Insalubrité, odeurs d’urine, absence de matelas : les conditions de garde à vue dans deux commissariats de Marseille détaillées dans un rapport

Mathieu Jacquier, bâtonnier de Marseille, s'est rendu dans les commissariats Nord et de l'Evêché à Marseille, pour y étudier les conditions de détention. Conclusion : "le respect de la dignité humaine n’est pas assuré dans ces lieux".

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Des personnes qui dorment à même le sol, sous de fortes lumières qui gênent leur sommeil, des geôles mal nettoyées, une odeur d'urine et des restes de repas… C'est ce qu'a constaté Mathieu Jacquier, bâtonnier de Marseille, qui s'est rendu dans deux commissariats de Marseille pour y étudier les conditions de garde à vue.

"Le respect de la dignité humaine n’est pas assuré dans ces lieux, note-t-il. Des mesures urgentes peuvent et doivent être prises pour préserver la dignité des personnes majeures et mineures présumées innocentes."

Au commissariat Nord, une mauvaise prise en charge des mineurs

C'est la geôle pour mineurs du commissariat Nord, dans le 15e arrondissement, qui retient "particulièrement [s]on attention comme pouvant porter atteinte à leur intégrité."

Il trouve des cellules bruyantes, qui les "empêche de pouvoir se reposer". "Lors de ma visite, écrit-il, deux mineurs se trouvaient dans la seule cellule disponible pour leur placement en garde à vue, l’un dort à même le sol, l’autre sur le banc. L’hygiène est déplorable." L'avocat décrit également une lumière forte, nuisant au sommeil des gardés à vue.

Il écrit : "le repos fait partie du respect de la dignité humaine."

Dans les autres geôles, le bâtonnier déplore une "forte odeur de toilettes", "avec des fuites d’eau apparentes au sol qui peuvent être dangereuses tant pour les policiers que pour les gardés à vue avec forte odeur d’ammoniaque, qui est très difficile à respirer tellement elle est nauséabonde. On retrouve cette odeur dans les toilettes et les bacs de douche."

Là encore, certaines personnes dorment au sol, dans des cellules sales, sans matelas.

A l'Évêché, un manque de confidentialité

Au commissariat de l'Évêché, Mathieu Jacquier note que les espaces pour les entretiens avec les avocats ne permettent pas d'avoir un entretien confidentiel : "Si le local de l’avocat est insonorisé, celui de la personne gardée à vue ne l’est absolument pas. Ces conditions d’entretien ne sont pas acceptables."

Dans les cellules, il note la présence de kits d'hygiènes. Mais certaines toilettes et douches sont cassées. " Les conditions de propreté laissent à désirer."

Des pièges à rat dans les couloirs, des matelas donnés "au compte-gouttes" à cause d'une "prolifération de punaises de lit", viennent étayer ses propos. "Une odeur générale d’urine se trouve dans le grand local des geôles", écrit le bâtonnier.

En cellule de dégrisement, Mathieu Jacquier constate "une lumière forte à l’intérieur empêchant les personnes de pouvoir dormir. Il y règne une forte odeur d’urine ; hormis le banc qui semblait propre, le reste de la salle laissait à désirer."

Un détenu en garde à vue depuis la veille, six heures du matin, n'a pas eu de petit-déjeuner à 10h38. Il dit souhaiter "avoir des nouvelles de sa famille".

En avril, Mathieu Jacquier avait également constaté les mauvaises conditions d'hygiène dans les cellules du commissariat de Noailles. Sa fonction de bâtonnier lui permet de faire des visites des lieux de privation de liberté pour analyser les conditions de détention.

Interrogée par France 3 Provence-Alpes, la préfecture a déclaré "prendre en considération le rapport", affirmant que "l'ensemble des points étudiés devraient aboutir à des solutions appropriées" et que "certains d'entre eux ont déjà été traités ou sont en cours de traitement", sans préciser lesquels.

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