Des employés municipaux du Samu social de Marseille, accusés d'avoir gonflé leurs heures de travail, entendus dans une enquête pour détournements de fonds, ont nié l'existence de tout système frauduleux. Ils demandent à être reçus par le sénateur-maire LR Jean-Claude Gaudin.
Selon les révélations du Canard enchaîné, publiées le mercredi 24 mai, les gendarmes auraient découvert après six mois d'enquête que "sur 80 agents de terrain, 50 au moins gonflaient leurs heures de maraude sociale" dans ce service municipal. Le Canard qui rajoutait "depuis 2010, année où ces petits arrangements entre amis ont commencé, les détournements d'argent public atteindraient 5 millions d'euros"
Hier, lundi 29 mai, lors d'une conférence de presse les salariés se sont défendus. Le porte-parole du collectif des travailleurs Pierre Godard a déclaré : "En vertu d'un système mis en place avec la hiérarchie en 2010, chaque salarié devait travailler une semaine sur deux sur toute l'année, sans aucune exception, pas de petites maladies ou de congés...la mairie, dont dépend le Samu social, savait pertinemment quel était le rythme de travail. C'était de notoriété publique". Pierre Godard rajoute: "Cette organisation du temps de travail permettait aux travailleurs sociaux d'effectuer 10 à 12 jours de travail par mois en moyenne"
Pour Richard, 57 ans dont 12 passés au Samu social, ce rythme s'explique par "un boulot très particulier": "Le public qu'on prend en charge aujourd'hui n'est pas celui d'il y a 10 ou 15 ans", juge l'homme citant pêle-mêle parmi le public, les "sidéens, sans domicile fixe, le flot de réfugiés venus de pays en guerre, les Roms ou malades psychotiques".
Le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire pour "faux, usage de faux, recel et détournement de fonds public", liée à des soupçons sur un système de faux pointage permettant à certains employés de gonfler le total de leurs heures travaillées. "Il s'agissait de vérifier la réalité du service fait par les employés par rapport à leur poste et à leur rémunération", avait précisé le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux, confirmant les informations du Canard Enchaîné et du site local d'informations Marsactu. La ville de Marseille a décidé de déposer plainte et de constituer partie civile.
Depuis les révélations sur l'enquête, les salariés se plaignent d'une ambiance lourde au Samu social et des noms d'oiseaux ou insultes de voleurs dont on les affuble sur le terrain. Pour Yannick, 38 ans, "il est important que notre honneur soit rétabli. On n'a jamais volé personne".