Jean Luc Mélenchon a annoncé ne pas être certain de vouloir repartir pour un mandat de cinq ans au palais Bourbon. Dans le viseur du bientôt ex-député LFI, le poste de premier ministre. Il entend faire peser ses 22 % de suffrage au premier tour de la présidentielle.
Cette semaine, Jean-Luc Mélenchon a réussi à unir les partis de gauche après la présidentielle. LFI, PS, PCF et EELV sont enfin tombés d'accord pour partir en ordre de bataille pour les législatives de juin prochain.
Ce samedi doit se tenir à Aubervilliers la Convention d'investiture des candidats qui représenteront NUPES ( Nouvelle Union populaire écologique et sociale ).
L'homme politique de 71 ans a dans le même temps annoncé au 20h de France 2 ce vendredi qu'il ne serait “vraisemblablement” pas candidat dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, à Marseille où il avait été élu en 2017 avec 59,9 % des voix face à son adversaire de La République en marche.
Sa priorité, devenir le prochain premier ministre.
Il a ainsi déclaré qu'il n'était pas utile d'être député pour être appelé à la fonction de premier ministre, en faisant notamment référence à Jean Castex et rappelant que "six Premiers ministres sur 24 dans la Ve République ne l’étaient pas".
Il entend faire peser ses "7,7 millions de voix" obtenues au premier tour de la Présidentielle.
La nouvelle donne insoumise
A gauche, le PS a totalement disparu. La France Insoumise n’a remporté qu’un siège : Jean-Luc Mélenchon à Marseille, dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, donc.
Quant au parti communiste, il conserve un député, Pierre Dharréville dans la 13e circonscription, située à l’ouest de l’Etang de Berre autour de communes comme Istres, où le RN a fait 58,5 % des voix le 24 avril.
Le RN n’a aucun député sortant. L’extrême droite est représentée par un député de la Ligue du Sud, Jacques Bompard maire d’Orange député de la 4e circonscription de Vaucluse. En 1998, 2002 et 2017, le FN n’a pas réussi à transformer sa forte présence régional en victoire à l’Assemblée.
En projetant les résultats du premier tour de la présidentielle sur les 42 circonscriptions de la région Paca, on peut tenter de déterminer les grands enjeux des prochaines législatives.
Dans les Bouches-du-Rhône, Marine Le Pen réalise ses meilleurs scores dans le secteur de l'étang de Berre : à Saint-Victoret (70,34%), Port-Saint-Louis (68,90%), Fos-sur-Mer (68%), Châteauneuf-les-Martigues (65,70%), Gignac (65,34%), Istres (58,57%) ou encore Marignane (64,4%).... Des communes où le RN s'est souvent placé très largement en tête aussi au premier tour. Comme en 2017. Sans pour autant décrocher un siège au Palais Bourbon dans la foulée.
On note cependant une progression du vote lepéniste dans des communes comme Port-de-Bouc, où l'on vote communiste depuis 1944. Comme à Port-Saint-Louis-du-Rhône, les électeurs avaient placé Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour.
"Les problématiques sociales ont sans doute été insuffisamment prises en compte dans cette affiche de deuxième tour", explique Christel Lagier.
Au second tour, le parti présidentiel sauve la mise dans le département grâce aux grandes villes comme à Marseille (59,84%), grâce sans doute à un bon report des voix mélenchonistes qui ont joué le front républicain.
Et le leader insoumis, qui a devancé Emmanuel Macron de près de 9 points au premier tour, tentera en juin de capitaliser son avantage pour être réélu et gagner de nouveaux sièges.
"Du fait du fort taux d'abstention à la présidentielle et du fait qu'au premier tour plus de 50 % des suffrages ne se sont pas portés sur les deux candidats finalistes, il y a du mécontentement et il y a un enjeu sur les législatives à venir", note la politologue Christel Lagier.
Quels enjeux dans les Alpes du sud?
