Salles de sport, restaurateurs, la colère gronde chez les professionnels contre les mesures sanitaires dans la Métropole Aix-Marseille. Certains annoncent clairement leur refus de fermer et de se conformer aux directives nationales.
"Nous sommes au fond du trou", se désespère Juliette Clotagatide, directrice du centre de Yoga "Hot Yoga studio", basé à Marseille.
Comme pour ses homologues, le confinement a déjà été une rude épreuve financière et ces nouvelles mesures viennent assombrir la courte éclaircie entrevue post-épidémie.
Une réorganisation forcée
En temps normal, ce studio de Yoga accueille 40 élèves par cours. Depuis la crise de Covid-19, la jauge est réduite de moitié.Tout comme le chiffre d'affaire de Juliette.
" 30% de mes élèves ne sont pas revenus, par peur du virus, heureusement, des nouveaux se sont inscrits", explique la directrice.
Cette rentrée, on y a cru.
Se renouveler pour rebondir
Pour attirer de nouveaux élèves, après le confinement, Juliette Clotagatide a contracté un nouveau prêt de 40.000 euros. "Pour sauver ma trésorerie, souligne-t-elle. D'une part pour éponger le manque à gagner pendant la fermeture et aussi pour se renouveler."J'ai changé le nom du studio, des nouveaux cours sont proposés, et il y a plus de cours aussi", détaille la directrice.
Qui dit plus de cours dit aussi plus de professeurs. Ils sont 12 au total à travailler dans ce studio. Et tous sont à leur compte. Sans cours, plus de revenus.
Septembre, le mois crucial
"Le mois de septembre pour les clubs de sport, c'est le mois des inscriptions. Si on nous force à fermer pendant cette période, on nous tue", explique Juliette Clotagatide.Reste un faible espoir, celui d'un assouplissement, stipulé par les très attendus décrêts préfectoraux où seront détaillées les mesures sanitaires.
"Si les cours sont limités à 10 personnes, ce n'est pas rentable, et cela veut dire que je ne sais pas ce qu'il adviendra de mon entreprise en décembre, ce serait la fin", se désespère la directrice.
Dans ces décrêts, sont attendus également les explications précises sur le type de clubs de sport touchés.
Suivant le code APE du registre du commerce, certains clubs sont estampillés "activités de sport" et d'autres "activités loisirs et culture".
Dans ce dernier cas, il semble que la pratique sportive soit encore autorisée. Une nouvelle "injustice" pour les professionnels qui ne le sont pas.
Appel à manifester
Installée depuis huit ans, le studio de Juliette Clotagatide était sur de bons rails, avec des habitués qui apprécient de venir. La trésorerie se portait bien. Les emprunts étaient tous remboursés. Avec l'épidemie de Covid, tout s'est arrêté." Nous ne sommes pas représentés par un syndicat, comme les restaurateurs, eux ont une force de frappe, nous on est trop petits et pas regroupés", se désole la directrice.
"On se demande même si on ne va pas faire de la désobéissance. Je peux aller en prison si je refuse de fermer ?", s'interroge Juliette en colère.
Elle sera tout de même ce vendredi devant le tribunal de commerce de Marseille. Un regroupement est prévu à 9 h pour protester contre les mesures imposées par le ministre de la Santé.
Un regroupement de restaurateurs, de gérants de salles de sport mais aussi de citoyens venus de toute la métropole Aix-Marseille pour les soutenir.
"On ne fermera pas"
A Salon-de-Provence, un restaurateur fait de la résistance.Henri Roveccio, patron de "l'Authentik Salon" a fait une vidéo ce jeudi matin pour exprimer "son incompréhension face à de telles mesures imposées sans concertation."
Les amis, Nous sommes révoltés suite à cette mesure prise par notre cher Mr Veran !! Le but est de faire couler les restaurateurs ? Je suis outré !! Même si nous avons la chance de pouvoir passer ce cap nous pensons à tous nos confrères en difficulté ! Partagez cette vidéos !! NOUS NE FERMERONS PAS !!!
Publiée par L'Authentik Salon sur Jeudi 24 septembre 2020
"On fait 10 à 15 couverts de moins par service", constate ce restaurateur du centre-ville de Salon-de-Provence.
En parallèle de cela, il explique avoir investi près de "1.400 euros en produits virucides et matériels pour le repect des normes sanitaires post-Covid".
Une fermeture fatale pour certains
Son restaurant, ouvert le midi, a la chance d'être "bien installé depuis trois ans", mais il pense aux structures plus faibles. Selon lui "ces restaurants n'auront pas les reins assez solides pour s'en sortir avec 15 jours supplémentaires de fermeture"."Ce mois de septembre est aussi le mois où les entreprises doivent s'acquitter des taxes et charges qui avaient été reportées pendant le confinement. Une nouvelle fermeture serait fatale", estime Henri Roveccio.
"Par solidarité, je ne vais pas fermer, j'ai prévenu mon avocate, et j'irai jusqu'au bout car je ne souhaite pas payer non plus les amendes", insiste le restaurateur.
Le chiffre d'affaire de ce restaurateur est en baisse de 6% sur ce mois de septembre, et de 13% depuis le confinement.
"Ces 15 jours, on en a tous besoin dans notre trésorerie", insiste Henri Roveccio.
"Faire fermer tout le monde revient à faire payer les bons pour les mauvais", assène-t-il. Selon lui, "il faudrait plutôt renforcer les contrôles et mieux faire respecter les règles".