"Maintenant, j'ai peur, surtout des jeunes", les chauffeurs de VTC à Marseille inquiets après la mort de l'un d'entre eux

Le meurtre d'un chauffeur de VTC par un adolescent de 14 ans vendredi 4 octobre dans le centre-ville de Marseille est une véritable onde de choc dans la profession. De nombreux chauffeurs rencontrés envisagent désormais de changer leurs habitudes, comme arrêter de travailler la nuit.

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"Je suis choqué. Je me vois en lui. J'ai trois enfants, je travaille tous les jours, je travaille de nuit...". Sofiane* est encore sidéré, trois jours après l'assassinat de Nessim Ramdane. Le chauffeur de VTC, père de trois enfants, a été abattu d'une balle dans la tête, vendredi 4 octobre, dans le troisième arrondissement de Marseille. Il avait refusé d'attendre un client. L'auteur a été identifié comme un adolescent de 14 ans, recruté comme tueur à gages, et lié au trafic de drogues.

Kamel prend en charge des clients à la gare Saint-Charles, à quelques mètres du lieu du meurtre. "Ça fait peur", souffle-t-il."Le mec il travaille et il se prend une balle. Tous mes proches m'ont dit de changer de métier."  S'il dit n'avoir jamais rencontré de problème, Kamel va prendre en compte les inquiétudes de son entourage. Il va arrêter de travailler la nuit.

Sofiane lui hésite à retourner prendre en charge des clients dans les "quartiers chauds". "D'habitude, les gens viennent, ils paient et j'ai pas de problème. Mais maintenant j'ai peur, surtout de prendre des jeunes... C'est vraiment dangereux". Il se reprend. "Et encore… Ça s'est passé dans le centre-ville... On n'est à l'abri nulle part", lâche-t-il.

Nessim Ramdane n'est pas le premier chauffeur de VTC pris dans un règlement de comptes. Le 11 janvier 2023, Hamza, alors âgé de 27 ans, échappe de justesse à des tirs de kalachnikov alors qu'il travaillait dans le 15ᵉ arrondissement de Marseille. Il en réchappe grièvement blessé, avec deux projectiles dans le dos et l'épaule. Il ne pourra plus jamais exercer son métier.

Un sentiment d'insécurité au  quotidien

Des drames qui renforcent le sentiment d'insécurité parmi les chauffeurs. "J'ai travaillé à Paris, à Lille, à Lyon... Marseille, c'est la ville la plus dangereuse, estime un des chauffeurs rencontrés lundi matin. Ici, Le conflit vient tout seul et les gens deviennent très méchants. Surtout le soir, en sortie de boîte, quand ils ont bu."

Après 15 ans d'expérience il ne travaille plus de nuit. "C'est l'insécurité totale. Il n'y a plus de police, plus de contrôle, c'est la jungle. Chacun fait ce qu'il veut." Selon lui, les problèmes se concentrent surtout dans le centre-ville.

Pour ne plus travailler dans la peur, Kamel réfléchit avec des collègues à organiser une manifestation. Il souhaite la mise en place par les plateformes de VTC des contrôles de sécurité plus efficaces pour protéger les chauffeurs, notamment l'obligation pour les clients de renseigner leur carte d'identité pour valider une course sur internet. 

Une manifestation des chauffeurs de VTC aura bien lieu ce vendredi à 10 heures devant l'hôtel de ville de Marseille. Une cagnotte a été mise en place pour soutenir la famille de la victime, Nessim Ramdane.

Article rédigé avec Adrien Gavazzi et Valérie Bour / FTV

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