Les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont à Marseille toute la journée, ce 8 novembre. Bruno Retailleau et Didier Migaud ont donné une conférence de presse, dans laquelle ils ont dessiné les grandes lignes d’un plan de lutte contre le narcotrafic, à la fois judiciaire et législatif, sans pour autant faire d'annonces concrètes.
« Nous sommes ici pour conjurer le sort et montrer qu’il n’y a pas de fatalité ». Alors que l'exécutif demande "une mobilisation générale" contre le trafic de drogue, et la violence qui en découle, le narcotrafic est devenu le cheval de bataille du nouveau ministre de l'Intérieur, d'un côté et du ministre de la Justice, de l'autre. Pour une première conférence de presse commune sur le sujet et le lancement annoncé d'un plan contre la criminalité organisée, ils ont choisi Marseille. Voici ce qu’il faut retenir de cette conférence de presse très attendue après plusieurs fusillades meurtrières liées aux trafics de drogue ces derniers jours.
"Donner les moyens d'investiguer et de poursuivre"
"Il faut un électrochoc face à l’ampleur du phénomène". Répondant à la Commission d’enquête sur le narcotrafic, qui indiquait que “l'on était en train de perdre la guerre” contre les trafiquants, le garde des Sceaux affirme “nous sommes là pour conjurer le sort car il n'y a pas de fatalité", face à ce qu’il qualifie de "criminalité multiforme, grandissante et tentaculaire". Didier Migaud veut donner les moyens "d'investiguer et de poursuivre" les auteurs de cette criminalité, en développant les techniques d'enquêtes judiciaires notamment numériques, afin de démanteler les rouages financiers des organisations criminelles.
"Juger et punir" en faisant évoluer l'arsenal législatif
Didier Migaud annonce le renforcement des effectifs de justice notamment auprès des parquets qui en ont besoin, afin de "juger et punir". "Il faut des mesures immédiates et des mesures législatives pour sortir la France du piège du narcotrafic", a-t-il déclaré. Le ministre de la justice s'est dit "favorable à un pilotage fort constitué autour d'un véritable parquet national qui donnera beaucoup plus de visibilité et d'efficacité aux équipes".
Le garde des Sceaux a également annoncé la mise en place "dans les prochaines semaines" d'une "cellule de coordination nationale (...) chargée de dresser un état de la menace”, précisant que "les équipes du parquet de Paris travaillant sur la lutte contre la criminalité organisée au niveau national seront ainsi renforcées de 40%".
"Un avant et un après, comme pour le terrorisme"
Bruno Retailleau tient à ce que ce plan d'action marque une rupture. "Il y aura un avant et un après comme pour le terrorisme" promet-il, annonçant la mise en place de techniques spéciales de renseignement, "pour capter des informations à grande échelle" et améliorer le lien avec les informateurs. Le "vecteur législatif" devra s'accompagner du renforcement des moyens d'enquête. Il annonce, dans les jours à venir, la présentation d’un plan antistupéfiants.
"Le point de bascule, c'est le rajeunissement de ceux qui tuent et sont tués", affirme le ministre de l'Intérieur, face à la "submersion" de cette criminalité et évoque "la pieuvre" qui "menace désormais par la corruption, mais pas seulement, les intérêts fondamentaux de notre Nation".
Bruno Retailleau a insisté sur la nécessaire "symétrisation" dans la lutte contre la criminalité organisée et proposé "des armes pour être à égalité" face aux narcotrafiquants, ainsi que des nouveaux moyens d'enquête. Il envisage également une spécialisation de la chaîne judiciaire et d'une part de l'administration notamment l'Ofast (Office anti stupéfiants).
"C’est un combat national et une cause nationale dans une unité nationale "
"La pieuvre périra" affirme Bruno Retailleau, même s'il faut du temps, "dix ou quinze ans", prenant l'exemple de l'Italie. Il fait de la lutte contre la criminalité "un combat national", l'érigeant même en "cause nationale", persuadé que le projet de loi trouvera "une unité" au sein de l'Assemblée Nationale.
Bruno Retailleau assure qu’un "effort sans précédent" sera fait dans la cité phocéenne, avec notamment "95 policiers supplémentaires sur la voie publique ".