Sous la pression de l'Etat, les employés municipaux marseillais vont devoir travailler 40 heures de plus par an. Les négociations autour de cet héritage des années Defferre s'ouvrent demain. Des négociations qui s'annoncent tendues et sur fond de divisions syndicales.
L'héritage des années Defferre
Aujourd'hui, les 12.000 fonctionnaires marseillais travaillent officiellement 1.567 heures par an, quand le seuil légal se situe à 1.607 heures. A ce sujet le syndicat Force Ouvrière donne des précisions au sujet de ce bonus négocié en 1980 avec Gaston Defferre " c'est un droit acquis à l'époque où et qu'il n'y avait que quatre semaines de congés payés". En 2002 sous la présidence Jean-Claude Gaudin ce droit a été entérinée par une délibération du conseil municipal . cette "semaine d'hiver", ne peut être prise qu'entre octobre et avril, elle a survécu jusqu'en décembre dernier.
La mesure retoquée par la préfecture
Syndicat majoritaire, avec ses 56% aux élections de 2014, FO sera reçu en premier demain jeudi. Patrick Rué, secrétaire général FO territoriaux annonce la couleur :"Si ces cinq jours de congés sont supprimés d'un coup, ça fera des vagues. Ca va se négocier au niveau de l'organisation du temps de travail, service par service mais pas question que tous les employés municipaux fassent ces 40 heures de plus. L'article 2 du décret du 12 juillet 2001 permet de déroger au plancher légal en cas de travail de nuit, le dimanche, en horaires décalés, ou de travail pénible ou dangereux".
Donc selon Patrick Rué , les policiers municipaux, employés des crèches, des écoles, des piscines, des musées, des cimetières et des parcs et jardins, mais aussi fossoyeurs ou émondeurs, tous ces métiers, devraient échapper aux 1.607 heures.
De son côté Jean-Claude Gondard, directeur général des services de la ville reconnaît "ne pas avoir été surpris" par cette décision préfectorale mais assure que "la semaine d'hiver ne disparaîtra pas, pas plus que les jours du maire" (cinq jours de congés à poser à des dates fixées par la mairie).
Sous pression, la mairie de Marseille a deux mois pour rentrer dans les clous, ce qu'elle compte faire par une délibération au conseil municipal du 9 avril, sauf à être traînée devant le tribunal administratif par la préfecture. La pression vient aussi de la justice avec une perquisition récente dans les bureaux de la municipalité dans le cadre d'une enquête sur le Samu social, où les employés municipaux sont suspectés d'avoir gonflé leurs heures de travail.
Les autres syndicats montent au créneau
Craignant un dialogue social "bâclé" après "50 ans d'acoquinement" entre FO et la mairie Jean-Pierre Zanlucca, de la FSU, le deuxième syndicat à la mairie déclare : "Tout est fait dans la précipitation, à cause de cette enquête du parquet national financier".
Pour la CGT, Raymond Romano enfonce le clou : "Jusque-là, la ville ne discutait qu'avec FO, elle achetait la paix sociale dans le cadre d'une gestion clientéliste". Une CGT qui refuse aussi de lâcher sur ces 40 heures et rajoute : "Sur les 12.000 employés municipaux, ce ne sont pas plusieurs dizaines mais plusieurs milliers de fonctionnaires qui devraient pouvoir rester sous le seuil des 1.607 heures".