Cinq ans de prison ont été requis contre un ex-agent de la DGSI pour vente d'informations sur le darknet, et huit ans contre le chef présumé d'une bande criminelle marseillaise, à qui ces informations profitaient.
Mercredi, à Marseille, cinq ans de prison ont été requis à l'encontre de Christophe Boutry, un ex-agent de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), accusé d'avoir vendu des informations sensibles sur le darknet sous le pseudonyme "Haurus". Ces informations, issues des fichiers de police et administratifs, auraient fini entre les mains d'une organisation criminelle proche de Marseille, contribuant à plusieurs assassinats, selon l'enquête en cours. En transmettant ces renseignements, tels que les lieux de pointage de personnes sous contrôle judiciaire, "neuf cibles", des membres importants du banditisme marseillais, avaient en effet été visées. "Ces faits révèlent l'ampleur des moyens dont disposent les organisations criminelles", a estimé la procureure.
Huit ans avec mandat de dépôt pour Pascal Gomez Galeote
Christophe Boutry, qui avait déjà été condamné en 2021 à cinq ans de prison par le tribunal de Nanterre dans un autre volet de cette affaire, a "trahi sa fonction, ses collègues et l'État, son employeur par appât du gain", a déclaré la procureure lors de son réquisitoire. Elle a demandé que cette peine soit confondue avec sa condamnation précédente, prononcée en novembre 2021. Boutry, qui a exprimé des regrets devant le tribunal, a prononcé devant la cour : "je ne requiers pas de peine d'amende, c'est ma contribution à la prise de conscience".
Comme expliqué, ces informations auraient servi à faciliter des règlements de compte à Marseille. Quelques jours avant ce procès, Pascal Gomez Galeote, connu pour avoir été le chef redoutable du "clan de Marignane", a été remis en liberté le 3 octobre dernier, après cinq ans de détention provisoire. S'il comparaît en homme libre, il est accusé de corruption de l'ex-policier. Huit ans de prison ont été réclamés contre lui, avec mandat de dépôt immédiat. Retour à la case prison pour celui qui nie toute implication en tant que chef de gang, affirmant que sa vie se concentrait sur sa famille et sa passion pour les voitures et le football.
Selon l'accusation, Gomez Galeote aurait pris la tête de la bande criminelle après l'assassinat de son demi-frère Antonio "Tonio" Martinez en 2018, avant que des dissensions n'entraînent des règlements de comptes sanglants. Les enquêteurs ont découvert des éléments troublants dans un téléphone crypté PGP, attribué à Gomez Galeote, notamment des photos et messages en lien avec la guerre entre narcotrafiquants. Bien qu'il conteste être à l'origine de ces éléments, l'accusation maintient ses charges.
Deux à quatre ans de prison requis contre les "maillons"
Mais "Haurus" et Pascal Gomez Galeote n’ont jamais eu de lien direct. Entre eux, des "maillons", qui sont également jugés. Des peines allant de trois à quatre ans de prison, dont deux ans avec sursis, ont été requises contre deux intermédiaires dans cette affaire. Cédric Heux, un membre présumé de la bande de Marignane, a également fait face à une demande de trois ans de prison avec mandat de dépôt pour avoir stocké dans son téléphone crypté des fichiers achetés à Haurus. En revanche, une relaxe a été demandée pour un sixième prévenu.
Christopher Aouni, ancien allié de Gomez Galeote avant leur rupture, a été criblé par Haurus, tout comme d'autres chefs de gangs marseillais. Détenu en prison, Aouni s'est constitué partie civile, réclamant 10 000 euros de dommages et intérêts.
Le jugement dans cette affaire, qui révèle une fois de plus l'infiltration des réseaux criminels dans les institutions publiques, est attendu ce jeudi.