Drogues : 4ème édition à Marseille de "Support don't punish", la campagne qui vise à soutenir plutôt que punir les usagers

Ce 23 juin, un collectif d'associations organise la 4e édition de la campagne "Support, don't punish" à Marseille. Ce plaidoyer, "Soutenons, ne punissons pas" en français, vise à combattre les politiques répressives concernant les drogues et leurs usagers.

"On constate que la politique des drogues qui est menée actuellement est complètement inefficace, et elle est même délétère pour les usagers de drogue", explique Hervé Richaud directeur d'Aides en Paca, une des associations qui organisent cette journée "Support don't punish" à Marseille.

Le collectif dénonce le choix de politiques toujours plus répressives en France "qui font des usagers de drogue des délinquants".

"Quand on voit les chiffres de l'activité de la police  et les interpellations policières dans les affaires de drogue, 80 % des interpellations concernent des usagers et seulement 20 % des affaires de trafic", souligne Hervé Richaud.

Une salle de consommation à moindre risque à Marseille 

"Ce qu'on observe c'est qu'il n'y a pas de baisse de trafic en France depuis la loi de 1970, et il n'y a pas non plus de diminution de la consommation, donc les objectifs de cette politique tels qu'ils sont affichés ne sont pas atteints, loin de là". 

La guerre à la drogue coûte chaque année environ 300 millions d'euros en France alors que selon Stéphane Akoka, directeur d’ASUD Mars Say Yeah, "la prévention est très mal financée." 

Pour les associations, il y a des actions plus efficaces à mener, notamment à Marseille. Comme l'ouverture de salles de consommation à moindre risque (SCMR).

En 2021, une étude de l'INSREM a validé les effets positifs des salles de consommation à moindre risque de Strasbourg et Paris, mais le projet marseillais lancé sous l'ancienne municipalité n'a pas avancé.

"Le projet est toujours sur les rails, mais ça prend plus de temps que prévu", constate Stéphane Akoka. "Malgré cette étude qui a bien montré les éléments positifs, on a des blocages au niveau politique qui sont très éloignés des problématiques de santé publique".

Ces débats idéologiques empêchent de faire de la santé et de mettre en place des mesures qui protègent les gens.

Hervé Richaud, directeur d'Aides Paca

Le directeur régional d'Aides insiste lui aussi sur l'importance de la réduction des risques par la mise à disposition de matériel qui permettent aux usagers de drogue de se protéger. "Par rapport au VIH, on a eu une mesure très forte qui a montré son efficacité, c'est l'accès aux seringues. On est passé de 50 % de personnes contaminées parmi les usagers de drogue à 2 % aujourd'hui". 

"Aujourd'hui, il faut qu'on aille plus loin par rapport au virus de l'hépatite C, plaide Hervé Richaud, cette seule mesure d'accès aux seringues ne permet pas de lutter efficacement contre l'hépatite C, il faut aller au-delà avec notamment les salles de consommation, parce qu'il faut pouvoir accompagner les personnes sur les gestes liés à l'injection". 

Pour Hervé Richaud, les gouvernants restent dans une approche plus idéologique que pratique et c'est selon lui ce qu'il faut essayer de changer avec cette journée.

"On a dû se battre pour que les usagers de drogue puissent avoir des seringues; et alors c'était "On encourage la population à se droguer", ces débats idéologiques empêchent de faire de la santé et de mettre en place des mesures qui protègent les gens". 

Il rappelle que la mise en vente libre des seringues ne s'est pas accompagnée d'une hausse de la consommation de l'injection de drogue dans la population générale. 

Le collectif d'association veut aussi mettre en avant le débat sur la légalisation des drogues et donne l'exemple de certains de nos voisins qui ont su mettre en place d'autres approches. 

Stéphane Akoka cite en exemple le Portugal qui a décriminalisé l'usage de drogue il y a une vingtaine d'années et "cela a permis de dégager des fonds pour aller sur la prévention et la réduction des risques". 

"Ça implique d'accepter que la drogue fasse partie de notre monde, et qu'on travaille avec, d'accompagner ce phénomène plutôt que de le rejeter". Soutenir plutôt que punir. C'est le mot d'ordre de cette journée. 

Une soirée à la Plaine

Marseille est l'une des 150 villes à se mobiliser ce 23 juin dans le cadre de la campagne "Support, don't punish". Derrière cet appel à soutenir plutôt que punir, il y a un collectif d'associations dont Aides, ASUD Mars Say Yeah, le CAARUD Sleep’In, le BUS 31/32, le Collectif Plus Belle La Nuit et les usagers-ères.

A partir de 17h, place Jean Jaurès, des stands de dépistage, d’information et de réduction des risques accueilleront le public pendant que des maraudeurs partiront à la rencontre des Marseillais.

De 19h à 21h, sur la place, un forum permettra d'échanger sur ces questions autour de témoignages d'usagers de drogues.

Cette journée mondiale d’action a été lancée en 2013 dans 41 villes de 22 pays, elle mobilise aujourd'hui dans 260 villes à travers plus de 100 pays. L'objectif est d'opposer respect, attention et solidarité à punition, discrimination et stigmatisation.

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