Dans les Hautes-Alpes, les deux députés sortants sont LREM. En 2017, Pascale Boyer et Joël Giraud l’ont emporté contre des candidats de droite. Dans ce département, au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron s’est imposé en tête (23,78%) mais il est talonné par Jean-Luc Mélenchon (22,87%) et Marine Le Pen (22,84%). Pour les législatives, la partie s'annonce serrée.
Dans les communes de la 2e circonscription, le 10 avril, Jean-Luc Mélenchon a devancé ses adversaires : à Briançon, L’Argentière-la-Bessée, Embrun et Guillestre. Marine Le Pen s'est imposée à Chorges, Orcières, Saint-Firmin et Savines-le-Lac, alors qu'Emmanuel Macron était devant à La Grave et Le Mônetier-les-Bains.
Mais dans les élections locales, la personnalité du sortant joue autant voir plus que son étiquette. Maire de l’Argentière pendant 28 ans, député depuis 2002, Joël Giraud est le ministre de la cohésion des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales du gouvernement Castex. Un élu bien en place.
La position de l’ancienne conseillère départementale Pascale Boyer, entrée à l’Assemblée en 2017 avec la vague en Marche pourrait sembler plus inconfortable sur le papier. Si Emmanuel Macron domine au premier tour de la présidentielle à Gap, Marine Le Pen prend l’avantage dans les communes d’Aspres-sur-Büech, La Bâtie-Neuve, Laragne-Montéglin, Saint-Etienne, Serrest et Tallard. Jean-Luc Mélenchon s’impose pour sa part à Barcillonnette, Orpierre, Rosans et Veynes.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les deux députés sortants sont aussi des marcheurs. Delphine Bagarry l’avait emporté face au FN dans la 1ère circonscription, alors que Christophe Castaner s’était imposé dans la deuxième, face à un candidat insoumis.
Dans ce département, au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen a devancé de plus de 4 points Jean-Luc Mélenchon arrivé deuxième et de plus de 5 points Emmanuel Macron, troisième. Le président sortant a été battu par Marine Le Pen avec 51,45% des suffrages au second tour.
Duels, triangulaires et abstention
Aux dernières législatives, bien que présents dans de nombreux duels, les candidats du RN sont toujours sortis vaincus. Même dans le Vaucluse où son ancrage est ancien.
En 2012, Marion Maréchal Le Pen a été élue dans la 3e circonscription du Vaucluse à faveur d’une triangulaire. Or, le nombre des triangulaires dépendra principalement du niveau de l’abstention.
Rappelons qu’aux législatives, les deux candidats arrivés en tête sont qualifiés au second tour, et tout candidat qui obtient 12,5 % des suffrages des électeurs inscrits peut se maintenir.
Tout se joue sur l’abstention. Plus l’abstention est élevée, plus il est mécaniquement difficile d’atteindre le seuil imposé de 12,5 % des inscrits au premier tour. Ce qui limite les triangulaires.
Ainsi en 2012, on avait eu 12 triangulaires en Paca avec dans chacune d’elle un candidat FN. En 2017, le second tour des législatives s’est joué dans des duels dans les 42 circonscriptions de Paca.
La forte abstention notamment dans les milieux populaires a principalement pénalisé la FI et le RN. Et cette année encore l’abstention touche particulièrement ces catégories populaires et les jeunes qui constituent le cœur de ces électorats.
"Il va falloir aller chercher les électeurs qui ne veulent pas voter parce qu'on sait que les législatives risquent d'être beaucoup plus abstentionnistes que la présidentielle", rappelle Christel Lagier.
Autre donnée qui joue sur les triangulaires : le nombre de candidats en lice. En 2017, 623 prétendants s’étaient présentés au suffrage en PACA, avec en moyenne près de 15 candidats par circonscription, un éparpillement des voix couplé à une forte abstention rendant les triangulaires quasi-impossibles.