L'homme avait été interpellé en 2019, après un an de cavale. Ce lundi 14 octobre, Pascal Gomez-Galeote s'est présenté devant la justice en homme libre, après avoir passé plus de cinq ans en détention provisoire. Onze jours avant le début de ce procès, il a donc été libéré, engendrant la colère de la police et magistrature marseillaise.
Ce lundi 14 octobre, Pascal Gomez-Galeete, connu pour avoir été le chef redoutable du "clan de Marignane", est présenté devant la justice dans un dossier de corruption avec un ancien enquêteur de la DGSI. Le présumé, figure majeure du narcobanditisme, a été remis en liberté le 3 octobre, après une décision de la Cour de cassation qui a jugé trop long son temps en détention provisoire : cinq ans et dix mois.
Sa remise en liberté a provoqué la colère de la magistrature de Marseille et de la police qui a interpellé l'homme après un an de cavale. "La traque a duré plusieurs mois pour l'interpeller. On a affaire à un individu qui est dans le business depuis longtemps et qui a la capacité de rester caché pendant longtemps", nous confie Rudy Manna, porte-parole national d'Alliance police.
Libéré onze jours avant son procès
Le présumé, connu dans le milieu sous le nom de "Doli", a été libéré onze jours avant l'ouverture de son procès, ce lundi, pour avoir corrompu un policier de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dont le pseudonyme sur le darknet était Haurus.
Quand on sait le travail des policiers et les risques qu'ils prennent sur le terrain, on est désemparés. On se moque de nous.
Rudy Manna, Syndicat Alliance-PoliceFrance 3 Provence-Alpes
Pour lui, le problème réside avant tout dans le manque de moyens alloués à la justice. "Il n'a pas été jugé en temps et en heure", explique Rudy Manna. Un argument utilisé aussi par Nathalie Roche, déléguée du syndicat de la magistrature pour la juridiction de Marseille. "On n'est pas en colère contre les avocats de la défense qui ont exercé leur droit. On est en colère parce que ça fait des années qu'on dit qu'on a des problèmes de moyens judiciaires et qu'on voit bien le résultat aujourd'hui", nous confie-t-elle.
Un problème récurrent. Depuis le début de l'année, deux autres figures importantes du narcobanditisme marseillais ont été remises en liberté avant même d'avoir pu être jugés.
Un délai de détention provisoire déraisonnable pour la défense
Arrêté en 2019 à la sortie d'un hôtel dans les Alpes-de-Haute-Provence, la détention provisoire de Pascal Gomez-Galeote, aura duré au total cinq ans et dix mois. L'homme de 44 ans a été incarcéré au centre pénitentiaire d'Avignon-Le Pontet. Pour son avocate, Christine D'Arrigo, le délai est "beaucoup trop long". "Le principe en droit français, c'est de pouvoir être jugé libre, pas le principe d'être incarcéré et d'attendre dans le fond de sa cellule cinq ans et demi", explique-t-elle. Elle affirme, par ailleurs, que la France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) à ce sujet.
Selon l'article 145 du Code pénal, le délai est de quatre ans lorsque "la personne est poursuivie pour plusieurs crimes ou pour trafic de stupéfiants, terrorisme, proxénétisme, extorsion de fonds ou pour un crime commis en bande organisée". Toutefois, Nathalie Roche précise que si les délais ont été rallongés, c'est parce que l'individu a été impliqué dans d'autres dossiers qui se sont accumulés. Mis en examen dans cinq affaires différentes pour des faits de complicité d'assassinat et tentative d'assassinat, le Marseillais est dans l'attente d'un jugement.
Connu pour avoir échappé à la justice pendant un an, Pascal Gomez-Galeote s'est présenté devant la justice pour l'ouverture de son procès, ce lundi 14 octobre, à la surprise générale dans l'assemblée.