Chaque année, c'est la croix et la bannière pour trouver une place dans un centre aéré à Marseille. Après le coronavirus et la réduction des capacités d'accueil des enfants à cause du protocole sanitaire, comment s'organisent les structures pour faire face ? Etat des lieux.
Se lever à trois heures du matin la nuit pour aller faire la queue devant le centre aéré pour inscrire ses enfants. Un rituel que connait bien Lydia, cette maman de jumeaux qui vit dans le 1er arrondissement de Marseille.
Elle sort tout juste de la Maison pour tous - centre social Fissiaux, dans le 4e arrondissement, où elle vient d'obtenir une place pour ses jumeaux, quinze jours cet été. Elle en souffle de joie.
"Cette année comme mes enfants sont inscrits au centre le mercredi, ils ont pu avoir une place pour cet été ! Mais chaque année c'est la même galère".
Des listes pour éviter la bagarre dans les files d'attente
Lydia raconte le système de listes qu'ont mis en place les parents pour que chaque personne qui arrive dans la nuit soit répertoriée et puisse espérer un accueil pour ses bambins.
"S'il n'y avait pas cette liste tenue à jour, ce serait l'apocalypse. Quand on arrive, on est inscrit dessus. Je suis souvent trentième, même au milieu de la nuit ! Comme j'ai des jumeaux, il me faut deux places ! On veut aussi la qualité d'un centre aéré, l'un dans l'autre il faut le faire", ajoute Lydia.
Si l'organisation est "top et avance" dès que les inscriptions ouvrent au petit matin, la maman de Capucine et Louis-Marie se désole de devoir en arriver là à chaque fois.
"C'est juste l’attente, la pression, on se demande si on va avoir une place. Je ne comprends pas que les parents qui travaillent tous les deux ne soient pas prioritaires. J'ai failli perdre mon travail car je n'avais pas de solution de garde", confie l'animatrice commerciale pour une mutuelle.
Comme elle, des milliers de parents sont confrontés au même problème de manque de places dans la cité phocéenne, à chaque période de vacances scolaires.
"Mon public paie 10 à 15 euros par jour, il ne peut pas mettre plus. Chaque année, c'est la même chose, on doit renvoyer des gens sur liste d'attente", indique Bernard Soriano, directeur de la Maison pour tous Fissiaux, "mal à l'aise" de ne pouvoir satisfaire tout le monde.
Le centre social est déjà complet pour l'été. D'autant qu'il a dû, comme tous les lieux d'accueil et de loisirs réduire sa capacité à cause des mesures sanitaires. "Aujourd'hui j'ai huit enfants par salle chez les petits et onze pour les plus grands. Je passe d’un agrément 110 personnes à 70 maximum. C'est une perte énorme".
Les gens sont prêts à se battre pour avoir une place
La frustration des parents, Fabrice Pruneta, délégué territorial à l'enfance pour Léo Lagrange la connaît bien. "Les gens sont prêts à se battre pour avoir une place", dit le délégué de la fédération qui a dû réorganiser tous ses séjours. Certains ont été annulés à cause du protocole sanitaire à mettre en place.
"On a prévu des renforts pour l'encadrement cette année, car toutes ces mesures de sécurité sanitaire représentent du stress pour les animateurs, sur le pont souvent dix heures par jour".
Pour autant, Fabrice Pruneta, note de son côté "moins de demandes que l'année dernière pour le moment".
Toutes ces structures attendent l'élaboration d'un nouveau protocole sanitaire "plus allégé" qui devrait sortir lundi 22 juin.
Face à la pénurie de places dans une ville en tension comme Marseille, ces professionnels réclament "un vrai plan Marshall pour développer l'accueil des loisirs", commente Ronan Paturaux directeur de l'IFAC, l’Institut de formation, d’animation et de conseil Méditerranée.
L'IFAC gère neuf centres de loisirs et sept clubs adolescents à Marseille, soit 1 040 enfants chaque jour en temps normal. Cette année, sa capacité est réduite de 40 % à cause du Covid-19.
? Les stages ont repris dans le respect des mesures sanitaires. Ces stagiaires BAFD d'Avignon se souviendront longtemps de cette expérience ! ?
Publiée par Ifac Provence sur Mardi 16 juin 2020
"On a un problème de locaux d'accueil à Marseille, avec un manque criant d'équipements adaptés à accueillir un public important, s'alarme le directeur, contrairement à d'autres villes avec qui on travaille comme Nîmes, Peynier ou Trets par exemple. Et ça crée beaucoup de frustrations chez les parents".
Et de conclure amer, "pour une famille avec deux enfants, il fait presque mieux vivre hors de Marseille finalement..."