Conséquence de la saturation des services de réanimation dans les hôpitaux marseillais, des interventions sont déprogrammées. À Marseille, la chirurgie cardiaque est la plus impactée.
Le variant Delta reste la première cause de saturation des services de réanimation dans les hôpitaux marseillais, mais en ce début d'année, les autorités sanitaires redoutent l'impact de la vague Omicron.
Ce n'est qu'une question de jours avant qu'elle déferle. Les hôpitaux doivent déprogrammer un maximum d'interventions qui peuvent l'être pour faire face à l'afflux de malades du covid, alors que plus de 500 médecins marseillais ont lancé un appel à la vaccination.
La chirurgie cardiovasculaire est la plus impactée, souligne le Pr Frédéric Collart, chef du service de chirurgie cardio-thoracique et greffes cardiaques à l'hôpital de la Timone.
"Pour opérer quelqu'un du cœur on a obligatoirement besoin d'une place en réanimation et là à la Timone, 100 % des places sont occupées par des Covid", explique-t-il, donc on a très peu de places de réanimation".
À cela s'ajoute le transfert de personnels des blocs vers les unités de réa Covid,ce qui entraîne des fermetures de salles opératoires, et donc moins de disponibilités pour les opérations de patient non-Covid.
Son service qui fonctionne normalement avec quatre salles pour la chirurgie cardiaque ne dispose actuellement que d'une salle et demie par jour.
"Et parfois quand on a une salle, on ne va pas pouvoir opérer parce qu'on n'a pas de place en réa, comme aujourd'hui", constate le professeur de la Timone qui n'a pu réaliser que deux interventions sur les trois prévues.
L'insupportable attente
Cet après-midi, il a dû expliquer à cette patiente qui attend son opération à cœur ouvert depuis quatre mois, que c'est partie remise à demain.
À jeun depuis le matin, prête à passer au bloc, elle supporte mal ce nouveau contretemps. "Ils m'ont donné un cachet pour me détendre parce que je suis tellement angoissée et stressée", confie-t-elle.
Je commence à perdre patience parce que c'est très long. C'est quand même une opération assez urgente, c'est ma vie qui en dépend.
Une patiente en attente d'opération
Plus le droit de travailler, faire du sport, faire ses courses ou son ménage... "Ma vie est sur pause", regrette cette femme qui a toujours été très active.
Les associations de patients et les médecins alertent sur les conséquences graves de ces déprogrammations.
"La déprogrammation de malades non Covid injustement exposés à des retards de prise en charge et à des pertes de chance ou à des renoncements aux soins (...) nous ramène à une situation déjà connue à plusieurs reprises depuis le début de l'épidémie", s'est désolée la principale fédération de représentants de patients, France Assos Santé, dans une tribune de soutien aux professions de santé rendue publique le 16 décembre.