Journée internationale des droits de l'enfant : "Le manque d'AESH conduit à des situations de maltraitance"

En France, 220.000 enfants sont assistés à l'école par des AESH (accompagnants des élève en situation de handicap). Une présence nécessaire pour leur apprentissage et pour faciliter la vie de toute classe. Le problème c'est que des enfants ne sont pas accompagnés ou ont plusieurs AESH.

Ce samedi 20 novembre est la journée internationale des droits de l’enfant. Parmi ces droits établis en 1989, se trouve celui d’aller à l’école.

Pour 220.000 enfants en France (chiffres du comité national de suivi de l'école inclusive), cet accès à la scolarité est rendu possible par les AESH, les accompagnants des élève en situation de handicap.

120 enfants n'ont pas toutes leurs heures d'accompagnement

Le collectif marseillais, « Où est mon AESH ? », créé par l'association de parents d'élèves MPE13, tire la sonnette d'alarme. De nombreux enfants ne bénéficient pas de toutes leurs heures d'accompagnement.

Selon une enquête menée par les parents d'élèves, au printemps 2020 dans les Bouches-du-Rhône : 120 enfants étaient dans cette situation.

« Sur les 18 heures auxquelles avait droit mon fils, seulement 12 étaient effectuées, témoigne Laetitia, maman d’un enfant autiste. En plus, alors qu’il était suivi par la même personne depuis six ans, on lui a attribué deux AESH.»

Plusieurs accompagnateurs pour un enfant

Un changement survenu avec la mise en place des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisé), lancés en 2019 et déployés dans toute la France à la rentrée 2021. Ces pôles doivent répartir les AESH en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves.

« Mais les professionnels se sont retrouvés répartis sur plusieurs écoles », s’exaspère cette Marseillaise. Moins d’heures, plusieurs accompagnateurs : un cocktail terrible pour la scolarité et le quotidien d’enfants qui ont besoin de stabilité.

L’année dernière, des enfants avaient, sur une semaine, cinq accompagnateurs différents. Il n’y a plus de projets pédagogiques, juste une garderie.

Laetitia, maman d'un enfant autiste

«Mon fils faisait des crises en allant à l’école », se rappelle la maman. Régression des capacités sociales, troubles du comportement, retard dans l’apprentissage, le manque d’accompagnement a des conséquences directes sur la scolarité et le quotidien des enfants.

Les enseignants seuls face au handicap

L’absence d’un accompagnateur dédié à l’enfant, rend également difficile le travail des enseignants.

«On se retrouve dans des situations de maltraitance. Des instituteurs finissent par installer les enfants dos à la classe, face au mur, parce qu’ils ne peuvent pas s’occuper d'eux. », explique-t-elle.

Passage au tribunal

Le 4 juin, avec l’aide de l’avocate marseillaise Eglantine Habib, Laetitia a déposé auprès du tribunal administratif une « procédure en référé liberté pour atteinte aux droits fondamentaux à l’éducation ».

Le juge a donné raison à la famille et a émis une ordonnance obligeant l'Académie a trouvé une solution dans les 10 jours. Le fils de Laetitia a retrouvé un AESH unique et toutes ses heures d'accompagnement.

Depuis juin, le collectif « Où est mon AESH ? » indique avoir déposé presque un dossier par semaine, auprès du tribunal.

Trouver des fonds pour aider les familles

Selon l'avocate Eglantine Habib, qui s'est spécialisée dans le droit à la scolarisation des enfants en situation de handicap, « 90 % des dossiers aboutissent sur une réponse positive du tribunal ».

C'est un vrai combat pour ces parents, souligne l'avocate. Les parents ont du mal à avoir accès à la justice, ils sont une minorité isolée, et qui a souvent peu de moyens. Pour certains, impossible d'avoir un emploi avec un enfant en situation de handicap.

Eglantine Habib, avocate

Pour aider les familles à faire cette démarche juridique, le collectif « Où et mon AESH ? » a lancé une cagnotte en ligne.  L’objectif : récupérer des fonds pour payer les frais d’avocats des familles en difficulté.

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