Les pompiers des Bouches-du-Rhône racontent les cinq interventions qui les ont les plus marqués en 2024.
Ils luttent contre les incendies, veillent sur nous 24h/24... Mais ils peuvent aussi couper un cordon ombilical, harnacher un cheval tombé dans un cours d'eau, ou escalader une paroi rocheuse pour sauver des randonneurs.
En 2024, les sapeurs-pompiers du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) des Bouches-du-Rhône ont répondu à plus de 142 000 demandes d'intervention sur le terrain. France 3 Provence-Alpes leur a demandé de raconter celles qui les ont les plus marqués, après un premier bilan avec les marins-pompiers : la plus spectaculaire, la plus touchante, la plus solidaire, la plus dangereuse, la plus insolite... Extraits choisis.
La plus spectaculaire : "On s'attendait à un gros coup de vent, pas à une mini-tornade"
Trois gros arbres arrachés, des tuiles et des terrasses envolées… Dans la nuit du samedi au dimanche 10 mars, dans le nord du quartier du Brûlot, à Sausset-les-Pins, sur la côte bleue, les intempéries dépassent largement les attentes des prévisionnistes. "C'était spectaculaire, on s'attendait à un gros coup de vent, pas à une mini-tornade, raconte le lieutenant Stéphane Despasquis.
🔴 [#Opérations]
— Pompiers13 (@Pompiers_13) March 10, 2024
Les #Pompiers13 sont mobilisés à Sausset-les-Pins.
Une quinzaine de maisons a été impactée par le fort vent et les pluies diluviennes des dernières heures.
Recouvrement des toitures ✅.
Dégagement des arbres des voies publiques ✅.
⛔️ Évitez le secteur. pic.twitter.com/fk3HUs4y5t
Heureusement, aucun blessé n'est à déplorer, mais une quinzaine de maisons sont endommagées. C'est là que le plus gros du travail commence pour les pompiers : une centaine de femmes et d'hommes affluent en renfort de tout le département pour porter secours à la population. Il faut déblayer les troncs d'arbres qui obstruent les voies, poser des bâches à la place des toitures emportées par le vent et rassurer les habitants.
"Pendant deux semaines, on est allé leur rendre visite, le temps que les assurances rentrent dans le jeu et que les travaux démarrent. Une personne âgée nous offrait toujours du café et des madeleines, le matin, conclut le lieutenant. C'est dans ces moments terribles qu'on sent à quel point le côté humain de notre métier est important."
La plus touchante : "J'ai coupé le cordon ombilical et on a filé à l'hôpital"
Ludovic Dureux est de service lorsque le Codis appelle vers 4 heures du matin, dans la nuit du 31 au 1er décembre : une jeune femme est en train de mettre au monde un bébé dans une voiture, devant la caserne de la Montagnette. Mais le temps d'arriver sur place, la jeune femme a déjà accouché.
"La première chose qu'elle fait, c'est qu'elle me tend son bébé devant la fenêtre de la voiture", raconte Ludovic. En seize ans de carrière, cela ne lui était arrivé qu'une seule fois. Heureusement, un rapide contrôle médical permet de constater que la maman et le bébé sont en bonne santé. "J'ai coupé le cordon médical, et on a filé à l'hôpital", poursuit Ludovic.
L'histoire aurait pu s'arrêter là si la jeune mère, Sarah, n'était pas venue présenter ses remerciements aux pompiers lors de la fête de la Sainte-Barbe, le 7 décembre. Eux aussi ont une surprise : un maillot "petit pompier" pour son bébé, Rosie, avec l'écusson des sapeurs pompiers de la Montagnette.
#JeudiPhoto
— Pompiers13 (@Pompiers_13) December 12, 2024
Aider à donner la vie 👶
Puis retrouver - quelques temps plus tard - la petite Rosie et sa maman Sandra lors d'une cérémonie de Sainte-Barbe riche en émotions pour les #Pompiers13 de la Montagnette 😍
Une belle histoire en cette fin d’année 2024 🙏 pic.twitter.com/dzwot1Xjkm
La plus dangereuse : "Même les meilleurs grimpeurs n'osent pas s'y aventurer"
Le ciel est gris lorsque deux bateaux de sauveteurs s'approchent du Cap Canaille, le 19 juin. La mission : porter secours à deux randonneurs coincés sur une barre rocheuse à 20 mètres d'altitude au-dessus de la mer, entre Cassis et la Ciotat.
