Ce procès n'a cessé d'être repoussé ces onze dernières années. Il s'ouvrira le lundi 5 octobre. L'effondrement du toit de la scène de Madonna a fait deux morts et huit autres victimes. Il faudra dix jours d'audience pour déterminer les responsabilités.
Lundi 5 octobre, les proches des victimes verront s'ouvrir le procès tant attendu, au tribunal correctionnel de Marseille. Les dix jours d'audience doivent permettre de clarifier cette affaire compliquée, dans laquelle s'enchêtrent plusieurs prévenus, de plusieurs nationalités.
Le 16 juillet 2009, la scène de Madonna est en montage au stade Vélodrome, lorsque le toit s'effondre. Charles Criscenzo, un Aixois âgé de 52 ans est retrouvé mort sur place. Dans la soirée, Charles Prow, un Britannique de 23 ans, décède de ses blessures à l'hôpital.
Huit autres techniciens ont été blessés. L'un d'entre eux se donnera la mort deux ans après le drame "dont il ne s'était pas remis", selon ses proches.
Une affaire très technique
Les experts sont certains que la chute du toit est la conséquence du mauvais placement d'un câble utilisé par une grue pour hisser l'un des angles du toit. Cette sangle avait été mise en place par Charles Prow.Mais cette erreur n'est que le résultat de la "totale improvisation" qui régnait sur le chantier, assène Pierre Philipon, le troisième juge instructeur chargé de ce dossier.
Onze prévenus : sociétés ou personnes physiques
Sur le banc des prévenus, ils seront onze lundi matin, au tribunal correctionnel de Marseille :- Live Nation France, l'organisateur du concert,et sa dirigeante
- Edwin Shirley Group (ESG), l'entreprise anglaise propriétaire de la scène, pour qui travaillait Charles Prow
- Tour Concept France, la société française chargée d'assister ESG pour le montage, et son dirigeant
- Mediaco, l'entreprise marseillaise propriétaire du camion-grue, et son dirigeant
- Scott Seaton enfin, travailleur indépendant, recruté comme chef d'équipe par ESG
Ces quatre sociétés et sept personnes physiques sont toutes poursuivies pour homicides involontaires, blessures involontaires et infractions à la réglementation générale sur la sécurité du travail.
Des infractions dont "le nombre important montre l'imprévoyance, la négligence (et) l'incurie qui prévalaient avant et pendant le montage" de la scène, insiste le magistrat instructeur.
Un chantier flou et non organisé
Selon les témoignages des sept victimes survivantes, toutes employées par Tour Concept France, les Anglais dirigeaient. En difficultés financières, ESG avait-elle intérêt à accélérer le montage de la scène ? Le chantier avait une demi-journée d'avance lors de l'accident.Si les consignes des Anglais n'étaient pas respectées, ceux-ci menaçaient d'un "Tomorrow no job" ("demain, pas de boulot"), affirme un des ouvriers français blessés.
Flou sur le poids du toit de la scène (entre 54 et 67 tonnes), sur la résistance de la sangle (entre 8 et 16 tonnes), absence de plan de prévision des risques, ouvriers casqués mais non harnachés, comme Charles Prow quand il est éjecté de la structure en train de s'écrouler... L'inorganisation semblait générale sur le chantier.
Mais une chose est certaine pour les experts, la présence des victimes dans les tours de la scène, alors que le toit était en train d'être hissé, était "injustifiable".