Narcotrafic à Marseille : Blacks, DZ Mafia, Yoda, ce que l'on sait des gangs qui se font la guerre

La mort ultra-violente d'un adolescent mineur et celle d'un chauffeur VTC, victime collatéral d'une tentative d'homicide, sont au cœur des affrontements que se livrent les gangs à Marseille pour mettre la main sur les points de vente de drogue.

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Deux morts en trois jours à Marseille. Dimanche 6 octobre, devant la presse, le procureur de la République Nicolas Bessone a souligné "une sauvagerie inédite". pour une histoire de vengeance entre membre de clans rivaux. Le mineur de 15 ans tué sauvagement dans la cité Félix-Pyat, le 2 octobre, avait été recruté sur les réseaux sociaux par un détenu de Luynes, membre du gang DZ Mafia, pour mener une action contre un rival. Mais au pied de l'immeuble, l'adolescent a été cueilli par une bande qui l'a "lardé de 50 coups de couteau" et "brûlé vif", selon les détails fournis par le Procureur Nicolas Bessone. Deux jours plus tard, un autre mineur de 14 ans a été recruté par le même commanditaire pour assassiner un membre d'un clan adverse. L'opération s'est soldée par la mort d'un chauffeur VTC. Deux homicides qui illustrent "le conflit actuel opposant, dans le 3ᵉ arrondissement de Marseille, la DZ Mafia et le clan des Blacks de la cité Félix Pyat, pour la prise de contrôle du point de deal de la cité du Moulin-de-Mai." France 3 Provence-Alpes fait le point sur ces guerres meurtrières entre bandes rivales dans la cité phocéenne. 

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Qu'est-ce que les "Blacks" de Félix-Pyat ?

"C'est une équipe de jeunes d'origine comorienne, qui tient le point de deal", souligne un éducateur des quartiers Nord. Selon lui, ce réseau de Félix-Pyat a bien "une hiérarchie comme tous les réseaux", mais ces jeunes trafiquants ne sont pas très organisés. "Ils s'affrontent avec les jeunes du Moulin-de-Mai" pour mettre la main sur ce plan stups, dans "une guerre perpétuelle" qui dure depuis environ quatre ans. Le 11 octobre 2020, Sarah, une jeune femme de 19 ans, avait été tuée dans une fusillade à l'entrée du point de deal, victime collatérale de cette rivalité. 

"Le réel problème, c'est qu'ils utilisent facilement les armes, c'est la violence immédiate, ils sont très désorganisés, ce qui fait leur dangerosité, c'est qu'ils sont imprévisibles", note-t-il.

Selon cet observateur, "la cité Félix-Pyat concentre la plus forte concentration de Comoriens à Marseille", d'où leur surnom de "Blacks", mais il ne faut surtout pas les confondre avec le clan historique des "Blacks" des frères Ahamada, de la cité des Lauriers. 

Qu'est-ce que les Blacks des Lauriers ? 

Ce clan est dirigé par les frères Ahamada, Djoussouf, 42 ans, le “Sénateur” et Oukoutoub, 28 ans, dit “Beur”, une famille d’origine comorienne. La cité des Lauriers dans le 13ᵉ arrondissement est leur bastion. Les Blacks se font connaître à partir du printemps 2008 quand éclate la guerre avec le clan de Gitans des frères Bengler, issus d’une autre cité du 13e pour la prise en main des points de vente. La guerre entre les deux bandes rivales aurait fait près d’une centaine de morts depuis 2008.

Les frères Ahamada sont arrêtés en 2015 et jugés en 2017, avec toute la chaîne organisatrice du plan stups Lauriers, où défilent jusqu’à mille clients par jour pour un chiffre d’affaires annuel estimé à 15 millions d’euros. Pour l’accusation, l’argent est blanchi aux Comores, où vit le père des frères Ahamada. À l’issue de 15 jours de procès, le tribunal correctionnel prononce 101 ans de prison ferme pour les 27 prévenus, 12 et 10 ans pour les deux chefs du clan.

Qu'est-ce que la DZ Mafia ? 

Si le commanditaire impliqué dans ces deux homicides se revendique de la DZ Mafia, il n'est pas considéré comme un chef de l'organisation criminelle. Mais sa méthode de recrutement évoque bien celle utilisée par le clan depuis la vague d'arrestations de 2023 qui a affaibli ses effectifs. Le gang recourt aux réseaux sociaux pour embaucher une main-d’œuvre, souvent très jeune et extérieure à Marseille, attirée par l'appât du gain. 

Le sigle DZ, fait référence aux personnes originaires d'Algérie. Le clan est créé à La Paternelle, dans le 14ᵉ arrondissement, par Mehdi Abdelatif Laribi dit "Tic", qui va développer un vaste trafic entre la France et l'Espagne. L'homme a quitté Marseille, il est actuellement recherché.

En 2023, ce clan a été responsable d'une part importante des homicides perpétrés à Marseille. Selon les comptes du procureur de la République, Nicolas Bessone, sur les 47 "narchomicides" recensés en 2023, "34 sont imputables à DZ Mafia et 24 à Yoda". 

>>> À lire aussi : CARTE. Narcotrafic à Marseille : les règlements de comptes se déplacent des quartiers nord vers le centre-ville

Qu'est-ce que Yoda ? 

Le clan Yoda, issu lui aussi de La Paternelle, tire son nom de l'univers de la saga Star Wars. Pendant plusieurs années, Yoda et DZ se sont partagés le gâteau avant que les relations se tendent pour aboutir à une des guerres les plus sanglantes qu'ait connue Marseille. 

Son chef, Félix Bingui, alias "le Chat", un Franco-centrafricain, né à Ales dans le Gard, a gravi les échelons du narcotrafic de Marseille, après avoir fait ses gammes dans les cambriolages. Son arrestation, le 8 mars 2024 au Maroc où il avait fui, a porté un gros coup au gang déjà fragilisé, laissant le champ libre à son ennemi juré.

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