Après deux mois d'arrêt, les coiffeurs vont rouvrir leurs salons. Une bouffée d'oxygène très attendue des indépendants du secteur lourdement impactés financièrement par le confinement. Certains se demandent comment respecter les consignes sanitaires et s'inquiètent de leur coût.
Depuis deux mois que les coiffeurs ont tiré le rideau, leurs clients montrent un certain laisser-aller capillaire. Plus de cheveux blancs pour ces dames et des nuques longues chez ces messieurs. A l'image de Jean-Luc Mélenchon, qui attend avec impatience la réouverture des salons.
" J'ai pas compris. Le 11 mai, il déconfine les coiffeurs, oui ou non ?" lance le député des Bouches-du-Rhône coiffé d'un catogan après avoir été chambré en marge du discours du Premier ministre à l'Assemblée.
La réouverture, ce sera le 12 mai pour Laurence et David, coiffeurs indépendants dans le 6e arrondissement de Marseille. Et cela suppose certains aménagements.J'ai pas compris. Le #11mai il déconfine les coiffeurs oui ou non ? #DirectAN https://t.co/3s2ml69ful pic.twitter.com/XWTCpZr4j5
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 28, 2020
La configuration de ce salon de 100 m2 permet de respecter sans problème un mètre de distance entre les clients.Une heure à une heure et demie pour nettoyer les tablettes, sièges, bacs après chaque passage.
"On prendra trois personnes maximum en même temps, indique Laurence. Masques obligatoires pour chaque cliente, lavage des mains au gel hydroalcoolique avant d'entrer dans le salon."
"On prévoit une heure à une heure et demie entre chaque cliente, pour nettoyer les tablettes, sièges, bacs après chaque passage" précise-t-elle.
Consignes sanitaires drastiques
Même souci de respecter les consignes sanitaires pour Johanna Fontaine, installée depuis quatre ans dans un appartement du 1er arrondissement. "J'ai réorganisé tout le salon pour qu'il y ait au moins un mètre cinquante entre les clientes, et je ne reçois jamais plus de deux clientes à la fois", assure-t-elle."Mais je ne pourrai pas respecter cette distance quand je coiffe, je porterai un masque et ma cliente aussi, indique Johanna, on va s'adapter".
Des clientes visiblement peu inquiètes des risques et pour qui l'urgence est capillaire. "Je reçois au moins sept messages par jour et mon carnet de prise de rendez-vous est plein pour les deux premières semaines", dit-elle.
Quel impact sur les tarifs
"Plus de café, plus de thé, plus de magazine, ça ce ne sera pas possible, prévient pour sa part Laurence qui va, par ailleurs, passer commande de "packs hygiène : peignoirs jetables, serviettes jetables, gants, masques, gel hydroalcoolique".Ce surcoût va forcément impacter les tarifs. "Ces packs hygiène nous sont facturés entre cinq et sept euros, mais je ne peux pas les répercuter sur un forfait "coupe brushing" de 49 €, c'est trop", s'inquiète-elle.
Laurence dirige ce salon avec son mari depuis dix ans. Depuis le 17 mars, ses deux employées sont en chômage partiel. Elle chiffre ses pertes à 40.000 euros. Et les prochains mois s'annoncent difficiles.Moins de clients, moins de chiffre d'affaires
Avec les contraintes de cette réouverture en mode "déconfinement", elle table sur un chiffre d'affaires en baisse de 30 %. "On va reprendre en effectif réduit, je vais devoir laisser une employée en chômage partiel, on verra en juin" annonce-t-elle.Une chose est sûre "pas de fermeture en août cette année, et même jusque fin 2020, il n'y aura pas de congés pour nous" prédit Laurence qui entend aussi ouvrir un jour supplémentaire par semaine pour compenser un peu le manque à gagner.
Patron d'un petit salon à Digne-les-Bains, Alain Coudair se fait l'écho de la situation "cauchemardesque" vécue par les 800 professionnels des Alpes-de Haute-Provence.
"On nous demande d'enlever un fauteuil sur deux pour respecter les espaces de coiffage avec la perte de chiffre que ça implique, de mettre des masques et des gants, de ne pas utiliser les sèche-cheveux", énonce-t-il dubitatif.
"Donc on nous demande de retourner au travail, mais de travailler moins et sans pouvoir faire notre travail correctement, dans des conditions de sécurité sanitaire qui ne sont pas claires pour nos salariés et nous-mêmes", plaide-t-il.