Didier Migaud et Bruno Retailleau sont attendus à Marseille ce vendredi afin d'annoncer une série de mesures contre le narcotrafic. lls rencontreront également des membres des forces de l'ordre, des familles de victimes et le maire de la ville, Benoit Payan, alors que le trafic de drogue gangrène la cité phocéenne.
Michel Barnier reçoit ce jeudi après-midi à Matignon les ministres Bruno Retailleau (Intérieur) et Didier Migaud (Justice) pour préparer les mesures contre le narcotrafic qui seront annoncées ce vendredi à Marseille, lors d'un déplacement des deux ministres dans la ville.
Ils sont attendus à Marseille vers 8 heures du matin. Le Garde des Sceaux et le ministre de l'Intérieur vont s'entretenir ce vendredi avec le maire de Marseille, Benoît Payan, ils se rendront également à la Préfecture des Bouches-du-Rhône pour une rencontre avec les associations et les familles de victimes. Ils sont également attendus aux commissariats de la Division nord et de l'Evêché.
Alors que les règlements de comptes entre narcotrafiquants sont particulièrement meurtriers et sordides dans la cité phocéenne, avec l'implication de jeunes de 14-15 ans comme tueurs à gages, le chef du gouvernement "souhaite une mobilisation générale contre la criminalité organisée" et demandera aux deux ministres "de donner des directives claires pour une mobilisation immédiate et un renforcement des moyens", a ajouté une source à l'AFP.
"Un point de bascule"
"Très mobilisé sur ce sujet", le Premier ministre "souhaite s'attaquer à cette menace inédite susceptible de porter atteinte aux fondements de notre institution" avec "un plan gouvernemental sur la base des travaux du Parlement, mais qui associera également d'autres ministères", dont celui du Budget avec les douanes et les services fiscaux, a précisé son entourage.
Après plusieurs fusillades sanglantes liées aux trafics de drogue, Bruno Retailleau avait jugé vendredi dernier que la France était à un "point de bascule" face au narcotrafic qui, selon lui, menace le pays de "mexicanisation". Il avait promis une "guerre" longue et sans merci contre ces trafics, passant notamment par un texte législatif début 2025.
"Des moyens supplémentaires"
Le garde des Sceaux, "totalement en phase" avec Bruno Retailleau, a affirmé qu'une "réponse très ferme de l'Etat" était nécessaire. Une réponse ultra-sécuritaire dans la lignée des plans successifs depuis 30 ans qui visent à endiguer, en vain, le trafic de stupéfiants.
Dans une interview accordée à Public Sénat, Didier Migaud dresse plusieurs pistes d'actions à engager, comme une meilleure coordination entre les différents services, ou encore "des moyens supplémentaires" aux structures existantes.
C’est notamment ce qui sera fait avant la naissance d’un parquet spécialisé : offrir de nouveaux moyens à une structure actuellement placée auprès du parquet de Paris. "Il faut pouvoir renforcer cette structure, dans l’attente d’un changement de statut", plaide le garde des Sceaux.
Il s'est également positionné en faveur du développement de la sensibilisation : "Il faut regarder l’ensemble des peines alternatives qui peuvent exister, il faut surtout multiplier les campagnes de prévention, dire que fumer de la drogue, ça peut être dangereux".
Un consensus transpartisan
Le Premier ministre entend "changer d'échelle dans le dispositif et la politique menée contre ce fléau", a détaillé son entourage, en recherchant "un consensus transpartisan" à partir de la proposition de loi des sénateurs Etienne Blanc (LR, Rhône) et Jérôme Durain (PS, Saône-et-Loire), qu'il a reçus la semaine dernière, et en associant le gouvernement et le Parlement "de manière pragmatique".
Le texte des sénateurs, qui doit être examiné le 27 janvier et vivement soutenu par Bruno Retailleau, propose notamment de recalibrer l'Office antistupéfiants (Ofast) en une véritable "DEA à la française", du nom de l'agence américaine de lutte contre la drogue, et de créer un parquet national antistupéfiants (Pnast).
La commission d'enquête qui s'est penchée sur le sujet avant la proposition de loi "est essentiellement répressive", a-t-il expliqué, en insistant cependant sur la nécessité de travailler également sur "le sanitaire et la prévention". "Toute la gauche doit s'engager maintenant dans ce combat", a complété Olivier Faure.