Problème : la roche est très friable, au point que "même les meilleurs grimpeurs n'osent pas s'y aventurer", selon Franck Ganelon, référent au centre de secours de Cassis. Et la mer est tellement houleuse qu'il est difficile d'approcher de la côte, là où les randonneurs attendent les secours.
Alors, quand le bateau arrive à environ un mètre de la paroi, Franck prend son élan et saute pour atterrir sur la falaise. Le pompier commence alors à escalader... jusqu'à ce qu'un rocher s'effondre et tombe sur son épaule. "Heureusement, j'ai réussi à garder l'équilibre. J'étais dans l'action alors, je n'avais pas peur", explique-t-il.
La suite se déroule sans difficulté. Un à un, les randonneurs sont encordés et ramenés à bord des bateaux de sauveteurs. Ils s'en tirent avec une belle frayeur, et un rappel des précautions à prendre en randonnée : ne pas s'éloigner des sentiers battus, préparer son itinéraire... Franck, lui, gardera pendant quelques jours un hématome à l'épaule en souvenir de cette aventure.
La plus insolite : "Parfois, on se sent aussi proche des animaux que des humains"
"Parfois, on se sent aussi proche des animaux que des humains", raconte Rémy. Ce sergent à la caserne d'Arles en fait l'expérience une journée de travail pas comme les autres. Le 12 décembre, on l'appelle pour porter secours à une jument tombée dans une roubine aux Salins de Giraud, le 12 décembre. En Camargue, célèbre pour ses élevages de chevaux, c'est presque du courant. Mais cette fois, Rémy est plus inquiet que d'habitude : la jument est enceinte.
Arrivé sur place, Rémy plonge dans la roubine, et tente de harnacher la jument sans faire peser trop de risques sur sa grossesse. Pendant ce temps, ses collègues attachent le harnais à un tracteur à l'aide de cordes. Le véhicule démarre, et les pompiers parviennent à hisser l'animal au sol. Las, "la jument tente de s'enfuir au galop... et glisse à nouveau dans la roubine", reprend le pompier. Il faut alors tout recommencer à zéro : harnacher le cheval, faire démarrer le tracteur... la deuxième tentative sera la bonne.
Quelques minutes plus tard, la jument est tirée d'affaire, son propriétaire est soulagé. Elle a retrouvé l'appétit, et broute tranquillement dans le pré avec son poulain.
La plus solidaire : "C'était la première fois que je partais à l'étranger avec les pompiers"
Le 13 août, un détachement de sapeurs-sauveteurs provençaux part rejoindre les rangs des soldats du feu en Grèce, en proie à un feu hors de contrôle aux abords d'Athènes.
Six pompiers du Sdis des Bouches-du-Rhône font partie du contingent, ainsi que 91 secouristes varois de la sécurité civile de Brignoles et quatre sapeurs-pompiers du Vaucluse et plusieurs véhicules de lutte contre les incendies. Chef de groupe à la caserne de Chateauneu-les-Martigues, Camille Esparza s'est porté volontaire : "C'était la première fois que je partais à l'étranger avec les pompiers, avec le mécanisme de solidarité européen", se souvient-il.
#FeuDeForêt #Grèce
— SDIS de Vaucluse-84 (@sdis84) August 13, 2024
4 #pompiers84, et 1 Camion Feu de Forêt, sont partis cette nuit pour rejoindre le détachement Sud de #renfort feu de forêt pour la Grèce.
Bon courage à tous 💪@SecCivileFrance @Prefet84 pic.twitter.com/D163rXF12N
Une fois arrivés sur place, l'incendie est déjà éteint. Alors les pompiers traquent pendant une semaine les signes d'un éventuel nouveau départ de feu. Pas le temps de visiter le Parthénon, mais le contingent provençal pourra tout de même découvrir la caserne des pompiers d'Athènes et échanger quelques mots d'anglais avec leurs homologues. "Je repartirai sans hésiter !", conclut le chef de groupe.