Police : mobilisation hors du commun dans toute la France à la suite du limogeage d'Eric Arella patron de la PJ de Marseille

En poste depuis 2015, Eric Arella, le directeur de la police judiciaire à Marseille, a été démis de ses fonctions. Cette décision fait suite à la mobilisation de policiers, jeudi, lors de la visite au commissariat de l'Evêché du chef de la police nationale, Frédéric Veaux.

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Eric Arella n'est plus le directeur de la PJ à Marseille, a-t-on appris auprès de plusieurs sources concordantes.

La décision fait suite à la publication jeudi d'une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voit des policiers accueillir le directeur général de la PJ, Frédéric Veaux, par une haie d'honneur silencieuse.

Frédéric Veaux n'aurait pas apprécié la manifestation, ce qui l'aurait poussé à limoger Eric Arella. Il sera remplacé par Dominique Abbénanti, actuellement en poste à l'ambassade d'Algérie.

"On n'a pas les tenants et aboutissants mais pour moi il paie les pots cassés suite à la manifestation d'hier" estime Franck Faraci, délégué pour SGT-FO.

Les fonctionnaires protestent actuellement contre une réforme voulue par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. Le projet prévoit de placer tous les services de police d'un département sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.

"La réforme du point de vue de l’investigation, c’est la mise en danger des concitoyens et de l’état sur les 10 ans  venir, la Belgique, les pays bas ont fait cette réforme et le regrettent", souligne Thomas, chef de groupe à Marseille. 

Eric Arella applaudi par les policiers

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Marseille : le directeur de la police judiciaire applaudi à son arrivée ©PJ

Des policiers se sont rassemblés ce vendredi devant le commissariat de l'Evêché, dans le 2e arrondissement de Marseille, en soutien à leur ex-directeur. Ils l'ont accueilli par une haie d'honneur et des applaudissements. "Bravo Monsieur" le salue un fonctionnaire.

"Ce que l'on vit en ce moment, jamais on n'aurait pensé le vivre", commente Thomas, chef de groupe à Marseille. 

A Marseille les policiers de la PJ ont déposé les armes suite à ce limogeage: 

"Éric Arella est un grand chef de police. Grand technicien de la police judiciaire, reconnu unanimement par ses pairs, son limogeage va laisser un vide au sein de l’Evêché, siège mythique de la PJ marseillaise", reconnait Matthieu Valet, porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police.

Avant d'ajouter:  "J’ai connu Eric Arella quand j’étais en poste à Marseille. Humain, proche des troupes, loyal il a obtenu avec ses équipes des résultats exceptionnels notamment contre les trafics de stupéfiants et les règlements de compte! Presque 50% dès auteurs de « reglos » ont été identifiés.

Il a tout notre soutien

Matthieu valet, porte-parole syndicat indépendant des commissaires de police

Dans un communiqué, l’association française des magistrats instructeurs (AFMI) écrit qu’elle "apprend avec consternation" le limogeage du patron de la PJ de Marseille. Décision "inquiétante et significative d’un mode de gestion autoritariste qui (…) interdit tout débat".

"On perd un grand Monsieur" réagit Franck Faraci. "C’est quelqu’un qui a la mentalité PJ. il sait ce qu’est la grande criminalité, il fait confiance à ses enquêteurs, c’est un passionné. C’est quelqu’un d’une loyauté absolue."

La réforme de la police judiciaire inquiète les policiers. Ils estiment qu'elle ne leur permettra plus de se concentrer sur les enquêtes chronophages, contre le crime organisé par exemple. "C'est un travail à plein temps, les collègues rentrent chez eux avec les dossiers, observe Franck Faraci. S'ils doivent en plus gérer d'autres dossiers comme des contentieux entre particuliers, leur crainte c'est de ne plus pouvoir travailler sur la grande criminalité."

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Rassemblement de soutien à Eric Arella, le 7 octobre 2022 ©Source policière

La procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens s'est elle-même inquiétée du projet de réforme, lors de l'audience de rentrée, au tribunal judiciaire de Marseille, le 30 septembre dernier.

"Qui sera en capacité prochainement de traiter nos enquêtes de fraudes sociales, fiscales, nos enquêtes que nous souhaitons engager sur le grand circuit de blanchiment ou sur le détournement de fonds publics ?", s'est interrogée Mme Laurens.

"On a appris cette nouvelle avec une grande surprise. C'est le signe que l'exécutif va avoir du mal à mettre en place cette réforme. Normalement, lorsqu'il y a des réformes, il y  a un dialogue et lorsqu'il y a des désaccords, on essaye de trouver des compromis. J'ai peur que si cette réforme passe en force, elle ne soit ni acceptée, ni comprise", a réagit Clara Grande du syndicat de la magistrature à Marseille.

Selon elle, "ce limogeage montre une sorte de marque d'autoritarisme. Je ne sais pas comment on va travailler. Il y aura une perte de confiance de ces forces de l'ordre, de cette équipe de la police judiciaire, qui est ébranlée".

La conférence nationale des procureurs de la République (CNPR) apporte aussi son soutien à Eric Arella par cette publication sur les réseaux sociaux :

Sur France Inter, le 31 août dernier, le procureur général près la Cour de cassation avait estimé que la réforme voulue par Gérald Darmanin ne va "pas dans la bonne direction".

La mobilisation s'étend aussi à Nice

"Je parle au nom du service judiciaire de Nice, qui est rattaché à la direction régionale de police judicaire de Marseille, et nous sommes sortis de nos bureaux aujourd’hui, devant la caserne Auvare, pour soutenir notre directeur zonal, Mr. Arella, qui a été démis de ses fonctions aujourd’hui par le ministre de l’Intérieur, qui fait sans doute suite à la venue du directeur générale de la police nationale dans les locaux de la direction zonale de Marseille hier. Et pour laquelle les membres de la police judicaire ont pacifiquement exprimé leur désaccord avec la réforme de la police nationale qui est proposée par le DGPN aujourd’hui et le ministère de l’Intérieur. Nous sommes là aujourd’hui en soutien à notre directeur, M. Arella", a indiqué l'un des agents présents qui souhaite garder l'anonymat.

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Interview lors de la manifestation, ce vendredi 7 octobre de policiers niçois, à la caserne Auvare, après le limogeage d'Eric Arella ©Audrey Lalli/ France Télévisions

Sur France Inter, le 31 août dernier, le procureur général près la Cour de cassation avait estimé que la réforme voulue par Gérald Darmanin ne va "pas dans la bonne direction".

Une mobilisation et un soutien dans toute la France

De la Guadeloupe à Versailles en passant par Lille, Strasbourg, Bordeaux, et Avignon tous les commissariats se mobilisent pour apporter leur soutien à Eric Arella, ex patron de la PJ Zone sud à Marseille.

 Comme ici à Nantes:

 ou encore ici à Toulouse:

Des rassemblements spontanés ont eu lieu ce vendredi après-midi un peu partout en France.

Les syndicats demandent la sanctuarisation des services de PJ. Les fonctionnaires des PJ sont invités à se rassembler le 17 octobre prochain.

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