Covid-19 : à partir de vendredi, interdiction de danser dans les bars et restaurants

Après l'annonce de la fermeture des discothèques pour quatre semaines, le gouvernement a décidé d'interdire "les activités de danse" dans les bars et restaurants. Un nouveau coup dur pour la profession.

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La pointe du pied qui commence à battre le rythme, un début de déhanchement avec la montée du volume. Vous aimez la bamboche, la musique, enflammer la piste et lâcher prise? Dernière chance ce jeudi soir…

Car dès vendredi 6 heures du matin, et ce jusqu’au 6 janvier, il sera impossible de danser, dans les bars, les restaurants, au même titre que dans les boîtes de nuit. Le gouvernement a publié mercredi un décret, ajoutant, à la fermeture des discothèques, l’interdiction "des activités de danse" dans les bars et restaurants.

Encore un coup de massue pour les professionnels de la restauration, qui après avoir rouvert leurs établissements le 9 juin, voient le vent tourner, et craignent de nouvelles fermetures.

"On sacrifie tous les lieux qui créent du lien social"

C’est le cas de Hazem El Moukaddem. Il est le Président de l’association des commerçants de la Plaine. C’est là où bat le cœur nocturne de Marseille. Hazem gère plusieurs établissements dans le quartier, et notamment une boîte de nuit, le Montana, et le Molotov, petite salle de concert en haut de la rue d’Aubagne.

"Pour le Molotov, rien ne nous interdit d’ouvrir. Mais il y a une interdiction de danser ! C’est le flou ! On veut bien appliquer la loi, mais encore faut-il la comprendre !" explique-t-il.

Ce qui le touche le plus, lui comme tous les professionnels du quartier,  c’est "qu’on sacrifie tous les lieux qui créent du lien social".

"On est pas là pour critiquer la politique sanitaire, c’est un problème international, et nous ne sommes ni scientifiques ni médecins. Par contre, on nous pointe systématiquement du doigt, alors que le problème est global. Augmentons plutôt le nombre de lits dans les hôpitaux", conclut Hazem.

L’entrepreneur pensait recruter cette année. Il a choisi de créer des CDD, qui ne seront pas renouvelés aux vues du contexte : "en CDI, mes salariés auraient été protégés en cas de fermeture".  

"Je n’ai plus envie de faire vivre ma ville"

Même sentiment d’abattement pour Hervé Franquet, le patron du bar O’Central à la Ciotat. Dans son établissement, on boit, on danse, on écoute des concerts, et assiste à des matchs.

Une ambiance festive, "qui fait vivre la ville", explique le patron. "Je vois l’histoire se répéter… Si on doit refermer, ce sera l’incompréhension. On a respecté les règles. On a même eu une obligation vaccinale, comme les soignants" , se désole Hervé.

Et pourtant, il comprend l’interdiction de danser dans les bars. Un peu par "solidarité" avec les boîtes de nuit : "s’il est interdit de danser dans les discothèques, je ne vois pas pourquoi on le ferait au restaurant ou un bar".

Au O’Central d’ailleurs, on ne danse plus depuis septembre. A l’exception des matchs de foot ou de rugby, Hervé Franquet a stoppé tous concerts, ou animation. Une "épée de Damoclès" au dessus de la tête, il n’a "plus envie d’animer" son bar, de "faire vivre sa ville". Et pourtant, c’est son cœur de métier.

Cette décision gouvernementale, est fondée sur une étude, publiée en novembre dans la revue médicale The Lancet.

L’étude, réalisée par l’Institut Pasteur du 23 mai au 13 août, avait conclu que les discothèques étaient des lieux clos, mal ventilés, en bref, "des lieux à haut risque de transmission".

"C’est une histoire sans fin"

La sentence gouvernementale, bien que provisoire puisque le décret ne s’applique pour l’instant que jusqu’au 6 janvier, ne passe pas pour Bernard Marty.

Le président de l’UMIH Paca Corse (Union des métiers de l'hôtellerie et de la restauration) ne mâche pas ses mots : "le risque sanitaire n’est absolument pas écarté. Les jeunes continueront de danser, de faire la fête. Chez nous, avec le passe sanitaire, on est plus protégé que dans les lieux privés, pire, les fêtes sauvages".

Aujourd’hui, Bernard Marty rencontre Elisabeth Borne justement. C’est la ministre du travail, en visite à l’hôtel de Région. "A quoi ça sert de défendre l’emploi si on a plus d’entreprise", s’indigne le restaurateur.

L’Etat a bien annoncé des aides, pour payer les coûts fixes. "Si on ne fait plus de recettes, comment on paiera nos charges, quand les aides finiront ?".

Bernard Marty s’inquiète également du remboursement du PGE, le Prêt Garanti par l’Etat, consenti aux entreprises affectées par la crise sanitaire depuis un an Les premières échéances doivent être remboursées à partir de mars 2022.

"Pour les restaurateurs qui ont payé leurs dettes avec le PGE, ils auront encore plus de dette. C’est l’histoire sans fin" se désole-t-il.  

"Je pensais qu’on allait passer à travers avec la vaccination"

Une histoire, qui se répète aussi pour certains consommateurs. Privés de troquets, de cafés en terrasse, de concerts, de théâtre pendant trop longtemps, pour ceux qui aiment la vie nocturne, cette nouvelle annonce a le goût d’une bière chaude. 

C’est le cas de Marie. 40 ans et une poignée de jours, elle avait l’intention de réunir vendredi soir une trentaine d’amis, dans un restaurant privatisé pour l’occasion.

Et elle comptait bien accepter sa quarantaine, en lâchant prise sur le dancefloor: "J’étais dégoûtée quand j’ai entendu les annonces ! De toute façon on va manger sans masque. Est-ce qu’on se contamine plus en dansant ? Sur du Zouk peut-être !" ironise-t-elle.

Si la quadra comprend les nouvelles mesures sanitaires, avec l’arrivée de la 5ème vague de Covid, elle pensait "qu’on allait passer à travers grâce à la vaccination".

Marie aussi sent venir la prochaine fermeture des salles de concert, des théâtres, des musées… Mais elle prend cela avec philosophie : vendredi soir c’est sûr, la soirée sera belle.          

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