Témoignage. Hamza, chauffeur de VTC blessé à la Kalachnikov à Marseille, raconte l'horreur qu'il a vécue

Publié le Écrit par Agnès Polloni

Le chauffeur de VTC âgé de 27 ans a perdu entre 50 et 60 % de sa motricité dans un règlement de compte auquel il n'était pas lié. Nos journalistes Loïc Perrier et Alban Poitevin l'ont rencontré.

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Le 11 janvier, quartier des Aygalades à Marseille (15e), Hamza attend un client, en bas d’un immeuble, comme cela était convenu lors de la réservation de la course. Un homme cagoulé et armé d’une Kalachnikov s’approche du véhicule, le chauffeur tente d’amorcer une discussion, pensant d’abord à un vol de son véhicule.

L’homme cagoulé l’interroge : "Qui est à l’arrière ?" Personne n’est installé dans le véhicule, mais les vitres teintées sèment le doute. L’homme armé s’impatiente et ouvre le feu sur Hamza. Ce dernier s’engouffre in extremis dans sa voiture et démarre, pour échapper aux impacts de balles.

Pris dans une course poursuite, il se retrouve bloqué dans une impasse. En manœuvrant pour s’en extraire, Hamza est touché de deux balles de Kalachnikov, à l’épaule et dans le dos. "Mon épaule était en morceaux, il y avait du sang partout. La seule solution qu’il me restait était de m’enfuir à pieds."

Hamza s’échappe en titubant. Il aperçoit dans sa course l’individu ouvrir le feu à l’arrière du véhicule. "Selon la police, vingt-deux balles ont été retrouvées incrustées dans la carrosserie." Il parvient jusqu’à un snack du quartier et y perd connaissance. Alertée, la police arrivera en premier, suivie des secours.

Une plaie béante à vie

Hamza est immédiatement pris en charge à l’AP-HM, les lésions sont énormes. Une cicatrice de plusieurs centimètres, recousue, recouvre désormais son épaule. Depuis janvier, le jeune homme est alité, à l'hôpital puis désormais chez lui. Les infirmiers se rendent à son domicile trois fois par jour. "La balle dans le dos a pu être retirée, celle dans l’épaule s’est fragmentée en cours de route, dans mon corps. Elle n’est pas récupérable, je vivrai avec", raconte Hamza aux journalistes de France 3 Provence-Alpes, Loïc Perrier et Alban Poitevin, qui l'ont rencontré.

L’enquête pénale est en cours et la procédure civile d’indemnisation également. Hamza n’a plus de ressources liées à son activité. Il ne parvient plus à se projeter. "Je ne peux plus conduire, et même si je le pouvais, reprendre des inconnus à l’arrière, j’en serai incapable."

Maître Hervé Seroussi est son avocat et est venu lui rendre visite pour l’informer du déroulé de la procédure judiciaire. Les éléments rapportés aux forces de l’ordre sont les premières pistes. L’agresseur, cagoulé, n’était pas reconnaissable. La lenteur judiciaire risque de faire durer cette affaire une année, voire plus. L’enquête se poursuit et s’entrelace aux centaines de règlements de compte particulièrement violents dans la cité phocéenne.

"On a le sentiment que plus rien ne va dans cette ville. On attaque n’importe qui, on tue, avec des modes opératoires dignes d’une guerre", s'agace Me Hervé Seroussi. L’avocat ne cache pas sa véhémence lorsqu’il évoque la distinction de traitement, entre les quartiers nord et sud de Marseille. Heureusement, la solidarité demeure à Marseille. Une cagnotte a été lancée en ligne, en soutien à Hamza. 1 810 euros ont été récoltés, une somme qui ne permettra pas de payer son loyer indéfiniment, mais peut-être, lui redonnera une petite lueur d’espoir.

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