bénéficier d'un véhicule de courtoisie.
Elle dénonce toutefois le manque d'organisation du côté du constructeur automobile. "Je suis allée à Citroën le jour même pour voir ce qu'il en était. Ils ne savaient pas l'ampleur de ce qui allait se passer. On a essayé de se dépatouiller par nous-même."
Une mobilisation citoyenne
Des revendications partagées par Kévin Audibert qui a décidé de créer un groupe Facebook le soir même de la réception du courrier. Par ce groupe, il souhaite "aider les gens, répondre à leurs questions et les orienter sur les démarches à effectuer auprès de Citroën et s'ils souhaitaient pouvoir se défendre".
De jour en jour, le groupe n'a fait que grossir. Aujourd'hui, 5 200 personnes venant de partout en France, essentiellement du sud, y font partie. "Les premières personnes qui sont arrivées sur ce groupe étaient des personnes isolées dans des situations particulières, des parents isolés qui n'avaient que ce véhicule", nous explique Kévin Audibert.
Ce que reproche principalement l'automobiliste est le manque d'anticipation de la marque concernant les trajets quotidiens des utilisateurs. Cela "peut pénaliser les personnes qui ont une activité liée à leur véhicule et les familles qui ont un seul véhicule".
Une action collective juridique
En parallèle, une action collective a été lancée le 6 juin, menée par Christophe Lèguevaques, avocat. "On veut mettre la lumière sur cette affaire, nous avons déjà la preuve que Citroën connaissait déjà le problème depuis 2014. Qu'a-t-elle fait pour éviter que des sinistres de cette ampleur ne se réalisent ?", nous précise-t-il.
Aujourd'hui, l'avocat cherche à mettre en cause la responsabilité du groupe automobile sur un plan pénal pour "fraude, mise en danger de la vie d'autrui, voire homicides involontaires". 700 conducteurs ont déjà rejoint la mobilisation.
Alors que des milliers de personnes ne peuvent plus utiliser leurs voitures en raison de la dangerosité des airbags et essentiellement pour se rendre au travail, l'avocat a donné rendez-vous aux automobilistes concernés, ce mardi 25 juin à Marseille. L'objectif de cette rencontre est d'échanger sur la situation et d'expliquer les démarches concernant la réparation et les dédommagements.
Thierry Koskas, directeur général de Citroën, avait été invité à "venir s'expliquer devant le public". Une proposition qu'il a déclinée, au regret du collectif.
Des airbags dangereux voire mortels
C'est un véritable scandale industriel mondial qui a éclaté d'abord aux Etats-Unis, puis a touché les départements d'outre-mer et la France métropolitaine. Après une trentaine de décès et 400 blessés, plus de 100 millions de véhicules ont été rappelés outre-Atlantique et 250 000 en France. En cause : des airbags défectueux fabriqués par l'équipementier japonais Takata, installés dans des voitures C3 et DS3, fabriqués de 2009 à 2019.
En novembre 2023, Serge Garaud, âgé de 51 ans, perd la vie au volant de sa Citroën C3 dans un accident de la route à Galan, près de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénnées. Le véhicule retrouvé dans le fossé, son corps est inanimé. Pas d'excès de vitesse, un taux d'alcoolémie négatif, pas d'arrêt cardiaque, seul un bout d'airbag dépasse. Tous les soupçons se portent alors sur cet airbag défectueux. L'inquiétude prend alors de l'ampleur auprès du constructeur automobile français.