Hausse des prix des carburants et baisse des dons depuis la guerre en Ukraine, SOS Méditerranée alerte sur les difficultés financières auxquelles elle fait face en cette fin d'année. L'association marseillaise espère un sursaut de générosité de ses donateurs pour poursuivre ses missions.
L'Océan Viking est à quai depuis plus d'un mois à Marseille, son port d'attache. De retour en France à l'automne dernier, après un périple de trois semaines en mer avec 234 rescapés à bord, le navire ambulance de SOS Méditerranée est prêt à repartir en mission au large de la Lybie, sur la route migratoire la plus dangereuse au monde.
Après cette escale technique et quelques travaux, dont un aménagement pour accueillir un plus grand canot de sauvetage, la date du départ est imminente mais l'ONG préfère rester discrète sur ses projets.
Une chose est sûre : les missions vont reprendre, même si la situation de l'association est particulièrement "difficile" en cette fin d'année, selon Sophie Beau, cofondatrice et directrice générale de SOS Méditerranée.
Moins de dons et plus de frais
L'association subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine. "L'année 2022 a été très compliquée parce qu'on a eu un surcoût des opérations très important qui n'était pas prévu, lié aux conséquences de la guerre en Ukraine et une baisse de la collecte qui est aussi due à pas mal de reports des dons vers l'Ukraine", explique Sophie Beau.
Depuis 2016, le coût d'affrêtement du bateau n'a cessé d'augmenter, il est passé de 14.000 euros à 22.000 euros par jour en mer. Mais cette année, le surcoût est exceptionnel, il dépasse le million d'euros. Le budget carburant du navire a doublé (plus 700.000 euros). Les équipements et services nécessaires aux opérations de sauvetage ont aux aussi explosé.
L'association réduit au maximum ses dépenses mais compte surtout sur un sursaut de ses donateurs. "On est très liés aux dons qui arrivent essentiellement sur cette fin d'année qui est critique pour nous", souligne Sophie Beau. Avec la baisse de la collecte et l'augmentation des coûts on est vraiment dans une situation de déficit probable cette année."
L'association, qui fonctionne sans subventions d'Etat, lance un appel à la générosité sur les réseaux sociaux.
Dans un contexte d'inflation et de hausse des prix, cet appel sera-t-il entendu ? SOS Méditerranée souligne que la moitié de la collecte de dons grand public se fait traditionnellement sur novembre et décembre.
Près de 2.400 migrants secourus
L'association rappelle qu'en 2022, au moins 1.362 femmes, hommes et enfants ont perdu la vie en Méditerranée centrale et que l'Ocean Viking a secouru au moins 2.392 migrants en détresse.
Depuis le début de ses opérations de sauvetage en 2016, SOS Méditerranée a sauvé 37.023 personnes. Près du quart de ces rescapés étaient des mineurs.