Le mensuel satirique de Marseille Le Ravi lance un SOS pour ne pas disparaître

Le mensuel marseillais qui couvre toute la région Paca est dans l'obligation de réunir 100 000 euros d'ici mai pour continuer à survivre. Depuis 18 ans, le journal a réussi à traverser les épreuves et à se maintenir. Mais cette dernière crise pourrait être la dernière.

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L'appel est lancé en ce mois de mars sur leur site, dans les pages imprimées du numéro 204 et aussi sur leurs réseaux sociaux pour tenter de mobiliser les lecteurs et plus largement tous ceux qui sont attachés au pluralisme de la presse. 

"On n'achète pas un journal libre, on finance son indépendance", c'est la petite phrase en préambule du bulletin d'adhésion dans les pages du Ravi. Et c'est bien là l'esprit du mensuel, résumé en quelques mots.

Des hauts et des bas

Crée en décembre 2002, avec son association "La Tchatche", Le Ravi a pour but "de développer la vie démocratique et l'information du public en Paca" et c'est en juillet 2003 que le premier exemplaire est vendu dans les six départements de Paca. 

Depuis le journal et ses salariés tentent de faire de leur travail malgré la crise qui touche la presse écrite et indépendante qui plus est.

"Pour être viable, il faudrait que l'on ait plus d'abonnés et que l'on ait aussi plus de marge en kiosque, car chaque numéro nous coûte beaucoup.

En 2014, LE Ravi dépose le bilan, comme Marsactu et La Marseillaise.

"La Tchatche" offre un couscous aux donateurs qui avaient souscrit des abonnements pour sauver le journal. C'est le départ des campagnes de financement participatif  "Couscous Bang Bang", utilisées à plusieurs reprises quand le journal traverse des phases économiques difficiles.

"A cette époque nos lecteurs nous avaient sauvé, et ce 2 mars 2022, le tribunal de Marseille a acté le remboursement intégral de nos dettes. Paradoxalement, on risque de basculer si on ne trouve pas l'argent suffisant pour continuer", détaille Michel Gairaud.

Cette fois-ci, il va falloir réunir près de 100 000 euros d'ici fin mai. 

"L’enjeu est démocratique. Il s’agit avant tout de préserver un espace de liberté singulier, construit pas à pas depuis dix-huit ans, dans une région Paca, où les trois principaux titres de la presse régionale risquent de tomber sous la coupe d’un seul milliardaire : Xavier Niel", explique l'équipe du Ravi dans son édition de ce mois-ci, qui pourrait-être la dernière.

Depuis novembre 2019, le journal est aussi disponible en version numérique LeRavi.org

"Nous voulions ne plus jamais devoir l’écrire. Mais les faits sont têtus. Ce numéro pourrait être le dernier", écrivent les journalistes pour expliquer l'appel lancé.

Le journal emploie six personnes dont quatre journalistes et a recours régulièrement à des pigistes et des dessinateurs.

"Pour chaque numéro, ce sont 30 personnes qui collaborent", explique Michel Gairaud le rédacteur en chef.

Les aides financières

Auparavant, les collectivités territoriales telles que la Région Paca, la ville de Marseille et le département allouaient une petite enveloppe d'aide, sous forme de subventions destinées aux médias associatifs.

Sans raison officielle, ces subventions se sont arrêtées. 

"C'est paradoxale, une presse comme la notre ne reçoit plus les aides aux médias quand les grands titres qui appartiennent à quelques milliardaires eux continuent d'en recevoir", regrette le rédacteur en chef. 

 "En 2021, Le Ravi était auto financé à 70%" , indique Michel Gairaud. 

"Les plus grands groupes, aux mains d’une poignée de milliardaires comme ceux qui se disputent La Provence, captent l’essentiel des aides à la presse", dénonce Le Ravi.

Pour protester contre cela, une pétition est en ligne et a déjà recueilli plus de 3000 signataires, dont Marsactu et Médiapart.

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