A la veille de son audition devant la commission d'enquête du Sénat, le professeur Didier Raoult s'est exprimé dans la Matinale de CNews ce lundi matin. Il fait notamment le point sur les mutations du virus, les tests de dépistage et l'hydroxychloroquine.
Alors que le département des Bouches-du-Rhône est dans le viseur du conseil scientifique et que Marseille s'apprête à de nouvelles restrictions contre l'épidémie de la Covid-19, le directeur de l'IHU Méditerranée est apparu détendu et surtout pas alarmiste ce lundi, face à Laurence Ferrari dans la Matinale de CNews.
"Depuis le départ, c'est un peu difficile de m'alarmer, ce qu'on voit c'est qu'il faut tester les gens et les traiter. Qand on les teste et qu'on les traite, la mortalité est extrêmement faible," rappelle d'entrée le professeur Raoult, qui a reçu ce week-end lesoutien de 200 médecins.
"Si on fait le diagnostic des gens et qu'on s'en occupe, la mortalité, à part chez des gens qui ont une très faible espérance de vie, est très faible comme nous l'avons observé, nous, depuis le début", explique le virologue rappelant au passage que "des études montrent que l'hydroxychloroquine réduit de 50 % la mortalité."
Près d'un cas positif sur deux serait "faux positif"
"Il faut faire attention, il y a plus de positifs qu'il y a trois semaines ou un mois, mais il y a plus de gens testés et il y a actuellement beaucoup de faux positifs" souligne-t-il parlant des tests PCR.Sur l'augmentation des cas ces derniers mois, le professeur Raout explique que "le virus répresente des mutations" et que son service a pu mettre en évidence sept clones de virus sans pouvoir dire pour l'instant si ces mutations rendent le virus moins dangereux.On a jusqu'à 44 % de faux positifs quand on contrôle des gens qui ont été positifs ailleurs.
"Ce que l'on voit pour l'instant, c'est que les marqueurs de gravité chez les patients infectés actuellement sont beaucoup plus faibles que ce nous voyions jusqu'en mai", note-il.
Des tests généralisés et une quatorzaine ramenée à sept jours
"Je suis content, il y a des gens qui finissent par faire ce que je leur proposais il y a quelques mois", ironise le professeur marseillais à propos des tests généralisés et de la réduction de la période d'isolement à sept jours."Quatorzaine ça n'a aucun sens," estime-t-il.
"Tout ça, je le disais il y a des mois, déclare-t-il, je regrette qu'ils ne se soient pas encore rendu compte que l'hydroxychloroquine est un médicament anodin, qui dans la plupart des pays du monde permet d'améliorer ou de sauver les gens".Sept jours c'est plus raisonnable, c'est la période d'incubation.
Pour lui, "une des raisons des problèmes de gestion de cette crise, c'est l'affolement".Il n'y aurait qu'en France que l'hydroxychloroquine ne fonctionne pas ?
— Didier Raoult (@raoult_didier) September 14, 2020
En Iran (459 patients) et en Arabie Saoudite (5541 patients), effet très favorable de l'hydroxychloroquine sur la mortalité.https://t.co/gx6WCI64Wfhttps://t.co/67fD9i3Hkk
"Il ne faut pas affoler les populations, il ne faut pas s'affoler soi-même et prendre des décisions calmes".
Pas de problème d'organisation à Marseille
Interrogé sur le problème des laboratoires débordés par les demandes de tests, il répond : "On a aucun problème de délais ici. Sur les gens qui viennent, notre temps moyen de réponse est de huit heures", assure le patron de l'IHU Méditerranée.Le professeur Raoult explique qu'il adapte son organisation au jour le jour dans son institut pour gérer les files d'attente, avec des systèmes de tickets et l'asssistance des marins-pompiers et de la police.Il n'y a aucun test qui soit rendu après 24 heures, et dans des circonstances d'urgence, nous avons des PCR en 20 minutes.
Il "regrette que le ministre de la Santé ne soit pas venu voir comment ça marchait ici" pour s'inspirer de sa méthode "plutôt que de (le) traiter comme le vilain petit canard."
Le professeur Raoult réaffirme qu'il faut faire attention aux risques de transmission de "cette maladie contagieuse", notamment lors de grandes réunions comme les mariages, mais il ne juge pas utile de "cloisonner tout le monde".
Les mains, mode majeur de contamination
"Je vois que ces mesures restrictives affolent les gens et affolent même mes confrères et j'en suis inquiet. Notre métier c'est, tous les jours, de s'occuper des gens, de faire des tests, de les soigner, pas de faire des déclarations intempestives ni d'affoler la population. Ça ne sert à rien et ça a des effets contraires".Dans cet entretien, le professeur rappelle aussi qu'il y a un risque supérieur d'être infecté sans masque lorsque l'on est à 30-40 cm de quelqu'un mais il insiste sur le mode majeur de contagion de cette maladie que sont les mains.
"Il faut se laver les mains 20 fois par jour", recommande-t-il soulignant que c'est ce qu'il fait lui-même et qu'il n'a pas été contaminé.