Effondrement d'un immeuble à Marseille : pourquoi les opérations de secours sont aussi compliquées

Après l'effondrement de cet immeuble dans le centre-ville, la situation à Marseille est très délicate pour les sauveteurs, notamment à cause d'un incendie sous les décombres.

Un immeuble de quatre étages en pièces. Un feu parti sous les décombres et entre "quatre et une dizaine de personnes" coincées en dessous, selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Douze heures après l'effondrement d'un l'immeuble à Marseille, dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 avril, qui a fait cinq blessés selon un bilan provisoire, le feu n'est toujours pas maîtrisé.

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L'opération est, en effet, compliquée pour les spécialistes en sauvetage et déblaiement, autrement appelés les "urban search & rescue". Ils sont 24 aujourd'hui à Marseille, marins et sapeurs-pompiers. Leur profession consiste à détecter la vie sous les décombres. Rechercher, détecter, localiser, médicaliser, extraire, évacuer. Ils interviennent sur des tremblements de terre, des cyclones et des tsunamis.

  • Parce qu'il y a un "feu couvant" problématique

Dans ce type "d'effondrement urbain", les sauveteurs doivent commencer par sécuriser les alentours. "Ils peuvent ensuite entamer la recherche de vie sous les décombres avec des chiens, des sonars et des outils très divers. Si de mauvais échos peuvent les gêner, à Marseille, c'est un incendie qui les bloque," explique à France 3 Provence-Alpes un pompier basé à Gap.

"L'incendie n'est pas vraiment maîtrisé, il est plutôt "étouffé", pointe d'ailleurs le service de communication du bataillon des marins-pompiers. Un feu sous décombres, dit "couvant", est "un feu qui ne peut être atteint par les lances à eau, a expliqué au Parisien Jean-Pierre Pic, président de la commission technique fédérale de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). Du coup, sa progression est difficile à arrêter si on ne dispose pas de moyens lourds pour enlever les décombres et éboulis."

"On n'a pas exactement identifié ce qui brûle encore", a détaillé au cours d'un point presse le capitaine de frégate Guy, commandant des opérations de secours menées par le Bataillon des marins-pompiers de Marseille.

Le plus grand risque pour les sauveteurs, c'est que les décombres s'effondrent sous leurs pieds.

Dans ces conditions, difficile voire "impossible d'envoyer rapidement des chiens sur des gravats avec des fumées et des températures extrêmement élevées. L'animal ne pourrait rien sentir et pourrait même en mourir", selon le sapeur-pompiers de Gap. L'équipe cynophile n'a pas pu être déployée. Les pompiers se retrouvent aussi face à un autre casse-tête. Comment noyer cet incendie en envoyant des tonnes d'eau alors que des victimes sont encore potentiellement sous les gravats ? 

Gérard Darmanin, ministre de l'Intérieur, s'est rendu sur les lieux dans la matinée : "Ce que je peux vous dire avec Monsieur le maire, c'est que nous pensons qu'il y a entre 4 et 10 personnes, ou une dizaine de personnes, sous les décombres. L'incendie a toujours lieu au moment où nous nous parlons. Il est très difficile d'accès puisque les décombres ont recouvert la quasi intégralité de cet incendie."

  • Parce que l'opération de déblayage des décombres est délicate

Une impressionnante pelleteuse de 80 tonnes est arrivée sur place dans la matinée. Elle sera d'abord utilisée avec prudence, voire délicatesse, pour éviter de blesser les potentiels survivants. Son godet sera ainsi rempli à la main. "L'opération de sécurisation du secteur est toujours en cours dimanche après-midi. Des voitures ont été enlevées par la fourrière pour laisser passer les gros engins. L'incendie est toujours combattu," décrivent les marins-pompiers. L'effondrement de l'immeuble du 17 a entraîné dans son sillage une grande partie du 15 voisin et endommagé le numéro 19.

  • Parce qu'il y a un important risque d'éboulement

Une fois qu'une zone est identifiée et nettoyée, les sauveteurs peuvent avancer sur les décombres. "On est sur une opération de longue durée, pointe capitaine de frégate Guy. Mais il faut travailler graduellement, sur chaque tas de gravats pour s'assurer qu'il n'y a pas de victime dessous, avant de l'évacuer avec une grue, et d'inspecter le suivant."

D'autant que d'autres immeubles ont été touchés par cette explosion. "Il y a un risque d'éboulement identifié des bâtiments mitoyens, détaille auprès de La Provence, l'officier, qui ajoute que parmi les moyens mis en place, des drones ont par exemple été déployés. Ce sont les mêmes outils que l'on a employés sur le tremblement de terre en Turquie, mais en l'état, les reconnaissances sont essentiellement visuelles. On est sur des opérations qui vont durer plusieurs jours."

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