"On ne sait pas comment s’en sortir mais on doit s’en sortir" : la crise du PS plombe l’ambiance à l’ouverture du 80e congrès du parti à Marseille

Le 80ème congrès du PS se tient au Pharo à Marseille de ce vendredi 27 au dimanche 29 janvier. Après la réélection contestée d'Olivier Faure à la tête du parti, le secrétaire fédéral invite à l'apaisement dans "une ville qui incarne l'union de la gauche".

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Ce lundi 23 janvier, c'est un huissier, appelé par la direction du parti, qui a débarqué au siège du PS à Ivry, avec pour mission de valider le recomptage des voix. La commission de récolement des votes s'était réunie tout le week-end, confirmant la victoire d'Olivier Faure avec 51.09 % des voix. Mais le premier secrétaire tenait à clouer le bec aux accusations de fraudes proférées par son rival Nicolas Mayer-Rossignol. L'huissier dit avoir recoupé les résultats, ce qui est sensé faire retomber la pression. Mais cette transparence revendiquée par la direction du PS laisse entrevoir des querelles de famille bien malvenues au moment où les projecteurs sont braqués sur le 80ème congrès du parti à la rose qui s'ouvre à Marseille ce 27 janvier.

Position délicate

Les remous ont gagné la cité phocéenne où la Fédération des Bouches-du-Rhône s'active pour accueillir des militants venus de tout l'Hexagone. Débats, tables rondes et prises de parole à la tribune, il s'agit pour les socialistes de s'accorder sur la ligne stratégique du parti autour des textes d'orientation adoptés par vote le 12 janvier. Vue d'en bas, la crise parisienne " n'est pas belle à voir" lâche Marie-Arlette Carlotti. " J'ai honte de ce qui se passe dans mon parti." La sénatrice PS est très remontée " contre l'auto-proclamation d'Olivier Faure premier secrétaire", invoquant un " déni de démocratie". " Si l'on continue à livrer une image aussi ridicule de nous-mêmes, cela pourrait laisser des traces indélébiles" déplore-t-elle, contestant la " légitimité politique et morale du premier secrétaire". Sa voix retentit au milieu du silence gêné des élus socialistes locaux.

La fin en rose

D'autres figures du cru, comme Jean-David Ciot, ont choisi d'afficher une distance face aux déchirements des cadres du parti: " Je ne veux pas en rajouter". L'ancien secrétaire fédéral, aujourd'hui maire du Puy Sainte-Réparade et conseiller métropolitain confie tout de même qu'il trouvait déjà la lessive du linge sale en public " indécente quand on était majoritaire, a fortiori depuis que l'on est minoritaire... " Et de conclure rapidement qu'il n'est pas certain de prendre part au congrès " retenu par ses vœux en Mairie". De son coté l’ancien député socialiste des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci, glisse dans les colonnes du journal Le Monde qu'Olivier Faure " ne peut s’en sortir que par un accord politique".

Le premier secrétaire fédéral Yannick Ohanessian, " très occupé" ces derniers temps par ses fonctions d'adjoint dans l'équipe municipale de Benoît Payan, sort de sa réserve pour apporter une touche de couleur dans le tableau :" bien sûr que je suis en colère et j'ai bien passé quelques coups de fils, mais il faut s'extraire des postures et des excès. Ceux qui sont dans l'acrimonie n'ont pas leur place dans ce congrès".

J'invite nos états majors à prendre leurs responsabilités pour que ce congrès de Marseille soit celui de l'apaisement.

Yannick Ohanessian, premier secrétaire fédéral PS des Bouches-du-Rhône.

Le patron de la fédération des Bouches-du-Rhône, dit avoir proposé Marseille pour accueillir ce 80ème congrès, " une ville-symbole de l'union de la gauche", où le Printemps marseillais a fait une démonstration de force aux dernières municipales, renversant la table et 25 ans de domination de la droite. Cet ancien cheminot, aujourd'hui quadragénaire se souvient de ses jeunes années militantes. " L' affaire Guérini a fait la une des journaux, la fédération a été mise sous-tutelle, on a perdu lamentablement la municipale en 2014... Je n'ai jamais cédé au découragement. Au contraire, je me bats pour tourner la page ".

Fier d'afficher 1500 adhérents au compteur de sa fédération au 1er janvier 2023, il insiste sur les 100 nouveaux "encartés" gagnés en une année.

Un astre mort

Pourtant, au niveau national, les chiffres délivrent un autre signal. Le nombre de militants divisé par dix depuis 2012, se situe sous la barre des 30 000. Au delà de la crise d'appareil qu'essuie le parti à la rose, une question plus profonde se pose sur l'état de ses fondations. Philippe Aldrin, professeur de science politique à l'IEP d'Aix en Provence s'interroge: "le Parti Socialiste est-il encore un parti de gouvernement ?"

Autrefois centre gravité de la gauche, privé de ses militants et de son électorat, comme en témoigne le score historiquement bas de 1.7 % à la présidentielle, déconnecté de sa ligne politique, Philipe Aldrin entrevoit le PS, comme " un astre mort", éclipsé de toutes façons au bénéfice de la Nupes incarnée fermement par Jean-Luc Mélenchon.

Il faut dissocier ce qui est en train de se passer, qui n'est autre qu'une confrontation de personnalités, de ce que le Parti socialiste représente aujourd'hui. Il n'est plus un point de repère dans la boussole politique.

Philippe Aldrin, professeur de science politique

Mais alors, que faut-il attendre de ce congrès ? "On assiste à de l'indiscipline partisane, car il n' y a plus de loyauté à une ligne du parti. Il peut y avoir des tractations, des gens qui ont fait le pari d'une coalition contre Faure, mais il est très difficile de faire des prédictions", conclut Philippe Aldrin qui affirme que l'heure de vérité, sonnera non pas durant le congrès, mais dans les mois et les années à venir.

Les pendules à l'heure

"L'heure n'est ni à un nouveau vote, ni à des conciliabules infinis". Olivier Faure semble vouloir siffler la fin de la récréation à la veille du congrès. Il s'attend à être chahuté par deux oppositions : celle menée par la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, et l'autre moins radicale portée par le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol.

Mais du coté du Pharo, en pleine effervescence, les socialistes ont décidé de se mettre sur la même ligne, celle de l'apaisement. "Malgré tout, ce congrès doit se passer dans la dignité" affirme Marie-Arlette Carlotti  "par respect pour les militants, leur engagement de terrain. On se sait pas comment on va s'en sortir, mais on doit s'en sortir... correctement."

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