Près de 200 policiers judiciaires ont manifesté ce jeudi matin devant l'Hôtel de police de Marseille dans le 2e arrondissement. Ils s'opposent la reforme portée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
“Non à la DDPN”, “touche pas à ma PJ,” peut-on lire sur les t-shirts noirs des policiers judiciaires présents devant l'Évêché.
Ils étaient près de 200 à manifester ce jeudi matin contre la réforme, portée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, et soutenue par Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale. Elle prévoit de placer tous les services de police - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - sous un même directeur départemental. Cette réorganisation pourrait nuire, selon les manifestants, à leurs enquêtes.
Des inquiétudes grandissantes
Devant l'Hôtel de police de Marseille, Thomas, chef de groupe Ofast (office anti-stupéfiants) se confie au micro de Lucie Nuttin, notre journaliste présente sur place.
“En ce qui concerne l’investigation, dont la police judiciaire est la plus spécialisée, elle va être fusionnée avec les services d’investigation des commissariats et de la sécurité publique. Ce faisant, on va nous demander de renforcer nos amis de la sécurité publique, et on aura donc moins de temps pour faire nos enquêtes et nos missions”, explique le policier.
Une inquiétude confirmée par Franck Faraci, délégué investigation unité SGP Police : “Les policiers qui s’intéressent à la grande délinquance ont peur que le futur DDPN les noient sous des dossiers de sécurité public actuel, ce qui aura comme conséquence de délaisser la grande criminalité. Ils craignent de ne plus avoir le temps et les moyens de travailler dessus.”
Cette question n’est pas la seule dans la tête des policiers judiciaires. “Depuis le début de ce projet, les informations sont floues, rien n’est vraiment acté. Les policiers se demandent ce qu’ils vont devenir, notamment les pjistes. Vont-ils devoir traiter des incivilités quotidiennes ? Vont-ils subir des mutations géographiques, avec les ouvertures et fermetures de services ? ”, poursuit-il.
Sur les réseaux sociaux, la vidéo de mécontentement des forces de l'ordre à Marseille lors du passage directeur général de la police nationale est devenue virale :
Un soutien national
Le choix de la date de la manifestation du jour n’est pas le fruit du hard. Frédéric Veaux était ce matin au palais du Pharo, et est attendu cet après-midi à l'Hôtel de police. Une réunion était prévue à 14 heures avec les organisations syndicales.
Des collègues de Montpellier, Toulon, Nice, Nîmes ou encore Avignon, sont venus soutenir les policiers judiciaires marseillais, afin que le message soit entendu par le gouvernement et par Frédéric Veaux. “Les réformes c’est bien beau, mais encore une fois, on ne pense pas à l’humain”, regrette Franck Faraci.