Mort d'un enfant atteint d'une forme proche du syndrome de Kawasaki, "cette maladie reste heureusement très rare"

Un enfant de 9 ans, atteint des symptômes d'une forme proche de la maladie de Kawasaki décrite chez de jeunes patients ayant été en contact avec le covid-19 est mort vendredi dernier à Marseille. C'est le premier décès de ce type en France.

"Le 2 mai dans l'après-midi, un garçon de 9 ans a été examiné aux urgences pédiatriques de l'hôpital Nord. Il présentait un tableau clinique semblable à celui de la scarlatine", explique l'APHM dans un communiqué.

Elle ajoute que l'enfant a reçu un traitement avant d'être renvoyé chez lui. "L'enfant ne présentait pas de signe de gravité ce qui a justifié son retour à domicile".

Ce même jour pourtant, dans la nuit, l'enfant a été conduit par le SAMU au service de réanimation pédiatrique de la Timone, où il est décédé six jours plus tard. 

Ce vendredi, les professeurs Fabrice Michel, chef du service anesthésie-réanimation de l'hôpital de la Timone, Caroline Ovaert  chef du service cardiologie pédiatrique et Hervé Chambost professeur de pédiatrie ont tenu une conférence de presse devant l'entrée de l'hôpital de la Timone. 

L'enfant avait fait un arrêt cardiaque à son domicile

"L'enfant présentait des signes pouvant ressembler à une maladie de Kawasaki" expliquent-ils dans le communiqué, à savoir une inflammation du coeur et des vaisseaux sanguins.

On suspecte très fortement qu'effectivement il a eu une attaque cardiaque liée à ce syndrome post-infection au Covid.

Le jeune patient présentait une atteinte neurologique. " Il avait fait un arrêt cardiaque à son domicile", a indiqué le professeur Fabrice Michel. Les parents ont tout de suite réagi et appelé les secours".
"Sa sérologie indiquait qu'il avait été en contact avec le coronavirus sans développer les syndromes du Covid-19", précisent les médecins de l'APHM.

"On suspecte très fortement qu'effectivement il a eu une attaque cardiaque liée à ce syndrome post-infection au Covid", note le professeur Michel.

"La pathologie de cet enfant a entraîné une atteinte cardiaque provoquant des lésions cérébrales, cause de la mort", résume l'AP-HM dans son communiqué. 

Jeudi soir, dans son point hebdomadaire diffusé, l'agence sanitaire Santé publique France avait mentionné le décès d'un "garçon âgé de 9 ans, présentant une comorbidité neuro-développementale", après une maladie inflammatoire ayant atteint son coeur et qui était sans doute liée au Covid-19.

125 cas en France

Ces trois dernières semaines, plusieurs pays ont signalé des cas d'enfants touchés par une maladie inflammatoire aux symptômes proches d'une affection rare, la maladie de Kawasaki, vraisemblablement liée au Covid-19.

Depuis le 1er mars en France, 125 enfants de moins de 15 ans ont présenté les symptômes de cette maladie selon Santé Publique France. 65 ont été admis en réanimation. Plus de la moitié de ces cas ont été localisés en Ile-de-France. 
A Marseille, cinq enfants ont été admis à l'hôpital de la Timone depuis le début de la pandémie de coronavirus pour cette pathologie alors qu'en temps normal seuls trois cas annuels sont recensés.

"C'est une pathologie encore méconnue pour laquelle une alerte a été lancée le 29 avril, indique l'AP-HM, cette maladie est en cours de caractérisation au niveau national et international."

"De manière exceptionnelle, des enfants vont présenter des manifestations inflammatoires en décalage quatre semaines après l'épisode, comportant plusieurs signes qui sont une fièvre élevée et une fatigue importante, une sensation de malaise, une éruption qui peut ressembler à la scarlatine",  explique le professeur Alexandre Belot, rhumato-pédiatre au CHU de Lyon, qui travaille à la recension des cas en France.

Quand consulter ? 

Le malade peut aussi se plaindre de douleurs abdominales et de troubles digestifs ou présenter une conjonctivite et une langue rouge, gonflée avec un aspect de framboise.

Très peu d'enfants, et un seul décès, ils ne doivent pas inquiéter outre mesure.

Ces symptômes sont proches de la maladie infantile de Kawasaki qui entraîne une inflammation des vaisseaux sanguins. Mais le caractère inflammatoire et les atteintes cardiaques sont "beaucoup plus marqués" dans les cas suspectés d'être en lien avec le Covid-19, selon Santé publique France.

Ces cas concernent "très peu d'enfants, et un seul décès, ils ne doivent pas inquiéter outre mesure", souligne le professeur Michel. Il faut "consulter quand les enfants ont de la fièvre pendant plus de deux jours et des signes associés", recommande-t-il encore.

"Ce qui est certain c'est que cette maladie reste heureusement très rare. Elle peut être grave mais évolue dans la majorité des cas, rassure l'AP-HM.

L'OMS en alerte 

Ce vendredi, l'OMS a indiqué étudier un possible lien entre la maladie Covid-19 et la maladie de Kawasaki. 

"Des hypothèses initiales indiquent que ce syndrome pourrait être lié au Covid-19 (...). Nous appelons tous les cliniciens dans le monde à travailler avec leurs autorités nationales et l'OMS pour être en alerte et mieux comprendre ce syndrome chez les enfants",
a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse virtuelle à Genève.

"Il est crucial de caractériser précisément et urgemment ce syndrome clinique, pour comprendre sa causalité et décrire des protocoles de traitement", a-t-il ajouté.

Une piste génétique

Deux études parues ces derniers jours dans la revue médicale The Lancet semblent suggérer une piste génétique, les premiers cas survenus en Angleterre étant majoritairement "d'origine afro-caribéenne".

L'enfant mort à Marseille était lui aussi "d'origine africaine" selon le Pr Michel, qui n'en tire toutefois pas de conclusion. "C'est peut-être
aussi des populations où le virus circule plus", 
note-il.

L'hypothèse d'une piste génétique liée à l'origine pourrait toutefois être creusée en France, même si les statistiques ethniques y sont interdites. 

"Une demande a été adressée à la Commission nationale de l'informatique et des libertés pour pouvoir recueillir l'origine ethnique, ce qui est sensible", a indiqué au journal Le Monde le Pr Alexandre Belot.
 
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