Marceau, 5 ans, diagnostiqué autiste, a fait sa rentrée sans AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). Ironie de l'histoire, sa maman, elle-même AESH, n'a pas obtenu de poste début septembre, pour le même secteur.
Ce lundi midi, Caroline Le Lannou va chercher son fils à l'école. Il est scolarisé en grande-section à Martigné-Ferchaud. Diagnostiqué autiste à l'âge de 2 ans, il bénéficie de l'accompagnement d'un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). Sauf que cette rentrée, il l'a faite seul, sans AESH, contrairement aux deux années précédentes.
Ses parents ont appris la nouvelle le jour de la rentrée. Ils craignent que leur fils prenne du retard sur certaines notions, et que ça se passe mal à l'école. Sa mère explique aussi que son fils fait des crises parfois : "quand il est tendu, l'AESH était là depuis deux ans, pour le maîtriser, le remettre à sa place pour lui réexpliquer des notions. Sans accompagnant, ça va être compliqué notamment pour le graphisme, il se décourage tout de suite, il dit 'je sais pas faire' et s'il n'y a pas quelqu’un pour être à côté de lui, ne serait-ce que pour l’accompagner, il ne fera pas. Ma grosse angoisse est qu’il passe une année à dire qu’il ne sait pas faire."
Les parents de Marceau craignent aussi pour l'enseignante, qui n'a pas le temps de gérer, seule avec l'ATSEM, leur enfant. D'autant qu'un autre garçon porteur de handicap est aussi présent dans la classe.
La maman a elle-même demandé un poste d'AESH
Caroline Le Lannou elle-même est enseignante, et cette année, elle avait demandé un poste de AESH, ce qui avait été accepté, selon elle.
On me répond qu’il n’y a pas d’enfants avec des nécessités dans le secteur, or il y en a, ce n’est pas vrai, c’est une question de budget qu’on nous le dise clairement
Elle envisage de s'arrêter de travailler pour s’occuper de Marceau s'il le faut. "C'est une année charnière pour lui, avant l'entrée en CP", rappelle sa mère, prête à un sacrifice sur sa vie professionnelle.
125 000 AESH pour 400 000 enfants porteurs de handicap en France
En septembre, plus de 400 000 élèves en situation de handicap ont pris le chemin de l’école, ce qui correspond à une augmentation de 19 % en cinq ans. 4 000 accompagnants (AESH) supplémentaires ont été recrutés cette année, ce qui porte leur nombre à 125 000.
Ces personnes, le plus souvent des femmes, chargées d’accompagner des élèves en situation de handicap, ont appris leur lieu d'affectation mercredi, la veille de la rentrée.
En cause, les Pial, ces pôles inclusifs d’accompagnement localisés censés répartir les AESH en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves. Mis en place dès 2019, ils ont été déployés dans toute la France à l’occasion de cette rentrée.
Aujourd’hui, soit un AESH est mutualisé et accompagne plusieurs enfants en même temps, soit un AESH est individuel parce que l’enfant a un besoin soutenu. Les AESH travaillent 24 heures en primaire et 30 en collège. Leur salaire moyen s'élève à 760 euros.