De nouvelles mesures ont été annoncées mardi en soirée par la préfecture pour lutter contre la propagation du virus dans les Bouches-du-Rhône, passés en zone rouge. Restaurants et débits de boissons fermeront à 23 heures, et le port du masque devient obligatoire dans tout Marseille.
Comme attendu, le préfet de région, et préfet des Bouches-du-Rhône Christophe Mirmand a annoncé de nouvelles mesures restrictives pour limiter la propagation du coronavirus dans le département.
Une situation "préoccupante"
Dans les Bouches-du-Rhône, le taux d’incidence (nombre de personnes testées positives au Covid-19 sur 100 000 personnes) est actuellement de 131, alors qu’il était de 25 à la fin du mois de juillet.A Marseille le taux d’incidence est de 177 alors qu’il était de 33 fin juillet.
Pour les autorités, "la situation est devenue préoccupante".
Port du masque obligatoire, fermeture à 23 heures...
En accord avec l'Agence Régionale de Santé et la préfecture de police, et après avoir concerté les élus locaux, le préfet a donc décidé de nouvelles mesures à compter de ce mercredi 26 août, 23 heures. Elles seront applicables jusqu'au 30 septembre.Désormais, le port du masque devient obligatoire dans l’espace public pour toute personne de onze ans ou plus sur l’ensemble de la commune de Marseille. Il vous faudra même le porter à la plage, pour tout déplacement. "Il n'est pas obligatoire lorsque vous êtes assis sur votre serviette ou dans l'eau, mais il est obligatoire pour circuler sur la plage", précise le préfet.
Et les restaurants, les débits de boissons et les commerces d’alimentation générale seront fermés tous les jours de 23 heures à 6 heures dans l’ensemble des communes du département des Bouches du Rhône.
Dans les commerces du soir, la nouvelle était accueillie ce matin avec crainte.?#Covid19 Point de situation du 25/08 en #Paca
— ARS Paca (@ARSPaca) August 25, 2020
Depuis le début de l'épidémie
▶27 320 personnes positives (+4 729)
▶986 personnes décédées
▶6 247 retours à domicile
Actuellement
▶342 personnes hospitalisées (-2)
▶40 personnes en réanimation (+24)https://t.co/CXr6RUjgis pic.twitter.com/FLLfj8YyXS
La responsable d'une supérette ouverte 24h/24h se montre désespérée :
"Les trois quarts de notre chiffre d'affaires repose sur les ventes du soir et de la nuit. Cela va être une perte colossale pour nous. Et on n’aura rien pour compenser la perte d’exploitation".
"On est estomaqués", raconte à son tour la propriétaire d'un bar du centre-ville. "A croire que le virus se développe à partir de 23 heures ! C'est notre fond de commerce de travailler un peu la nuit. Ca va être catastrophique".
Non loin de là, un autre restaurateur se dit soulagé d'avoir évité "la fermeture à 20 heures" comme cela avait été envisagé dans un premier temps par la préfecture.
Pour le préfet Mirmand, invité dans notre journal télévisé ce midi, "il s'agit d'une mesure équilibrée" qui va permettre à la plupart des commerçants "d'assurer une journée la plus normale possible".
Mais les restaurateurs, brasseurs, glaciers et cafetiers en ont assez "d'être dans la ligne de mire" des autorités.
On nous stigmatise. C'est comme si l'on nous désignait coupables de la propagation du virus.
Bernard Marti, le président de l'UMIH Paca-Corse, le principal syndicat des restaurateurs, cafetiers et hôtelliers, parle de stigmatisation.
"Comme en mars dernier, les restaurants et les bars ont été les premiers visés par les mesures de restriction. On nous stigmatise. C'est comme si l'on nous désignait coupables de la propagation du virus. Nous ne sommes pas les seuls à accueillir un public nombreux."
Le représentant de l'UMIH aurait préféré une vision "plus large" de la part des autorités.
"On veut nous faire porter la faute sur les épaules. Mais pourquoi rien n'est fait contre les fêtes sauvages organisées dans des lieux privés, ou sur les plages, et qui rassemblent des centaines, voire des milliers de personnes ?".
L'UMIH rappelle que "la quasi totalité de nos adhérents respecte les gestes barrières dans ses établissements : port du masque, gel hydroalcoolique, distanciation sociale".
Bernard Marti estime que la fermeture à 23 heures des restaurants et bars va encore impacter leur activité. Un nouveau coup dur pour ce secteur gravement touché par la crise sanitaire, et qui table sur une forte fréquentation pour remonter la pente.
"En été, la plupart des clients sort le soir dîner vers 21 heures. Deux heures après, on va devoir leur demander de partir ? C'est sûr que cette mesure va faire baisser la clientèle".
Dans ses tweets, Samia Ghali, la deuxième adjointe de la mairie de Marseille, parle d'un "nouveau confinement économique" pour les restaurants et les bars.
"« Les commerçants ne sont pas coupables de l’explosion des cas de COVID-19. Il faut dédoubler les bus à Marseille. Surtout quand on a compté à Marseille, 30% de touristes en plus".
Tout en soulignant que la ville suivra les mesures préfectorales, et que le port du masque reste nécessaire "pour protéger les siens", l'adjointe au maire de Marseille souligne une certaine "hypocrisie" dans les décisions prises.« Les commerçants ne sont pas coupables de l’explosion des cas de COVID-19. Il faut dédoubler les bus à Marseille. Surtout quand on a compté à Marseille, 30% de touristes en plus. » @BFMTV pic.twitter.com/SG3GxV57Ow
— Samia GHALI (@SamiaGhali) August 25, 2020
"Les rassemblements vont se reporter vers des lieux privés. Notamment chez les jeunes. On sent aussi une forme d’hypocrisie par rapport aux transports en commun ou la distanciation sociale est totalement absente".
Pour le préfet Christophe Mirmand, "il faut comprendre les enjeux sanitaires".
"Nous avons le risque d’un redémarrage de l’épidémie et d’une saturation des services hospitaliers", explique-t-il. "Les chiffres de SOS Médecins traduisent une recrudescence de la maladie. Ces indicateurs justifient aussi ces mesures".
Jusqu'à 3750 euros d'amende
Pour inciter la population, le préfet compte sur l'appui des forces de police et de gendarmerie qui "multiplieront les contrôles".
Le préfet se dit confiant : "je crois à la pédagogie", a-t-il précisé. " Notre objectif est d'éviter le durcissement des mesures".
Le contrevenant risque toutefois 135 euros d’amende au premier contrôle, mais "jusqu’à 3750 euros et six mois de prison en cas de verbalisations répétées dans un délai de quinze jours".