La préfecture des Bouches-du-Rhône a renouvelé la dérogation permettant à la Ville de Marseille de réguler la prolifération du Goéland Leucophée, appelé Gabian à Marseille, une espèce protégée.
Trop de bruit, trop de saleté. Chaque année, le service "Allo Mairie" de la Ville de Marseille enregistre plusieurs dizaines de plaintes concernant des nuisances causées par les Goélands Leucophée. Plus connu dans la cité phocéenne sous le terme occitan de "Gabian", ce proche cousin du Goéland de l'Atlantique fait pourtant partie de la carte postale de Marseille, reconnaissable au plumage gris bleuté et à l'extrémité noire de ses ailes et à son corps d’un blanc pur. Mais l'espèce a longtemps proliféré de façon incontrôlée. Face à ce constat, la Ville a demandé une dérogation concernant une espèce protégée pour mettre en place un plan de régulation de sa prolifération. Les Gabians, nuisibles à Marseille, les habitants sont partagés sur la question.
France 3 Provence-Alpes vous détaille ce qu'il faut savoir sur le nouveau plan de régulation du Goéland Leucophée, Gabian en occitan, à Marseille.
Que prévoit ce plan pour réguler la prolifération des Gabians ?
Ce plan d'action qui porte sur la période de 2024 à 2026, comprend la capture d'individus adultes, éventuellement suivie d'euthanasie, la destruction des ébauches de nids sur les toits de bâtiments, la stérilisation des pontes et l'euthanasie des poussins "afin de contrôler les nuisances de cette espèce en contexte urbain".
La Ville chiffre sur un "prélèvement de 300 individus par an" sur la période 2024 à 2026, soit un total de 900 interventions. La demande a reçu un avis favorable du conseil scientifique régional du patrimoine naturel.
Depuis quand ce plan existe-t-il ?
Il s'agit en fait d'un renouvellement du protocole d'action mis en place depuis plusieurs années à Marseille. De 2020 à 2023, plus de 700 interventions ont été menées sur le château d'If, dans l'archipel du Frioul, qui compte une importante colonie. Ce site très touristique accueille chaque année plus de 100 000 visiteurs. Afin de limiter les incidents liés à l'agressivité des volatiles, la Ville a procédé à la destruction de nids et à la stérilisation des œufs durant la période de reproduction.
Sur cette période, selon son bilan, la Ville a procédé à 744 captures de goélands, 313 euthanasies, 178 œufs stérilisés et 30 nids détruits.
La Ville d'Aix-en-Provence a, elle aussi, depuis plusieurs années, mis en place un plan d'effarouchement et de régulation des Gabians pour réduire les nuisances occasionnées aux riverains.
Pourquoi les Gabians prolifèrent-ils ?
On comptait une centaine de couples de cet oiseau côtier à Marseille au XIXe siècle. Aujourd'hui, la cité phocéenne abrite la plus grande population du Goéland Leucophée en Europe, évaluées par la Ville à environ 12 000 couples.
Pendant de nombreuses années, l'explosion démographique de ces oiseaux, opportunistes et omnivores, a été favorisée par les décharges à ciel ouvert, sources de nourriture abondante pour les Gabians, proches de leur lieu de nidification. Une meilleure gestion des ordures ménagères a permis de diminuer de 48% les effectifs des colonies sur les îles de Marseille entre 2005 à 2010.
Quels sont les principaux reproches faits aux Gabians ?
Pour justifier ce plan de régulation, la mairie explique que cette espèce territoriale "peut s'avérer agressive en période de reproduction et d'élevages des jeunes". Pour défendre leurs progénitures des intrus, les Gabians n'hésitent pas en effet à chasser les promeneurs téméraires ou trop curieux.
Il lui est aussi reproché de favoriser la prolifération de nuisibles. Sur les îles marseillaises, "sa prolifération est associée à celle du rat noir et du lapin de garenne. Les fientes de l’oiseau favorisent en effet le développement de certaines plantes qui sont consommées par ces rongeurs", peut-on lire sur le site du parc national des Calanques.
Par ailleurs, la population surabondante des Gabians dans les îles de Marseille impacte l'ensemble de l'écosystème insulaire."La nidification d'un nombre important de couples de Goéland leucophée entraîne une déstructuration de la végétation pouvant aboutir à la disparition complète des habitats naturels, d’une part, par le piétinement et l’arrachage lors de la confection des nids et d’autre part, par les déjections qui provoquent un enrichissement du sol en phosphates et nitrates", note le Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence/Alpes du Sud (CEEP).