La date de réouverture des lieux culturels est prévue le 19 mai, avec une jauge à 35%. A l'Art Dû théâtre, à Marseille( 6e), il faudra attendre le 9 juin et la jauge à 70%. Pour son directeur Stan Brizay, ce n'est pas rentable d'ouvrir en petite jauge dans sa petite salle avant cette date.
Il a appris la nouvelle comme tous les Français lors de l'annonce officielle du gouvernement.
" C'est assez bizarre quand même de ne pas prévenir en amont les professionnels", estime Stan Brizay, directeur de l'Art Dû théâtre.
Il avoue même faire partie "des sceptiques" et voyait plutôt "une réouverture en septembre".
D'ailleurs, cette annonce a un peu pris de cours les professionnels du secteur.
Pour remettre en route les spectacles, "il faut du temps, recontacter les productions et reprogrammer les spectacles".
"J’avais déjà décalé toute ma programmation", explique Stan Brizay.
Pour cette reprise, il va miser "sur les talents locaux", et ouvrir "sa scène à du stand-up via le comédie-club".
Les premières représentations se feront "au chapeau".
C'est-à-dire que les spectateurs ne payent pas leur place, mais donnent en fonction de leur appréciation du spectacle donné.
"Une façon de relancer doucement l'activité et de faire revenir le public absent depuis si longtemps", précise le directeur du théâtre.
Pour les têtes d'affiches, il préfère attendre la jauge complète à savoir début juillet.
Avec une capacité de 110 fauteuils, il pourra plus facilement respecter le nouveau protocole sanitaire, "qu'on ne connait pas encore", confie Stan Brizay.
Il se doute qu'il faudra espacer les spectateurs.
Les jeunes et les élèves à l'honneur
Dès le mois de juin, les spectacles enfants vont reprendre.
L'Art Dû théâtre propose des représentations pour les tous petits, dès l'âge de un an.
Des programmes courts, colorés, amusants et adaptés à ce très très jeune public.
Autre certitude dans la programmation, les spectacles de fin d'année des élèves des cours de théâtre.
Une priorité pour ce directeur de théâtre, " c'est d'autant plus important cette année que les élèves puissent montrer ce sur quoi ils ont travaillé toute l'année, dans des conditions d'adaptation inédites, souvent par visio".
Le comble pour du spectacle vivant.
Se diversifier, se réinventer
C'est ce que la crise a aussi enseigné.
" On a dû se réinventer, essayer de composer avec la situation actuelle", explique sereinement Stan Brizay.
Et c'est avec des travaux qu'il a occupé son temps pendant la fermeture.
Pour étoffer son offre et créer encore plus de lien dans son quartier, ce dynamique directeur se lance aussi dans un nouveau concept, "en plus de la salle de spectacle, on va proposer un restaurant bar tapas et installer une petite terrasse".
Un after-work qui ouvrira ses portes le 20 mai prochain, précédent un peu l'ouverture de la scène.
Renouer avec le lien social
C'est aussi le sens de ce nouveau projet.
Offrir un moment de plus avant ou après la représentation pour son directeur, c'est très important.
"Venir se défouler, rire en tant que public, venir entre amis, venir décrocher son cerveau du quotidien".
En effet, la crise a détricoté les liens que les gens tissent entre eux.
"La vie tout court manque aux gens. Les relations, le toucher, le parler et la scène qui est un lieu d’expression et sans, les gens en souffrent", ressent Stan Brizay.
Considéré comme non-essentielle, la culture "a montré à quel point c’est important dans le quotidien des gens".
Union des théâtres
Autre point positif que ce directeur de théâtre pointe avec recul, c'est la façon dont les petits théâtres de France se sont regroupés pour s'entraider, se soutenir et faire front ensemble.
"L'union fait la force", et cela c'est encore vérifié.
Stan Brizay le concède, "avant la crise, on travaillait un peu dans notre coin, sur nos programmations et sur nos salles sans trop se connaître et sans trop se parler".
Et puis, face à une situation inédite, les professionnels du spectacle vivant et notamment les plus petites structures, ne bénéficiant pas de subventions, ont dû faire face à l'arrêt brutal de leurs activités.
"Certains ne savaient pas quoi faire, comment s'organiser, ce à quoi ils avaient droit en terme d'aides, comment monter le dossier, donc se réunir et s'entraider est venu naturellement", raconte Stan Brizay.
Au point de se demander pourquoi ils n'y avaient pas pensé avant.
A Marseille, cette cohésion entre petites structures a fait naître l'envie de mettre en place un festival de théatre.
"Un peu comme au cinéma, il y aura un pass valable plusieurs jours donnant accès à tous les théâtres participants, et les spectateurs pourront varier les plaisirs et pousser les portes de théatres où ils n'allaient peut-être pas", explique Stan Brizay.
Le directeur de l'Art Dû Théâtre apprécie " que chaque structure ait sa particularité et sa programmation qui lui correspond", proposant une palette de spectacles élargie.
Ce festival devrait se tenir en septembre prochain.