Le bras de fer continue entre Greenpeace et TotalEnergies. L'ONG de défense de l'environnement accuse le groupe français de dissimuler les effets réels de sa production d'agrocarburants à base d'huile de palme importée d'Asie, dans sa raffinerie de La Mède.
C'est un nouvel épisode dans le feuilleton de la guerre que livre Greenpeace contre la bioraffinerie Total de la Mède, à Châteauneuf-les-Martigues, dans les Bouches-du-Rhône.
Au printemps dernier, six associations, dont Greenpeace, avaient attaqué en justice l'autorisation préfectorale d'exploitation de la bioraffinerie Total de La Mède.
Elles reprochent au groupe français l'importation importante d'huile de palme, synonyme de déforestation.
Le tribunal administratif de Marseille avait alors demandé à TotalEnergies de revoir son étude d'impact concernant "les effets sur le climat, compte tenu de l'utilisation de quantités très substantielles d'huile de palme et de ses dérivés".
TotalEnergies a déposé en janvier une nouvelle étude d'impact, suivie d'une enquête publique.
Dans une contre-expertise dont l'AFP a pu avoir une copie, Greenpeace France "dénonce la dissimulation par TotalEnergies des effets réels de sa production d'agrocarburants sur le climat et la poursuite, en parallèle, de l'importation massive d'huile de palme issue de la déforestation".
"L'huile de palme reste le principal vecteur de la déforestation en Indonésie, pays qui abrite la troisième plus grande forêt tropicale au monde", souligne Greenpeace France.
De son côté, la compagnie énergétique a toujours affirmé que les huiles achetées pour La Mède correspondent "aux critères de durabilité fixés par l'Union européenne".
Le groupe s'est engagé à cesser totalement d'utiliser l'huile de palme controversée à compter de 2023. "Nous avons tiré la leçon de cette polémique et le modèle économique de La Mède, compte tenu des filières alternatives qui se sont développées, sera préservé", avait-il déclaré le PDG Patrick Pouyanné au quotidien régional La Provence.
Les émissions de gaz à effets aussi en cause
L'ONG a demandé à nouveau à la préfecture des Bouches-du-Rhône de retirer immédiatement l'autorisation d'importation d'huile de palme accordée à la raffinerie de La Mède.
Elle critique également la méthode employée par TotalEnergies pour mettre en avant les réductions d'émissions de la raffinerie en mode agrocarburants par rapport au mode carburants fossile.
"Le site de La Mède émettrait 91% de moins de CO2 (tous types d'émissions confondus) que lorsqu'il raffinait des sources fossiles (avant sa reconversion). En réalité, notre analyse montre que les émissions actuelles de la bioraffinerie sont, a minima,13% plus importantes si on les rapporte, comme il est logique de le faire, à la tonne de carburant produite", affirme l'ONG.