La crise sanitaire liée au coronavirus a entrainé des difficultés financières et problèmes d'accès aux soins pour les malades du cancer. Ils racontent comment ils ont fait face. Des associations comme la Ligue contre le cancer ont représenté une bouffée d'air pour eux dans les Bouches-du-Rhône.
Pendant la crise sanitaire Alassane n'est pas sorti de chez lui. Des amis faisaient les courses pour lui et il n'a pas vu ses enfants pendant toute la durée du confinement.
Diabétique et atteint d'un cancer de la prostate depuis trois ans, le marseillais de 45 ans a eu très peur du coronavirus.
"J'appréhendais de faire ma chimio car mon système immunitaire était très bas, et comme je suis une personne à risque on me disait de faire très attention", explique-t-il.
Ses séances de chimiothérapie ont été décalées trois fois. Surtout parce qu'il était trop faible. Et quand il se rendait à l'hôpital c'est avec "la panoplie complète. Gants, masque... pour prendre le moins de risque possible", raconte-t-il.
Pour tenir le coup pendant cette période très solitaire, il téléphonait à ses enfants tous les jours. Alassane est séparé et a préféré rester isolé par précautions même si "ça a été difficile".
Il a surtout gardé le lien avec La ligue contre le cancer des Bouches-du-Rhône à laquelle il adhère depuis le début. Régulièrement il était en ligne avec Michel un bénévole de l'association rencontré à la salle de sport. "Je l'appelle tous les jours, ça porte".
Avant, Alassane était magicien lors de spectacles. Depuis sa maladie, il ne travaille plus. Grâce à l'association, il a bénéficié pendant la crise d'une aide financière de 400 euros. "Ça met du beurre dans les épinards ! On a de la chance d'être dans un pays avec des associations comme celles-là!", sourit-il.
"Aider les autres, m'a aidé"
Naouelle, 46 ans, elle, a choisi de continuer à travailler pendant cette période. Malgré son cancer du sein, diagnostiqué en 2018, cette femme dynamique se fait un devoir d'être présente pour les malades.
En tant que référente des agents des services hospitaliers en oncologie à l'hôpital Saint-Joseph, Naouelle "ne voulait pas lâcher ses compatriotes", explique-t-elle. "Aider les autres, m'a aidée".
Elle dit avoir continué aussi grâce au soutien de la ligue contre le cancer qui l'a "boostée".
Depuis, elle suit les cours de sport de l'association, voit une psychologue, une esthéticienne...et n'arrive plus à se détacher d'eux !
Pendant le confinement elle ne manquait pas les cours en ligne. Un groupe d'une quinzaine de personnes se retrouvait régulièrement : "J’assistais au sport, aux cours avec la diététicienne, ou suivait la sophrologue... C'est stimulant, ça m’aidait personnellement".
A cause de la pandémie de coronavirus, de nombreux patients ont vu leurs examens médicaux repoussés.
"Il suffisait qu’on ait de la fièvre, la chimiothérapie était annulée, donc ça reculait le traitement des patients... ça a été difficile pour pas mal de personnes, tout comme le fait de garder le masque pendant les cinq heures d'une chimio", ajoute Naouelle.
Avec l'arrêt du dépistage près de 30 000 cas de cancers n'ont sans doute pas pu être diagnostiqués en France. L'arrêt de la chirurgie oncologique a eu également des conséquences.
La ligue contre le cancer des Bouches-du-Rhône a poursuivi ses permanences téléphoniques 7 jours sur 7. L'équipe de quatre salariés et plusieurs dizaines de bénévoles à Marseille, mais aussi Aix, Salon-de-Provence et Arles a noté une "grosse angoisse" chez les malades.
L'isolement fait qu'on se replie sur soi-même et on angoisse.
"Pour les personnes qui suivaient un protocle d’examen tout a été retardé", explique Magali Maugeri, directrice de la Ligue contre le cancer des Bouches-du-Rhône.
Les personnes malades ont déploré "le manque de contact avec leur équipe soignante pour beaucoup, des interlocuteurs qui n’étaient plus disponibles... Ça a été très difficile, l’isolement fait qu'on se replie sur soi-même et on angoisse", détaille Magali Maugeri.
Alors pour conserver ce lien qui s'effilochait, l'association a rivalisé d'inventivité. Trois psychologues se sont relayés au téléphone. Et 30 minutes d'activités par jour étaient proposées régulièrement sur les réseaux sociaux.
L'association compte 14.000 adhérents financiers dans la région et 200 participants aux activités regulières. Elle vit essentiellement grâce aux dons "qui ont dégringolé" en cette période.
Un live Facebook avec le chanteur Patrick Bruel a permis de récolter plus de 15.000 euros, que l'artiste a doublé avec son propre don, le 10 mai dernier.
Publiée par Patrick Bruel sur Dimanche 10 mai 2020
Distribution de repas solidaires
Pas facile de bien s'alimenter parfois quand on est malade et dans la précarité. Alors la ligue contre le cancer des Bouches-du-Rhône, avec l’aide des Restos du cœur, met en place une distribution de paniers repas pour aider les familles touchées par le cancer.
Certaines d’entre elles ont vu leurs revenus très impactés par ce contexte épidémique.
Les personnes concernées par ce dispositif pourront se rendre au stade Vélodrome mis à disposition par l’OM Fondation vendredi 12 juin, où 200 paniers repas seront distribués.
Les gestes barrières et le port du masque seront bien sûr de mise !