Les millenials battent le pavé pour leurs aînés, mais aussi leur futur, après plusieurs réformes qu'ils estiment déjà difficiles à encaisser. A Aix, Toulon et Marseille, les syndicats étudiants essayent de rallier la jeunesse à cette cause.
Plus d’un kilomètre à pieds, usés, à force de manifester. La manifestation est fixée mardi 7 février et s’étirera, à Marseille, du Vieux-Port jusqu’à la Porte d’Aix. La précédente, le 31 janvier, avait réuni 40 000 manifestants à Marseille, selon la préfecture, 205 000 selon les syndicats.
La réforme des retraites est celle de trop, après Parcoursup, la hausse des frais de scolarité universitaires, ou la dégradation progressive des bâtiments. Les étudiants rattachés à une organisation syndicale ou sans étendard iront manifester aux côtés de leur aînés, pour les soutenir.
"Lorsqu’on se mobilise, on ne le fait pas que pour soi, mais aussi pour toutes les professions", pointe Lou Charlot, étudiante en Staps, la filière du sport, à Marseille. La jeune femme projette un doctorat, huit ans d’études au total. Un début de carrière précaire, qui rime avec des périodes non cotisées, en raison d’un statut spécifique. La retraite sera automatiquement rallongée. Selon une étude de 2020 menée par l’Observatoire de la vie étudiante, les jeunes terminent leur cursus d’études en moyenne à l’âge de 26 ans. "Il y a cette peur de faire 7, 8, ou 9 ans d’études pour un salaire dérisoire. Cette inquiétude nous pousse à nous surpasser, c’est stressant", renchérit Alexandre Siméoni, président de la Fami.
Une nouvelle poudre aux yeux
Les doctorants et les plus précaires sont un point de convergence de la lutte étudiante. Clément est étudiant à Sciences Po Aix, et porte-parole du syndicat Solidaires. Très agacé contre le projet de réforme, il souligne avec aigreur "ce gouvernement qui faisait de l’égalité homme et femme sa grande cause nationale." Sa mère est travailleuse sociale et a déjà dû être arrêtée pour maladie, précédemment. "Dans quel monde on pense qu’à 64 ans c’est possible de s’occuper d’enfants handicapés ? C’est un métier usant psychologiquement et physiquement." Selon le quotidien Libération, à 62 ans, 25 % des plus précaires sont déjà décédés, contre 6 % des plus aisés.
Pour Lyes Belhadj, président de l’Unef, la retraite calculée de manière identique aux fonctionnaires "serait un modèle de société plus juste, basé sur ce que l’on apporte à la société." Le syndicat défend ce mode de financement alternatif, jusque dans ses communiqués.
Le texte a été rejeté par près de six français sur dix, selon un sondage du JDD. "C’est une réforme qui ne repose sur rien, massivement rejetée en 2019. Le gouvernement s’entête, ce n’est pas de la pédagogie qu’il faut faire, mais de l’humilité", persifle Quentin. En 2019, le projet de suppression des régimes spécifiques avait engendré des grèves massives dans tout l’Hexagone. Quentin Acquetella n’a que 20 ans et il essaye déjà de fédérer ses proches à se mobiliser.
Je vais aux manifestations, en essayant de ramener mon entourage, des camarades de classe, mais pas seulement.
Quentin, 20 ans
Le vingtenaire, en plus de ses études de mathématiques, est adhérent à la Fédération d’Aix-Marseille Interassociative, un syndicat étudiant. "Demain, je serai en Fami", sourit le jeune.
Les présidents des syndicats étudiants tablent sur cette réforme pour rallier les jeunes aux manifestations, le 19 et 31 janvier passés, et ce 7 février. Démêler le vrai du faux, par des ateliers débats est au programme. La Fami explique lors de sessions dédiées les points clé et institutions aux manœuvres. Des débats sont également organisés par l’Unef sur le campus d’Auch. Les communiqués de presse, affiches et posts sur les réseaux sociaux fleurissent de toute part.
"C’est notre enjeu de faire en sorte qu’un maximum d’étudiants soient informé sur le campus", indique Quentin Acquatella. Car tout l’enjeu repose sur la force commune. "La jeunesse c’est l’espoir. Je veux garder ce positivisme qui me pousse à me mobiliser en faveur des combats sociaux", conclut Lou Charlot.