Violences policières à Marseille : 5 questions sur le mouvement de colère des forces de l’ordre dans la cité phocéenne

Seul un service minimum est assuré dans les commissariats de police de Marseille ce lundi, en réaction à la mise en examen de quatre fonctionnaires de la BAC la semaine dernière. Ils sont accusés de violences sur un jeune de 21 ans.

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Des commissariats calmes et des plaintes non reçues à Marseille, lundi 24 juillet. En soutien aux quatre policiers mis en examen pour violences en marge des émeutes début juillet, un syndicat de police a lancé un appel au "code 562", à Marseille, permettant seulement d'assurer un service minimum. Dans les rangs des forces de l'ordre, de nombreux fonctionnaires ont aussi décidé de se mettre en arrêts-maladie. France 3 Provence-Alpes vous explique ce mouvement de colère en cinq questions.

Quelles sont les origines de cette colère ?

Jeudi 20 juillet, quatre policiers de la BAC de Marseille sont mis en examen, à l'issue de 48 heures de garde à vue. Ils sont accusés d'avoir passé à tabac et laissé pour mort un jeune de 21 ans, Hedi, dans le centre de la cité phocéenne. Cette agression s'est déroulée dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier, en marge des émeutes dans la ville, suite à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans, à Nanterre, tué un policier.

L'un des agents de la BAC de Marseille est placé en détention provisoire au centre pénitentiaire d'Aix-Luynes. Les trois autres sont placés sous contrôle judiciaire et remis en liberté, ils ont l'interdiction d'exercer leurs fonctions. Ils sont mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours aggravée par trois circonstances en ce qu’elles ont été commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions", selon le parquet.

Pourquoi les policiers se sont-ils mobilisés ? 

Les syndicats de police et le collectif des agents de la BAC de Marseille ont rencontré le directeur de la police nationale Frédéric Veaux, venu à Marseille vendredi. Ils ont exigé la libération le plus rapidement du policier placé en détention provisoire.

La veille devant l'hôtel de Police de Marseille, une centaine de policiers se sont rassemblés en soutien à leurs collègues déférés à l'issue de leur garde à vue.

Une lassitude, un ras-le-bol général ressenti dans les rangs de la police. "Ils disent que ce n'est plus possible d'être traités de cette manière, en prenant des risques pour rétablir l'ordre", explique Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance police 13, auprès de France 3 Provence-Alpes.

Quelles sont les conséquences ?

Plusieurs centaines de policiers se sont aussi mis en arrêt-maladie, selon les syndicats. Rudy Manna précise que beaucoup souffrent de "burn-out". En soutien aux quatre fonctionnaires mis en examen, un syndicat a lancé un appel au "code 562", c'est-à-dire au service minimum.

La conséquence de cela : un manque de personnel dans certains commissariats marseillais. Et cela se fait ressentir au niveau du dépôt des plaintes. Seules les plus urgentes sont reçues par les officiers. Pour le reste, il faudra attendre.

Une cagnotte a été lancée par l'Amicale des policiers de la BAC le jour de la garde à vue, en soutien aux quatre policiers mis en examen. Elle a récolté 40 000 euros, avant d'être suspendue par la plateforme, après plusieurs signalements des internautes. 

Qu'a dit le directeur de la police nationale ?

Dans un entretien accordé ce lundi au Parisien, Frédéric Veaux apporte son soutien aux quatre fonctionnaires mis en examen et tout particulièrement au policier incarcéré. "Le savoir en prison m'empêche de dormir, a déclaré Frédéric Veaux. Il faut se donner les moyens techniques et judiciaires pour que ce fonctionnaire de police retrouve la liberté."

Le DGPN désapprouve cette mise en détention. "Je considère qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail", a-t-il rajouté.

 Le président de la République approuve-t-il ?

Interrogé sur ces propos, ce lundi matin depuis la Nouvelle-Calédonie, dans un entretien télévisé, Emmanuel Macron a refusé de s'exprimer sur le dossier.

"Nul en République n'est au-dessus de la loi", a-t-il cependant rappelé tout en disant comprendre les policiers. "Il faut entendre l’émotion et faire respect l’état de droit pour tous", a déclaré le chef de l'Etat.

La "légitimité" des policiers "tient du fait qu'ils protègent le cadre républicain et qu'ils font respecter les lois démocratiquement votées", a répondu le président de la République sur TF1 et France 2. "Bien évidemment, eux-mêmes s'inscrivent dans le cadre de la loi et de l'état de droit", a-t-il déclaré.

"C'est une décision qui a été prise par un magistrat et donc je ne me prononcerai pas sur celle-ci", a expliqué le chef de l'Etat, rappelant qu'il est "le garant des institutions et aussi de l'indépendance de l'autorité judiciaire".

Après avoir rappelé que 900 policiers avaient été blessés lors des émeutes et qu'ils avaient été confrontés à une "violence extrême", Emmanuel Macron, marchant sur une ligne de crête, a souligné l'importance "d'entendre cette émotion"

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