Au dernier décompte, on ne dénombre pas moins de 49 règlements de compte à Marseille depuis le début de l'année 2023. Ces morts violentes liées au narcobanditisme sont désormais appelées "narchomicides". Aucun quartier ne semble épargné, même si la plupart ont tout de même lieu dans les quartiers nord de la ville.
Le 49e règlement de compte a eu lieu lundi 13 novembre. Un jeune homme est mort sous les balles à Marseille, cité la Bricarde dans le 15e arrondissement à proximité d'un point de vente de drogue identifié. L'année 2023 est en passe de battre un macabre record. En 2022, 31 morts par balle ont été recensés, faisant déjà de l'année dernière la plus meurtrière depuis 2010. Les morts se multiplient. Les modes opératoires se durcissent. Et les lieux de violence évoluent. Où ont eu lieu les règlements de compte en 2023 ?
Traditionnellement, les règlements de compte ont lieu plutôt dans les quartiers nord de la ville où sont implantés les lieux de ventre de drogue. Mais ces scènes de crime violentes se retrouvent aussi dans d'autres quartiers moins ciblés, voir dans des quartiers réputés "tranquilles".
La majorité des morts par armes à feu encore dans les quartiers nord
Les principaux lieux de vente de drogue connus à Marseille se situent dans les cités HLM et principalement dans celles des quartiers nord, avec la plus florissante en termes de trafic, celle de La Castellane.
Cité La Paternelle (14e arrondissement), quatre hommes ont perdu la vie cette année. Le 24 février, un homme d'une quarantaine d'années est mort d'une balle dans la tête. Le 29 mars, c'est un jeune homme de 20 ans qui est tué. Et le 31 mai, un homme d'une trentaine d'années a été tué, criblé de balles de 9 millimètres et de kalachnikov. La Busserine, dans le même arrondissement, compte également quatre morts ou blessés graves en 2023. Tout comme Les Micocouliers, à 3km de là. Mais les autres cités sont aussi touchées, comme les Rosiers ou la cité Consolat.
Si les règlements de compte concernent au premier plan les trafiquants de drogue, il y a de plus en plus de victimes collatérales : comme cette mère de famille d'une quarantaine d'années, morte après une fusillade survenue mercredi 10 mai vers 23 heures, dans le 14e arrondissement de Marseille, traverse du Vieux-Moulin, près de la cité Saint-Joseph, à proximité d'un point de vente de drogue. .
La Belle de Mai et le 3e arrondissement prennent de l'ampleur
La cité Félix Pyat également est devenue le terrain de règlements de comptes, et le troisième arrondissement plus généralement. Huit personnes y ont été blessées ou tuées par armes à feu en 2023. Comme ce 23 mars où un homme de 21 ans est mort après avoir été pris pour cible par cinq individus armés devant la résidence Eugène-Pottier.
Le 12 juin, une nouvelle fusillade a fait cinq blessés, dont deux gravement atteints, à la terrasse d'un bar dans le quartier de la Belle-de-Mai, dont deux hommes entre la vie et la mort.
De nouveaux lieux et de nouvelles victimes
Des quartiers plutôt résidentiels et hors trafic de drogue ont eu aussi leur lot de violence comme aux Chutes-Lavie (4e) le 28 septembre dernier. Deux hommes ont été tués par balles et un troisième homme avait été blessé, dans ce coin populaire, plutôt calme, "non coutûmier" des règlements de comptes. L'une des deux victimes de la fusillade était suspecte dans une tentative d'assassinat en 2019.
Ou encore sur le Prado dans le 8e arrondissement, dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 août,où un homme âgé de 25 ans a été visé par des tirs alors qu’il se trouvait à la discothèque Coco-Bongo.
Plus brutal et plus incompréhensible, le 10 septembre dernier lorsqu'une jeune femme est blessée par balle chez elle par un tir de kalachnikov et décédera des suites de ses blessures, victime collatérale. Soucayna, 24 ans, a été touchée à la tête par un tir en rafale de kalachnikov visant un point de trafic de la cité Saint-Thys dans le 10e arrondissement de Marseille.
Trois jeunes hommes ont été tués par balles dans un quartier résidentiel du 11e arrondissement de Marseille le 21 mai dernier, originaires de la cité Félix Pyat, mais n'y résidant plus. Âgés d'une vingtaine d'années, ils sont morts autour de 5 heures du matin dans un quartier "réputé calme" de Marseille après voir été suivis en sortant de discothèque.
Près du centre-ville à deux pas du Vieux-Port, un jeune homme de 16 ans, grièvement blessé lors d'une fusillade dans le quartier de la Joliette à Marseille dans la nuit du 2 au 3 avril dernier est mort des suites de ses blessures.