"La solitude et la peur de la guerre en tête des appels" : une chaîne humaine de SOS Amitié pour resserrer les liens

À Marseille, ce dimanche 24 novembre, SOS Amitié organise une chaîne humaine sur la Corniche à l’occasion de la Journée nationale de l'écoute. Peur d’une guerre mondiale, mal-être grandissant chez les jeunes, augmentation des violences familiales, autant de sujets qui ressortent des appels de détresse.

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"Nous marcherons main dans la main". À Marseille, ce dimanche 24 novembre, pour la première fois, SOS Amitié organise une chaîne humaine sur la Corniche, symbole du lien social, ce chaînon manquant dans "une société individualiste qui laisse beaucoup de jeunes sur le bord de la route". L'occasion de prendre le pouls de la société, en décryptant les appels de détresse que reçoivent les écoutants de l’association.

Jeanne Sialelli est formelle. La présidente de SOS Amitié à Marseille, "depuis une huitaine de jours et surtout ces deux derniers jours avec les menaces de Vladimir Poutine", sent monter une angoisse face au risque d'embrasement du conflit entre l'Ukraine et la Russie. "J'ai reçu des appels de personnes affolées, qui disaient, on va vers la guerre !''

La guerre en Ukraine suscite de l’anxiété chez les adolescents et jeunes adultes, qui suivent souvent l’actualité sur les réseaux sociaux. "Nous sommes aux avant-postes, on sent les choses, on l'a vu, les angoisses générées par la covid avaient balayé tous les autres sujets de préoccupation. On peut analyser ce que pensent les Français les plus fragiles", assure la présidente,"et l’inquiétude de la guerre grandit sensiblement".

Dans cette antenne marseillaise, l'équipe d'une trentaine d'écoutants ne répond qu'à un appel sur cinq, par manque de bénévoles. Et pourtant, les cris de détresse se font de plus en plus nombreux et touchent un public élargi, comme l'explique Jeanne Sialelli. 

"Des jeunes hyperconnectés, emmurés dans leur solitude"

"Quand SOS Amitié a été créé il y a 60 ans, la prévention du suicide était notre seul objectif. Au fil du temps, on est devenu généraliste, tourné vers la solitude, les maladies psychiques et le mal-être, mais on s'étonne de voir aujourd’hui de plus en plus de jeunes nous contacter".

La présidente de SOS Amitié à Marseille s’inquiète de constater que, par chat et par mail, les appels de détresse des moins de 25 ans, parmi lesquels des collégiens, se multiplient, souvent animés par des idées noires et des envies de suicide. "Ils sont vraiment emmurés", explique Jeanne Sialelli, "on a l’impression qu’ils sont hyperconnectés derrière leur téléphone, mais pour certains, ils sont malheureux derrière ce smartphone, qui est une façon de cacher leur détresse. Ils sont très seuls". Selon elle, ce phénomène est nouveau, consécutif au covid, et ne cesse de s'accentuer. À Marseille, en 2023, parmi les 9169 appels reçus, 10 % émanaient de jeunes animés par des tendances suicidaires.

Une parole plus libre

Si la guerre fait peur, la solitude reste le premier motif d'appel, loin devant les problèmes de famille et les troubles psychiques, la question du pouvoir d'achat restant marginale. La parole se fait plus libre et les appels, garantis anonymes et confidentiels, sont tentants pour dévoiler de lourds secrets de famille, et des violences intrafamiliales. "On est souvent les premiers à recevoir la confidence de ces vies cabossées".

La solitude au bout de la ligne, ce n'est pas celle de quelqu'un qui s'ennuie et se dit tiens, je vais appeler SOS Amitié, non, ce sont des solitudes noires".

Jeanne Sialelli, présidente de SOS Amitié à Marseille

France3 Provence-Alpes

L'association accueille aussi désormais la solitude des personnes hospitalisées et des détenus. Il n'y a jamais d'écoute heureuse, confie Jeanne Sialelli, elle-même bénévole en ligne. "Un jour, une dame m'a dit 'appelez-moi Suzanne s'il vous plaît, dites mon prénom deux ou trois fois... Personne ne m'a appelée par mon prénom depuis deux mois ", poursuit-elle," c'était très émouvant, c'était un moyen de dire : 'je suis toute seule. Toute seule'".

Le lien social, chaînon manquant dans notre société. 

SOS Amitié Marseille organise donc une chaîne humaine au bord de la mer, espérant mobiliser un public plus jeune au travers de ce symbole de lien social, "le chaînon manquant d'une société de plus en plus individualiste qui laisse les plus fragiles et ceux qui ne sont pas dans l'excellence sur le bord de la route" affirme Jeanne Sialelli. Bien décidée, par la même occasion, à susciter des vocations chez les écoutants. À l'antenne de Marseille, il en manque une vingtaine pour pouvoir faire face à la recrudescence des appels. En 2023, au niveau national, 3.5 millions d'appels ont été comptabilisés par l'association.

Le rendez-vous est donné dimanche à 10H sur la Corniche au Mémorial des rapatriés d'Algérie, à Marseille. 

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