L'une des plus anciennes usines de Marseille, dans les quartiers nord, a entamé son processus de reconversion. D'ici cinq ans, la raffinerie Saint-Louis sucre devrait accueillir des tournages et des formations aux métiers du cinéma.
4,5 hectares de studios de cinéma et de formations. C'est ce qui est prévu d'ici à 2025, en lieu et place de la raffinerie Saint-Louis Sucre, située dans les quartiers nord de Marseille. Les travaux devraient commencer en 2023.
Créée au XIXème siècle, la raffinerie Saint-Louis est l'histoire de tout un quartier éponyme. L'usine emploie jusqu'à 1.200 personnes avant son déclin dans les années 1970.
"L’usine faisait travailler tout un quartier mais également les entreprises extérieures", rapporte Marie-Hélène Chastain, directrice d’exploitation du site.
En 2022, il reste moins de dix employés, qui s'occupent de fabriquer le sucre liquide.
Explosion du cinéma à Marseille
Provence Studios, l'un des plus grands studios de cinéma de France, va reprendre une partie de l'ancienne raffinerie Saint-Louis Sucre.
"C'est en cours de finalisation", indique Olivier Marchetti, le directeur de Provence Studios. L'entreprise a de plus en plus de productions sous la main, de plus en plus de demandes.
"Ça marche plutôt bien, on est en train d'accueillir La Nonne 2 ou encore The serpent queen", souligne le directeur, contraint de devoir refuser des tournages.
En France, il manque quatre fois le nombre de studios de cinéma existants.
Olivier Marchetti, directeur de Provence Studios
En France, il manque quatre fois le nombre de studios de cinéma existants, selon les estimations du directeur de Provence Studios. L'idée est donc de s'étendre pour répondre à une demande croissante.
Le cinéphile entend se spécialiser. "Il y a de gros bassins, on pourrait peut-être imaginer des trucs dans l'eau" envisage-t-il.
Les locaux de la raffinerie sont d'ores et déjà loués, en tant que bureaux, pour la série "Bronx" d'Olivier Marchal.
Pour Olivier Marchetti, l'acquisition de cet espace est surtout l'occasion de créer un lieu de formation, en parallèle des studios.
C'est un lieu qui est juste génial : entre les deux autoroutes, dans les quartiers nord, au cœur d’un bassin d’emploi colossal. Il y a donc un potentiel dingue.
Olivier Marchetti, directeur de Provence studios
"C'est un lieu qui est juste génial : entre les deux autoroutes, dans les quartiers nord, au cœur d’un basin d’emploi colossal. Il y a donc un potentiel dingue. On est très très heureux de porter notre pierre à cet écosystème", selon Olivier Marchetti .
L'objectif est d'ouvrir la formation de métiers du cinéma à des habitants des quartiers nord de Marseille. "On a besoin de créer des techniciens : on manque d’administrateurs de production, d'électros, de machinos… dans tous les corps de métier, il y a des besoins" précise le directeur, qui assure rechercher tous types de profils : de sans diplômes à ultra diplômés.
Il espère mettre des étoiles dans les yeux des jeunes. "Vous dites à un jeune qu'il va être formé en tant que peintre en cinéma, par rapport à peintre en bâtiment, il y a un enthousiasme. C'est une usine à rêve le cinéma!" analyse-t-il.
Une usine à rêve qui rapporte. À titre d'exemple, une série comme The serpent queen, c'est 60 millions de dollars dépensés sur le territoire français, d'après Olivier Marchetti.
Un site à dépolluer
La raffinerie Saint-Louis Sucre a en fait été rachetée, début 2022, par une entreprise spécialisée dans la reconversion de friches urbaines : Brown Fields.
10 hectares au total, qu'il faut "démolir, désamianter et dépolluer" explique Abdelkrim Bouchelaghem, directeur général de Brown Fields.
Le PLU (Plan Local d'Urbanisme) a décidé que l'activité devait être industrielle ou logistique. L'idée du cinéma a émergé en partie dans la tête de certains élus comme Samia Ghali, après une évaluation des besoins du marché et à la suite d'une demande d'Emmanuel Macron.
La moitié de l'ancienne raffinerie Saint-Louis Sucre est donc en train d'être vendue à Provence Studios.
Les hectares restants sont répartis de cette manière : une petite activité sucre liquide maintenue avec les salariés sur place et le développement d'un pôle distribution urbaine du dernier kilomètre.
"L'idée est de faire face aux grands enjeux, à savoir le développement du e-commerce et en même temps des enjeux de qualité de l’air en ville avec les futures zones de faibles émissions et la décarbonatation des transports", précise Abdelkrim Bouchelaghem, directeur général de Brown Fields.
Au total, cette transformation de la raffinerie Saint-Louis Sucre représente 50 millions d'euros d'investissements pour Brown Fields.