Alors que certains policiers se sont mis en arrêts de travail depuis quelques jours, d'autres ont choisi de se rassembler devant le commissariat Auvare à Nice. Tous ont le même message : ils regrettent la mise en détention provisoire de leur collègue de la BAC (brigade anticriminalité) à Marseille et souhaiterait avoir plus de considération.
La mise en détention provisoire du policier marseillais de la BAC (brigade anticriminalité) la semaine dernière, ne passe pas auprès de ces collègues. Ce mercredi 26 juillet, une centaine de policiers niçois se sont rassemblés durant leur pause déjeuner devant le commissariat Auvare à Nice. Ils demandent "plus de considération" pour leur métier.
De nombreux policiers dans plusieurs régions de France se mettent en code "562", synonyme de service minimum, voire en arrêt maladie, pour protester contre l'incarcération à Marseille depuis le 21 juillet d'un de leurs collègues, sous le coup d'une enquête sur des violences policières. Un homme de 21 ans aurait été roué de coups par plusieurs policiers dans la nuit du 1er au 2 juillet, lors des émeutes qui ont embrasé le pays après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre
Dans la région, des dizaines de policiers se sont mis en arrêt de travail.
Selon Laurent Martin de Frémont, représentant départemental du syndicat de police Unité SGP Police 06, "10% des quelque 1 000 policiers niçois sont en arrêt de travail", des chiffres que la direction départementale de la sécurité publique, interrogée par l'AFP n'a pas confirmés.
Selon des policiers interrogés, le commissariat Saint-Augustin, l'un des quatre commissariats de Nice, "est fermé depuis deux jours, en raison du manque de personnel". La DDSP n'a pas confirmé cette information, évoquant des "perturbations" dans deux commissariats, ceux de Saint-Augustin (Nice-Ouest) et de l'Ariane (Nice-Est).
"Pas des arrêts de complaisance"
France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur a rencontré un policier de la BAC en arrêt qui a accepté de témoigner anonymement.
Il tient à clarifier les choses : "Ce ne sont pas des arrêts de complaisance. C'est que tout le monde ne va pas bien."
Malgré ses 20 ans de carrière, l'homme n'a pas pu encaisser la nouvelle du placement de son collègue en détention provisoire. "C'est le coup de trop qui fait qu'on se dit c'est plus possible", déclare-t-il.
Tout le monde est au bout du bout. Je ne me sens plus d'aller travailler dans ces conditions, toutes les conditions ne sont pas réunies pour aller travailler dignement.
Un policier de la BAC
Il aimerait voir "des juridictions qui prennent en compte le métier de policier et des juges indépendants". "Il faut qu'on prenne notre profession en considération avec ses subtilités", insiste-t-il. S'il reconnaît qu'il a pu y avoir des violences durant les jours qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre, il explique que selon lui, les "dérapages" sont "créés par une situation et non pas par une volonté". "On ne se dit pas "on va casser des têtes"", illustre le policier.
Ce jour-là on a basculé dans plus que des guerillas urbaines. C'est de la guerre. Et nous, faire la guerre, on ne sait pas faire .
Un policier de la BAC
A Nice, lors du rassemblement ce mercredi 26 juillet, le son de cloche est le même. Un policier qui compte 27 ans de service a témoigné sous couvert d'anonymat :
Pendant les attentats de 2015, on était applaudi, on nous faisait des haies d'honneur. Là, on a l'impression d'être considéré comme une police assassine.
Un policier à Nice
"Nous voulons demander une véritable considération car sans nos services, le pays ne tournerait pas", conclut-il.
Il reconnait qu'il y a pu y avoir des violences mais souligne la souffrance d'une profession en manque de reconnaissance.